« Si les soignants ne veulent pas se faire vacciner, qu’ils changent de métier. » C’est l’infectiologue Karine Lacombe, star des plateaux télés et grenobloise d’origine, qui a balancé ce jugement lapidaire le 14 septembre, la veille de l’entrée en vigueur de l’obligation vaccinale pour les soignantes et de la suspension de milliers d’entre elles. Une sortie représentative du discours médiatique dominant sur ces suspensions sans précédent dans l’histoire récente, les soignantes récalcitrantes se retrouvant sans salaire, ni même chômage ou RSA. Pas pour avoir tué ou blessé quelqu’un, juste pour avoir refusé de présenter un document médical à leur direction. Ce sujet a souvent été traité sans aucune empathie pour la situation des soignantes suspendues et sans aucun questionnement sur la pertinence de se priver des soignantes alors que les établissements de santé manquent déjà de personnel qualifié.
Le Postillon a recueilli le témoignage de dix soignantes iséroises opposées au passe, suspendues ou non, bossant dans différents établissements. Et propose un texte original, en mélangeant leurs paroles afin de former un chœur à partir de ces paroles poignantes (Cette idée est complètement pompée de l’excellent livre de Sophie Divry Cinq mains coupées (Seuil 2020), mélangeant les témoignages des cinq gilets jaunes ayant perdu une de leurs mains pendant des manifestations de l’hiver 2018- 2019.). Parce que c’est une seule et même histoire, celle de soignantes vivant une grande injustice. Toutes les phrases composant les lignes qui suivent ont donc été prononcées par des soignantes du coin, avant ou après le 15 septembre, jour de l’entrée en vigueur de l’obligation vaccinale.