Au début du XXIème siècle, il se raconte qu’un propriétaire grenoblois, le sieur Ferradou, possédait plus d’une centaine de biens immobiliers, tout en imposant à certains de ses locataires de vivre dans des passoires thermiques entraînant des factures astronomiques de chauffage.

Printemps 2025
- L’habit fait le patrimoine
Travail, Famille, Patrimoine- L’économie du partage des nuisances (pas des bénéfices)
- Location fait le larron
- Ferrari jaune
- Foncia dans le mur
- Les mystères des malaises de l’hôpital
- Suivez l’argent, il mène à Le Maire
- Zéro emploi net
- Sus au supercalculateurs
- Supermauvais en calcul
- GPT dans l’amphi
- Dis-leur comment c’était
- Les sorciers au bûcher
- Bayard de vivre
- Castor ou à raison
Articles de ce numéro
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L’habit fait le patrimoine
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Travail, Famille, PatrimoineOn n’est pas nés sous la même agence immobilière. Certains naissent avec un patrimoine doré dans la bouche : c’est le cas des descendants Collin-Dufresne (comprenant notamment l’actuelle patronne du Medef-Isère), dont les biens sont gérés par l’agence Socopro.
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L’économie du partage des nuisances (pas des bénéfices)
Grenoble n’est pas à la pointe partout. Contrairement à Paris ou à des destinations très touristiques, notre chère Cuvette n’est pas la plus touchée par le « problème Airbnb », la prolifération des locations courte durée entraînant pénurie de logements disponibles et augmentation des loyers. Néanmoins, ici aussi, Airbnb gagne du terrain à cause de la vénalité des multipropriétaires, ce qui entraîne, outre les problèmes cités plus haut, de fréquentes nuisances pour les voisins.
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Location fait le larron
Les multinationales de la location courte durée, comme Airbnb, Booking ou Abritel, surfent sur le mythe que cette soi-disant « économie du partage » permettrait avant tout à des personnes modestes d’arrondir leurs fins de mois quand ils partent en vacances. Ce qui était peut-être un peu vrai il y a une quinzaine d’années ne l’est plus du tout aujourd’hui. La location courte durée est devenue un eldorado pour des riches multi-propriétaires, bien plus rentable que de la location moyenne ou longue durée. Pour ne pas avoir à gérer la contrepartie de cet argent facile (réservation, accueil des voyageurs, ménage), ces nantis font maintenant appel à des « conciergeries », un business en plein développement. Le Postillon est allé rencontrer quelques concierges des temps modernes.
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Ferrari jaune
Christophe Ferrari n’aime pas qu’on lui désobéisse. La preuve avec l’histoire de la maison que le président de la Métropole loue en Airbnb à Valjouffrey.
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Foncia dans le mur
Panique chez les propriétaires grenoblois ! Après avoir racheté quantité d’agences immobilières de la ville, le groupe Foncia mène une gestion calamiteuse de quantité de copropriétés. Encore une histoire de gros sous et de remplacement des humains par des robots.
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Les mystères des malaises de l’hôpital
C’est un grand bâtiment où on réalise des millions d’analyses pour dépister et soigner les maladies. Mais, ironie du sort, c’est au sein du personnel même de ce bâtiment que surviennent depuis six ans des problèmes de santé dont on n’arrive pas à retracer l’origine. Alors que l’Institut de biologie et de pathologie (IBP), collé à l’hôpital de Grenoble, emploie 400 personnes, sa direction innovante s’est vantée d’avoir installé les machines les plus modernes et automatisées. Mais pendant six ans, elle n’a pas fait grand chose pour résoudre les centaines de cas de malaises inexpliqués (pouvant aboutir aux urgences) et a même tenté de les faire passer pour une « psychose collective ». Le détective du Postillon est parti sur les traces de ce mystère...
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Suivez l’argent, il mène à Le Maire
Pour savoir quels intérêts sert la Macronie, il suffit de voir où se recasent ses anciens ministres. Ainsi l’Isérois Olivier Véran est maintenant lobbyiste pour des sociétés privées œuvrant dans le domaine de la santé, quand l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner travaille pour Shein, un site de « fast-fashion » chinois. Bruno Le Maire, ministre de l’économie pendant sept ans, a choisi lui l’entreprise néerlandaise ASML. Ce nom ne vous dit sans doute rien, et pourtant : c’est le leader mondial des « équipementiers » pour la microélectronique. Cette boîte fournit notamment de coûteuses machines (plusieurs dizaines de millions d’euros) de photolithographie pour des entreprises comme STMicro et Soitec.
Incroyable coïncidence : c’est ce même Bruno Le Maire qui avait annoncé en 2023 le soutien de l’État à l’agrandissement du site de STMicro Crolles, moyennant 2,9 milliards d’euros d’argent public. Deux ans et demi plus tard, l’entreprise GlobalFoundries, avec qui devait s’associer STMicro, n’a jamais rien fait à Crolles et investit finalement aux États-Unis. Rien ne permet non plus d’assurer que les 1 000 emplois annoncés à Crolles seront créés un jour, STMicro venant même d’annoncer des licenciements à venir sur ses sites isérois (voir ici). Les centaines de millions d’euros d’argent public ont-ils seulement servi à acheter des machines à la société employant aujourd’hui Bruno Le Maire ? -
Zéro emploi net
Que se cache-t-il derrière l’annonce récente de licenciements à venir sur les sites français de STMicro ? De réelles difficultés économiques ou une triviale volonté de mieux satisfaire les actionnaires ?
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Sus au supercalculateurs
Cocorico ! Le « plus grand data center d’Europe », dédié à l’intelligence artificielle, va s’implanter dans la cuvette, à Eybens. 800 millions d’euros d’investissement pour « 20 emplois », soit le chiffre record de 40 millions d’euros par emploi. Et niveau record, ce site devrait atteindre, « d’ici 5/7 ans » une consommation électrique de 1 GW, soit l’équivalent de la production d’un réacteur de centrale nucléaire….
L’exemple de l’extension de STMicro le montre (voir pages précédentes) : dans le grand jeu de poker menteur de l’économie mondialisée, il faut se méfier des effets d’annonce. N’empêche que ce projet colossal, annoncé le 11 février, n’avait, dix jours plus tard, suscité aucune réaction des politiques du coin. Le Postillon vous explique pourquoi il faut de toute façon s’en réjouir. -
Supermauvais en calcul
« Intelligence artificielle : les plus grands supercalculateurs d’Europe vont être isérois ». Ce 12 février, Le Daubé exulte en annonçant la transformation de deux centres de données (ou data centers) à Grenoble (en fait c’est à Eybens) et Villefontaine en « installations dédiées à l’intelligence artificielle (IA) parmi les plus puissantes d’Europe ». Pour Le Daubé, c’est une excellente nouvelle car « une partie des 109 milliards d’investissement dans l’intelligence artificielle annoncés par Macron en ouverture du sommet pour l’action sur l’IA va terminer… en Isère ». Concrètement, ces projets sont portés par la société DataOne, associée à deux géants du secteur de l’intelligence artificielle : les américains d’AMD, les émiratis de G42 et le CEA-Grenoble. Partons à la découverte de ces différents acteurs et des principaux effets d’annonce de ce projet.
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GPT dans l’amphi
Voilà deux ans et demi que notre mathématicien tient sa chronique autour de l’intelligence artificielle et il n’avait toujours pas évoqué l’épouvantail de notre quotidien, ce logiciel d’apparence anodin qui emplit nos vies d’images flashy et si moches, de textes proprets mais dénués de toute inspiration, de ce truc inutile qui justifie à lui seul de construire des centres de données partout. Voici donc venu le temps d’évoquer ChatGPT et ses dégâts déjà nombreux sur l’enseignement.
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Dis-leur comment c’était
Voilà un livre inattendu envoyé en service presse à notre journal par la maison d’édition Nouveau monde. Écrit par un certain « 6 », titré tout simplement « Deal », ses 273 pages sont découpées en courts chapitres nerveux et instructifs sur ce qu’il se passe dans la tête d’un jeune devenu dealer à Grenoble dans les années 1990. Malgré la quantité des différents produits injectés, le récit frappe par sa lucidité, disséquant l’engrenage dans lequel l’auteur s’engage, tiraillé entre la gloriole de l’interdit et la conscience de sa déchéance. Pendant longtemps, il ne parvient pas à se dépêtrer de tous les rapports humains plus ou moins détestables que crée le deal à cette époque. On a prolongé la lecture par une petite discussion avec « 6 ».
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Les sorciers au bûcher
À Grenoble aussi, l’accusation de sorcellerie fut souvent utilisée pour excommunier des personnes un peu originales. Ainsi de l’histoire de Francesco de Nobilibus, un prêtre franciscain italien condamné à mort en 1606 pour « crime et excès de magie et sortilèges ». Mais apparemment, cela n’a pas suffi ! Car 509 ans après sa mort, Le Postillon vient de recevoir une de ses lettres écrites d’outre-tombe. Où il donne sa version de cette histoire, en plus de décrire le Grenoble du début XVIIème siècle.
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Bayard de vivre
C’est le seul bar de Grenoble où il y a tout le temps des musiciens en train de jouer. « Mais c’est surtout pas un concept » se défend le patron du Bayard. On s’en doutait, mais Berny n’est pas du genre concept, il a passé l’âge de s’emmerder avec ces préoccupations de néo-managers. À 68 ans, ce qui fait vibrer Berny, c’est avant tout le partage de la musique – et puis aussi ses progrès en guitare. Alors qu’il s’apprête à partir de ce comptoir, petit retour sur l’histoire de Berny et de ce bar atypique du centre-ville.
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Castor ou à raison
En Occitanie et en Catalogne, les « dracs » sont des « créatures imaginaires de formes variables, dont la plupart sont considérées comme des dragons représentant le diable, liés à l’eau et à ses dangers ». Dans la Cuvette, le Drac est juste une rivière un peu pénible à traverser. Mais que sait-on du Drac ? Pour le cinquième épisode de ce feuilleton (quatre ans et demi après le quatrième…), on part sur les traces de l’animal à la mode du moment : le castor.