À Grenoble depuis quelques mois, une nouvelle pratique étrange a vu le jour dans les rues de la ville, dans les médias locaux et sur vos réseaux sociaux préférés : une vaste chasse à l’homme (français de préférence, les étrangers sont - pour une fois - épargnés) en âge de voter et résidant dans la capitale des Alpes.
Tremble, électeur ! Car ton opinion est sondée, ta boîte aux lettres inondée de tracts, ta voix mise à prix : voici venue l’heure du grand Safari.
Cette traque sans pitié, organisée par le Parti socialiste et ses alliés ne répond qu’à un objectif : obtenir, de gré et parfois de force, la moindre voix pour la ramener en trophée à Jérôme Safar, successeur désigné par Michel Destot pour accéder au trône municipal.
Printemps 2014
- La chasse est ouverte !
- Comment j’aurais pu être sur la liste du FN
- À quelle sauce sera mangée la banlieue rouge ?
- L’ubiquité sans ambiguïté
- Les retombées de la poubelle radioactive
- Non coupée et très addictive
- « On est parfois obligé de mentir pour interpeller les gens »
- Caravane palace
- De Longevialle : l’alternative, le stade des alpes
- À quand des classements intelligents ?
- Un rapport « médiateur de la complexité »
- Un manager ne fait pas le printemps
- Le blog augmenté sur papier de Geneviève F.
- Quitte-nous ! Abandonne-nous !
- Sondage exclusif Le Postillon : l’abstention largement en tête à Grenoble
- Les patrons, véritables leaders de la métropole
Articles de ce numéro
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La chasse est ouverte !
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Comment j’aurais pu être sur la liste du FN
Lettre à Alexis Jolly, candidat du Front national à Échirolles.
Salut Alexis,
On s’est vu quelques fois, on a échangé quelques mails, et pris l’habitude de se tutoyer. On se connaît à peine, et pourtant je t’écris une lettre, à l’ancienne. À l’époque de Twitter, Facebook et compagnie, je ne sais pas si un jeune homme comme toi, de vingt-trois ans, reçoit beaucoup de lettres. Mais j’espère que tu prendras le temps de la lire. Alexis, j’ai une grande nouvelle à t’annoncer. Je t’ai menti. Voire même : je me suis bien foutu de ta gueule. Rien de bien méchant, c’était pour la bonne cause. Laisse-moi t’expliquer. -
À quelle sauce sera mangée la banlieue rouge ?
À Fontaine, l’une des communes de la « ceinture rouge » grenobloise, le maire sortant Yannick Boulard (PCF) ne se représente pas, après trente ans à la tête de la ville. Sept listes s’affrontent pour sa succession. Le Postillon a fait appel à son meilleur élément qui n’est ni journaliste, ni sociologue mais simplement Fontainois. Au moins, lui sait de quoi il parle.
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L’ubiquité sans ambiguïté
Tout beau, tout vert. Le « Grenoble du futur » qui se construit se veut résolument moderne, loin du nucléaire et des vieilleries du passé. Durable. On sait que ce mot creux et consensuel est utilisé à toutes les sauces, et parfois de façon très stupide. La nouvelle fierté des élus locaux est de qualifier Grenoble de « ville durable », soit littéralement « ville qui dure ». Derrière cette grande ambition - quelle ville ne veut pas durer ? - un nouveau modèle urbanistique se dessine, pas si loin du meilleur des mondes. Ce second épisode part à l’abordage de la « ville intelligente », de son « paradigme ubiquitaire » et de ses milliards de capteurs.
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Les retombées de la poubelle radioactive
Dans le précédent numéro nous révélions l’existence d’une poubelle radioactive dans une grotte sur les pentes de la Bastille ainsi que de la contamination devant et à l’intérieur de l’ancien Institut de géologie de Dolomieu laissé à l’abandon. Depuis, Anthony, un ancien employé qui est intervenu là-bas a tenu une conférence de presse. Les médias (l’AFP, Le Daubé, France 3 Alpes, Place Gre’net et Metronews notamment) ont relayé cette information, l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) s’est rendue à Grenoble, l’Université Joseph Fourier, propriétaire de Dolomieu, a réagi. Des hommes en tenue de pingouins ont été vus là-bas, on a même reçu un recommandé et rencontré de nouveaux informateurs. Résumé des faits.
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Non coupée et très addictive
Le fameux adage « Neige en décembre, touristes plein les chambres » n’a plus lieu d’être dans la gestion capitaliste de nos montagnes. Utilisée comme appoint dans les années 1980, la neige artificielle est aujourd’hui absolument nécessaire, comme en témoignent les rubans blancs environnés de verdure qui tiennent lieu de pistes quand il fait un peu trop doux. Toutes les stations s’équipent d’enneigeurs, des plus basses aux plus élevées, voire jusqu’à des altitudes délirantes, et même sur des glaciers pour y assurer le ski d’été ! Les championnats du monde de ski n’ont plus lieu que sur de la neige artificielle, pour que l’état de la piste soit toujours le même. Éliminer l’aléa de l’enneigement permet aux gestionnaires de station de prévoir une saison fixe, et longue, du 1er décembre à la mi-avril (voire à la fin avril) et donc de rentabiliser des équipements toujours plus dispendieux.
Selon Carmen de Jong, entre 2005 et 2011, la surface d’enneigement artificiel a été multipliée par deux dans les Alpes. Alors que certains rêvent encore d’une candidature de Grenoble aux jeux olympiques, partons à la découverte de cet ersatz de nature fabriqué par les machines. -
« On est parfois obligé de mentir pour interpeller les gens »
L’un de nos reporters cherche, comme vous l’aviez compris si vous avez été attentif aux précédents numéros, un métier proche de ses attentes. Il a lu quelque part que le boulot d’agent de sécurité demandait à être « calme et patient, réfléchi et autonome, psychologue, responsable, sociable, en bonne condition physique, mobile et bon en expression écrite », des qualités correspondant trait pour trait à sa personnalité.
Profitant d’un samedi après-midi pour s’adonner à son passe-temps favori, le shopping à Grand-Place, il a saisi l’occasion, à la sortie d’un de ses magasins préféré, pour aborder le vigile posté là et lui demander ce qu’il en pensait. -
Caravane palace
« Où dormir ? Camping des Trois Pucelles. Seyssins. (…) Ouvert toute l’année. Compter 12,5 euros pour deux avec une tente. Un deux étoiles de bon confort. Situé à un petit quart d’heure de Grenoble. » Source : le guide du Routard « Alpes », 2007/2008. Situé dans une zone pavillonnaire entre le Drac et la ligne C du tram, l’unique camping de la cuvette grenobloise a ouvert en 1968.
En hiver, rares sont les touristes qui s’y attardent. Vivent ici, à l’année, une famille, des célibataires, des solitaires, des chats, des vieux, des chiens, des jeunes, des travailleurs, des chômeurs et des retraités. On nous glisse : « faut pas trop faire de la pub du camping hein ? Nous on veut rester tranquille ici . » -
De Longevialle : l’alternative, le stade des alpes
Cette campagne municipale grenobloise a été rythmée par une épreuve qui aurait toute sa place aux Jeux olympiques : les concours de langue de bois. Le principe : une structure invite les candidats à venir débattre autour de sa marotte.
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À quand des classements intelligents ?
À chaque jour son nouveau classement foireux. Un jour on apprend que Destot est classé « cinquième maire de France » par le magazine L’Express, suite à la décision obscure d’un jury composé de personnalités comprenant notamment des maires PS. Trois semaines plus tard, il pointe cette fois à la 34509ème place (sur 36 000) selon un classement non moins contestable du site linternaute.com.
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Un rapport « médiateur de la complexité »
Qu’il est beau mon projet ! Chaque campagne municipale rejoue le sketch du moi-mon-projet-il-est-mieux, alors que tous les candidats se rejoignent dans le manque de créativité. Dans cette guerre de communication, Jérôme Safar a frappé très fort.
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Un manager ne fait pas le printemps
Le Daubé (20/02/2014) annonce, sur pas moins d’une double-page, que « nous vivons le second hiver le plus doux depuis 1968 » en interrogeant quelques professionnels afin de connaître les incidences sur les stations, les agriculteurs, les oiseaux, le BTP.
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Le blog augmenté sur papier de Geneviève F.
5 février : Interrogée par Les Échos, je m’emballe : « Si on veut avoir davantage d’étudiants, si on veut avoir une vraie équipe France, c’est la culture qu’il faut changer et il faut commencer très tôt (…). Il faut enseigner la culture de l’entrepreneuriat dès la maternelle ». C’est d’ailleurs bien dommage qu’on n’ait pas mis en place cette révolution dans l’enseignement à l’occasion de la réforme des rythmes scolaires.
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Quitte-nous ! Abandonne-nous !
Histoire de faire durer le supplice jusqu’au bout, l’encore maire Destot s’est cru obligé de faire un grand discours pour son dernier conseil municipal. La totalité de ce laïus mériterait d’être démonté, mais nous nous contenterons de commenter les trois dernières phrases du cumulard chevrotant : « Je vis les dernières semaines de mon mandat. Jusqu’au bout, avec passion. Et émotion ».
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Sondage exclusif Le Postillon : l’abstention largement en tête à Grenoble
Le Postillon a commandé au fameux Institut Doigt-mouillé un sondage exclusif pour le premier tour des élections municipales à Grenoble. Réalisé sur un échantillon représentatif de personnes habitant Grenoble, selon la méthode des quotas, ce sondage nous permet de dessiner les grandes lignes des résultats à un peu moins de deux semaines du premier tour des élections.
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Les patrons, véritables leaders de la métropole
Les élus et les patrons main dans la main. Une conférence de presse commune, une entente parfaite, aucune contrepartie. Non, on ne vous parle pas de la situation nationale, mais de ce qui se passe à Grenoble.