Accueil > Printemps 2014 / N°25
Quitte-nous ! Abandonne-nous !
Histoire de faire durer le supplice jusqu’au bout, l’encore maire Destot s’est cru obligé de faire un grand discours pour son dernier conseil municipal. La totalité de ce laïus mériterait d’être démonté, mais nous nous contenterons de commenter les trois dernières phrases du cumulard chevrotant : « Je vis les dernières semaines de mon mandat. Jusqu’au bout, avec passion. Et émotion ». En fait, les dernières semaines de son mandat, il les a passées à se chercher un poste haut-placé, en voyageant un peu partout à l’étranger : entre début février et début mars, il est allé en Italie, en Algérie, en Colombie, au Mali et au Burkina-Faso. Au lieu de profiter de la fin de sa mandature « avec passion et émotion », celui qui sera toujours député en avril s’active pour décrocher - à défaut d’un poste de ministre - « une mission nationale, européenne ou internationale » (Le Daubé, 11/02/2014), selon ses propres mots. La carrière avant tout. Toujours plus drôle, SuperDestot s’est ensuite emballé : « Il s’est passé quelque chose avec Grenoble et les Grenoblois. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de personnes que je rencontre et qui me disent : ‘‘Ne nous quittez pas !’’ ‘‘ne nous abandonnez pas !’’ » Que la personne qui a vu un Grenoblois, non encarté au PS, interpeller Destot pour lui supplier de ne pas l’« abandonner » contacte d’urgence la rédaction du Postillon : nous sommes très curieux des phénomènes paranormaux. Et pour conclure, l’ancien ingénieur du CEA a illustré le fameux dicton « la culture, c’est comme la confiture : moins on en a, plus on l’étale » en pérorant : « Je prends alors sur moi pour répondre sans laisser percer trop d’émotion tout en pensant à cette phrase d’Albert Camus dans La Peste : ‘‘Rien au monde ne vaut qu’on se détourne de ce qu’on aime’’. » Et comme Destot aime le pouvoir, il fera tout pour ne pas s’en détourner.