Il paraît qu’Éric Piolle cherche à faire des économies. Résolument constructif, Le Postillon a décidé de lui donner des idées : pour ce numéro, nous lui proposons d’économiser les 200 000 euros que la mairie de Grenoble donne au bien nommé Le Magasin, le Centre national d’art contemporain. J’avoue être un peu embêté : j’ai plusieurs amis œuvrant dans l’art contemporain. Je ne voudrais pas qu’ils prennent cet article pour une charge bête et méchante contre leur passion. C’est vrai, j’ai depuis longtemps plein de préjugés idiots sur l’art contemporain, du genre « oui ben ça un enfant de huit ans pourrait le faire », ou « art comptant pour rien, ahahah ». Mais ce que j’ai découvert en m’intéressant au Magasin va bien au-delà de mes préjugés : il s’avère que ce milieu est pourri jusqu’à la moelle. Bien loin d’une vision romantique de l’art, le Magasin est une des places fortes du marché de l’art, forcément en proie à des enjeux de pouvoir et de gros sous. La grève récente des salariés puis le licenciement du directeur montrent que depuis vingt ans, les problèmes de gestion du personnel dénoncés ne sont pas traités. Si le présent est pourri, ni le passé (une précédente directrice a détourné plus de deux millions de francs), ni l’avenir (le trésorier actuel fait aussi du business dans l’art), ne permettent d’affirmer qu’une telle structure ait un intérêt public qui justifierait les 1,2 millions euros d’argent public qu’elle reçoit. C’est bien loin de ce genre de lieu que l’art pourra être désirable et utile, c’est-à-dire questionner et critiquer la marche du monde.
Février / Mars 2016
- Le numéro 34 est en kiosque !
- Le Magasin doit-il fermer boutique ?
- La ferraille, « c’est plus ça qu’c’était »
- Comment les banquiers de la poste « s’éclatent »
- Les éducs sont-ils caducs ?
- Les cathos veulent-ils fermer Minatec ?
- « Les Affiches », dernier rempart contre la dictature
- Safar intérim
- Grenoble cinoche
- Petites annonces
- La palme du fayot...
- Tous au ciné et dans les kiosques !
- Le Linky sera-t-il le genre humain ?
- Le Front national : le parti des riches qui attire les pauvres
- 15 000 euros par mois
- À la recherche de Z
- Comment « virer son patron » ?
- La chasse à la fondue
- Même les nantis socialistes s’imposent l’austérité !
- Grenoble, une ville (de demain) pas pour tous
- Non au Métrocâble !
- Seul compte l’emploi (des mots)
Articles de ce numéro
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Le numéro 34 est en kiosque !
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La ferraille, « c’est plus ça qu’c’était »
Les ferrailleurs... Dans l’imaginaire collectif, ils intriguent et inquiètent à la fois. Les images se bousculent : on pense à Mad Max, au film de Claude Sautet Max et les Ferrailleurs, aux gitans de Montreuil... Un milieu interlope, qui sent le cuivre cramé et le système D. Mais ces clichés correspondent-ils à la réalité ? Qui sont ces gens ? Que font-ils pour vivre ? Ayant quelques amis et connaissances qui arrondissent leurs fins de mois grâce à la ferraille, l’idée d’une enquête sur le sujet nous trottait en tête depuis un moment. Et comme partout ailleurs en France, l’agglomération grenobloise ne manque pas de ferrailleurs amateurs et professionnels. On a donc tenté de percer, en leur compagnie, les secrets de cette activité si mystérieuse, à la frontière entre légalité et illégalité. Un reportage semé d’embûches, où nous avons dû affronter rendez-vous manqués et « lapins » posés par nos interlocuteurs. Dans ces lignes, il sera question de nostalgie d’un âge d’or révolu, de combines et de récup’, de déchetteries et de bâtiments désaffectés, de cours des métaux et de batteries de camion.
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Comment les banquiers de la poste « s’éclatent »
Des mauvaises langues assurent qu’Alpexpo ne sert à rien, à part à engloutir des millions d’euros d’argent public. Pas du tout. Ce centre de congrès accueille aussi des événements œuvrant à la paix dans le monde et à l’harmonie entre les peuples. Par exemple, l’autre jour, un des petits malins du Postillon est parvenu à s’intégrer dans un séminaire de la Banque Postale. Il a ainsi pu écouter pendant plusieurs heures des encravatés expliquer comment « se gaver » en aiguillant leurs clients vers des systèmes d’endettement continu. C’était tellement bien qu’il nous raconte.
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Les éducs sont-ils caducs ?
Cela fait dix ans qu’ils arpentaient le macadam dans tout Saint-Bruno, à la rencontre des jeunes de ce quartier de Grenoble. Le 31 mars, les deux éducateurs de rue du Codase (Comité dauphinois d’action sociale) devront pourtant abandonner leurs missions, priés de quitter le secteur par le Département. La nouvelle majorité du Conseil départemental a en effet décidé de diminuer le budget des associations de prévention spécialisée et de se concentrer uniquement sur les quartiers prioritaires. Un choix qui laisse sur le carreau la jeunesse de Saint-Bruno, apparemment pas assez turbulente. Mais que font donc les éducateurs spécialisés ? On est allé questionner tous les intéressés.
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Les cathos veulent-ils fermer Minatec ?
J’en avais marre de m’intéresser aux dévots des nouvelles technologies, à ceux qui pensent que le salut ne viendra que de l’innovation, qui considèrent qu’il y a une vie numérique après la mort sociale. Alors je suis parti à la rencontre d’autres croyants, plus classiques, pour leur demander ce qu’ils pensaient de l’avènement du Dieu Innovation.
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« Les Affiches », dernier rempart contre la dictature
Événement littéraire de l’automne : le patron du journal concurrent Les Affiches vient de sortir un bouquin. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est le genre de canard vivant grâce aux annonces légales, dont la lecture nécessite une forte attention pour distinguer les articles des publicités. Mais dans le bouquin, on apprend, entre autres choses extraordinaires, que si Les Affiches venaient à disparaître, cela entraînerait une « véritable dictature ». En attendant, profitons-en pour rigoler un peu.
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Safar intérim
Jérôme Safar vient de perdre deux élections en un an et demi. Une fois en tant que candidat, une autre fois en tant que directeur de campagne. Au Postillon, on aime bien les perdants, comme le prouve le nombre de chômeurs, de fonctionnaires ou de bibliothécaires au comité de relecture. Nous allons aider Jérôme à retrouver un poste qui puisse satisfaire tout le monde et rétablir l’équilibre cosmique.
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Grenoble cinoche
« Le cinéma c’est la vérité 24 fois par seconde », nous a dit Jean-Luc Godard, et cela se vérifie aussi dans la cuvette.
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Petites annonces
Le Postillon s’apprête à aménager un nouveau local. On recherche donc du bois (poutres et planches pour mezzanine et étagères), une table, des chaises pliantes, un bureau, une plaque de gaz, du matériel électrique (câbles, goulottes, disjoncteurs), une imprimante A3, un scanner, un évier en fer, des 8.6, une armoire à cuillères et une tourniquette pour faire la vinaigrette. Si vous avez des plans récups/pas cher, merci de nous contacter au 04.76.21.46.45, lepostillon@gresille.org.
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La palme du fayot...
...revient incontestablement à Félix , qui nous a envoyé cette « demande d’abonnement argumentée ». Le concours de flagornerie est ouvert avec un niveau d’emblée très élevé.
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Tous au ciné et dans les kiosques !
Une fois n’est pas coutume, Le Postillon se permet une petite page de publicité. On sait que toutes les meilleures choses du monde sont produites à Grenoble (applaudissements) ; il arrive cependant que d’heureuses surprises nous viennent d’autres régions.
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Le Linky sera-t-il le genre humain ?
Le Linky, c’est un petit objet. Mais à travers ces nouveaux compteurs électriques en train d’être déployés sur la cuvette grenobloise, on peut observer les errements de la gauche et la filouterie du Front National. Le Postillon a déjà évoqué plusieurs fois ce gadget, le business qu’il génère, les capacités de flicages qu’il induit et les emplois qu’il détruit (voir les n°10 et 29). Depuis plusieurs années, des collectifs - Stop Compteur Linky 38 ou le collectif Antennes Villeneuve - mènent une campagne active contre ces compteurs intelligents, et ont notamment collé des centaines d’affiches. Cette campagne a suscité une seule prise de position politique, celle de Mireille d’Ornano, conseillère municipale à Grenoble.
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Le Front national : le parti des riches qui attire les pauvres
La politique est pleine de paradoxes : le Front national remporte de plus en plus de voix dans les catégories les plus modestes de la population française. Ainsi il réalise souvent ses scores les plus élevés dans les communes les plus pauvres. Est-ce parce que les élus frontistes représentent sociologiquement les « petites gens » ? Pas sûr.
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15 000 euros par mois
Voici une information trouvée sur la « Grevue de presse », réalisée par le site internet d’Ici Grenoble : « Pour celles et ceux qui se demandent de quelle classe sociale faisait partie Eric Piolle avant son élection à la mairie de Grenoble, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique apporte quelques éléments de réponse. Depuis le 17 décembre, il est en effet possible de consulter en ligne les déclarations d’intérêts et d’activités des maires des communes de plus de 20 000 habitants. Sur la fiche d’Éric Piolle on découvre de nombreuses informations, dont le fait qu’il touchait à Hewlett-Packard un salaire de 144 000 euros en 2009, 184 000 euros en 2010, ou encore 111 000 euros en 2011 ».
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À la recherche de Z
Après la sortie du dernier Postillon, on a fait des affiches, comme d’habitude. Et puis on les a collées un peu partout, comme d’habitude. Et là, patatras : au moins une vingtaine d’entre elles ont été rendues illisibles, recouvertes par un grand Z écrit à la bombe de peinture, accompagné quelquefois d’un K.
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Comment « virer son patron » ?
Dans notre dernier numéro (article « Dernières nouvelles de la paix sociale »), on parlait d’un chauffeur de car, Julien, qui voulait créer une jurisprudence afin de « virer son patron ». Embauché par Faure Vercors, mais ulcéré et fatigué par ses conditions de travail, il avait démissionné puis débuté une démarche aux prud’hommes. Depuis, le procès a eu lieu, et a donné raison à Julien sur quasiment toute la ligne.
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La chasse à la fondue
Montagnes Magazine organisait une table ronde mercredi 3 février à la Maison du tourisme, après les deux accidents de chasse mortels de l’automne (en Belledonne et en Savoie). Présentes : Mountain Wilderness, l’Office national des forêts, la Fédération des Clubs alpins et de montagne, Action nature rewilding France… ainsi qu’un public assez nombreux de montagnards, écologistes, et même un élu de la Ville de Grenoble, pour « dépasser le débat anti-chasse/pro-chasse afin de dégager des pistes pour améliorer la cohabitation sur le terrain entre chasseurs et non chasseurs. »
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Même les nantis socialistes s’imposent l’austérité !
Il paraît que la socialiste Amélie Girerd n’a pas aimé notre article du n°31 où l’on soulignait qu’elle cumulait « pas moins de quatre fonctions importantes : conseillère départementale, maire de Renage, conseillère communautaire de la communauté de communes de Bièvre-est, et chef adjointe de cabinet du sous-ministre André Vallini », palpant ainsi au moins 10 500 euros brut.
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Grenoble, une ville (de demain) pas pour tous
Et encore une belle opération de communication ! La mairie de Grenoble vient de lancer « Grenoble ville de demain ». Rien de moins qu’une « plate-forme de partage et d’anticipation de la Ville de Grenoble pour rassembler, autour des chantiers du XXIème siècle, tous les talents qui mettent la ville en mouvement ». Ça fait rêver, non ? En tout cas ça a l’air de faire rêver certaines personnes présentes à la soirée de lancement au musée de Grenoble qui, bizarrement, se ressemblent toutes.
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Non au Métrocâble !
Le président de la Métropole, Christophe Ferrari, s’épanche dans Le Daubé, 14/01/2016 : « Personne ne s’oppose à ce projet Métrocâble et dit qu’il ne faut pas le faire, personne ne conteste le tracé ». Cette affirmation péremptoire à propos de ce « téléphérique urbain » censé relier Fontaine à Saint-Martin-le-Vinoux est largement critiquable.
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Seul compte l’emploi (des mots)
Pour se redonner le moral en ces temps de chômage de masse, tout est une question de formulation. Ainsi Le Daubé (13/01/2016) est tout content d’annoncer à ses lecteurs : « EDF va s’implanter au parc d’Oxford [à Saint-Martin-le-Vinoux] : à la clé, 1900 emplois. (…) Yannick Ollivier [le maire] réussit là un coup de maître ». Youpi !