Accueil > Février / Mars 2016 / N°34
Grenoble, une ville (de demain) pas pour tous
Et encore une belle opération de communication ! La mairie de Grenoble vient de lancer « Grenoble ville de demain ». Rien de moins qu’une « plate-forme de partage et d’anticipation de la Ville de Grenoble pour rassembler, autour des chantiers du XXIème siècle, tous les talents qui mettent la ville en mouvement ». Ça fait rêver, non ? En tout cas ça a l’air de faire rêver certaines personnes présentes à la soirée de lancement au musée de Grenoble qui, bizarrement, se ressemblent toutes. Étudiants ou professeurs de Grenoble école de Management ou de l’Institut de Géographie Alpine, salariés du CCSTI (centre de culture scientifique, technique et industrielle), entrepreneurs de Cowork In Gre (voir Le Postillon n°30), universitaires, élus et personnels municipaux : c’est ce qu’on appelle la « classe créative ». Parmi les intervenants, on peut remarquer la présence de Raphael Besson, ancien salarié du CCSTI et directeur de Villes innovation, « une agence spécialisée sur les thématiques des villes innovantes et créatives (Systèmes Urbains Cognitifs, Quartiers créatifs, Smart Cities) et des Tiers Lieux (Living Labs, Fab Labs, co-working spaces) ». Cette agence est assez représentative de ce qu’on peut attendre de cette plate-forme : un plaidoyer en faveur de tout ce qui est « innovant », « smart », « connecté » et qui surtout ne dérange ni le capitalisme ni la fuite en avant technologique. D’ailleurs la ville a adhéré à cette occasion à Vivapolis, une « marque déposée », « dont la vocation est de fédérer les acteurs français du développement urbain et de les promouvoir à l’international ». Parmi les partenaires de cette structure, on trouve notamment le Medef international. La « ville de demain » grenobloise sera-t-elle compatible avec le démantèlement des acquis sociaux voulus par la bande à Pierre Gattaz ? Ce qui est sûr, c’est que ce genre d’opération ne parviendra certainement pas à intéresser grand monde à part cette classe de privilégiés. Il y a bientôt deux ans, juste après l’élection de Piolle, un de ceux qui avaient milité pour lui constatait : « Au final on a eu une élection de bobos, surtout centrée sur les ‘‘technos’’, alors qu’à la base on devait aller chercher les abstentionnistes. On n’a pas su parler à ces gens-là, parce qu’on est à côté de la plaque sur la réalité de leur vie. L’objectif de la municipalité durant ces six années de mandat ça devrait être d’aller chercher les gens dans la mouise, de les convaincre qu’ils sont des citoyens comme les autres pour qu’ils participent vraiment à la vie de la cité. Vu comment s’est passée la campagne, c’est plutôt mal parti. » (Le Postillon n°26). Malheureusement, c’est toujours aussi vrai.