Dans notre dernier numéro (article « Dernières nouvelles de la paix sociale »), on parlait d’un chauffeur de car, Julien, qui voulait créer une jurisprudence afin de « virer son patron ». Embauché par Faure Vercors, mais ulcéré et fatigué par ses conditions de travail, il avait démissionné puis débuté une démarche aux prud’hommes. Depuis, le procès a eu lieu, et a donné raison à Julien sur quasiment toute la ligne. Sa démission a été transformée en licenciement au « tort exclusif de l’employeur ». Le point le plus important pour lui était le délai de prévenance, car dans la plupart des boîtes les chauffeurs de bus ne connaissent jamais avant la veille leurs horaires de travail. « Des fois à 21h, je ne savais pas encore si j’allais bosser à 5h le lendemain alors que 80 % des trajets assurés par Faure Vercors sont réguliers, assure Julien. Ça fait que c’est impossible de s’organiser entre collègues, ça tue tout esprit revendicatif, c’est une sorte d’humiliation pour te maintenir à terre. » Le tribunal a reconnu que la loi oblige à un délai de sept jours de prévenance avec exceptionnellement un délai de 24 heures qui doit être assorti d’une prime compensatoire, ce qui n’est pas du tout le cas chez Faure Vercors. L’entreprise employant plus de 100 personnes a forcément fait appel de ce jugement, espérant casser cette jurisprudence. Pour Julien, « ils vont tirer au maximum, sûrement jusqu’en Cassation. En attendant je peux pas avoir le chômage et je passe mon temps dans les paperasses juridiques ». Content de ce premier round, il s’est néanmoins empressé de diffuser le jugement à ses anciens collègues, et espère que ça donnera des idées.
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