Accueil > Decembre 2021 - Janvier 2022 / N°63
Les bibliothécaires grenobloises toujours en lutte contre le contrôle du passe sanitaire
Pierre Mériaux, l’inspecteur la raideur
Pour beaucoup, le parcours de Pierre Mériaux est incompréhensible. En tant que simple inspecteur du travail, il est souvent respecté des syndicalistes et des salariés en lutte. Depuis qu’il est aussi élu écologiste, et d’autant plus en tant qu’adjoint au personnel depuis 2020, il est haï par nombre de syndicalistes et d’employés municipaux, qui font souvent face à son intransigeance et son « agressivité ». Les bibliothécaires grenobloises, toujours en lutte contre le contrôle du passe sanitaire, mettent l’impasse actuelle de leur mobilisation sur le compte de sa rigidité. À travers le récit de ce combat, Le Postillon tente d’éclaircir le « mystère » Mériaux.
Arthur [1], syndicaliste à Solidaires de longue date, se remémore : « Avant qu’il soit élu, c’était agréable d’aller en délégation face à un patron avec Mériaux, il avait un discours et un argumentaire très construit. » Depuis l’arrivée de Piolle à la mairie, alors qu’il était dans le premier mandat adjoint au tourisme et à la montagne, il a toujours fait partie « des représentants de la mairie à chaque conflit social. Et à chaque fois, il s’est servi de sa très bonne connaissance du droit du travail pour refuser la moindre avancée ou concession aux salariés. J’ai eu à négocier avec lui, mais en réalité il n’y avait pas de place pour la négociation. Je ne le reconnaissais plus, c’est comme s’il avait changé de camp et ne défendait que le seul point de vue des patrons, sans se soucier des salariés. C’est une autre personne. »
Les bibliothécaires mobilisées depuis août contre le contrôle du passe sanitaire ont sensiblement le même discours. L’une d’entre elles, qu’on appellera Annabelle, assure : « La précédente adjointe au personnel Maud Tavel appliquait la même politique, mais en réunion elle essayait d’arrondir les angles. Mériaux, lui, est très cassant, méprisant. Il n’y a aucune prise en compte de l’expertise des salariés, que des injonctions autoritaires. Il connaît le Code du travail et le monde syndical sur le bout des doigts, et en profite pour ne jamais rien concéder aux employés en lutte. » En plus d’être inspecteur du travail, l’adjoint au personnel de la ville de Grenoble est également syndicaliste à la FSU (Fédération syndicale unitaire), non représentée à la mairie de Grenoble. Intervenant régulièrement dans des débats nationaux grâce à son mandat de représentant du – attention acronymes – SNU TEFE à la FSU (soit Syndicat national unitaire travail emploi formation économie de la Fédération syndicale unitaire – en résumé c’est un syndicat du ministère du Travail), sa petite aura nationale ne lui donne aucun crédit auprès des syndicalistes locaux.
Les exemples de mépris abondent, notamment dans le récit de la dizaine de réunions organisées entre la mairie, les organisations syndicales et les employées depuis août dernier : « Souvent, il a détourné le problème en invectivant les syndicalistes afin de nous faire péter un plomb et de créer des échanges violents, assure Annabelle. Beaucoup de collègues ont été très choquées par l’attitude de Mériaux. Certaines se sont effondrées en larmes en sortant. Il n’y a jamais eu d’empathie et beaucoup d’agressivité. »
Diable ! Parle-t-on du même personnage que Mériaux Pierre, qui vient d’être invité aux rencontres des lanceurs d’alerte de novembre 2021 à Paris ? De celui décrit par un de ses anciens collègues inspecteurs du travail, Jacques, également militant syndical à Solidaires : « C’est un très bon militant syndical et un excellent professionnel. Quand il va au combat, il n’y a pas intérêt à se trouver en face de lui. Il a une capacité de travail extraordinaire, il est très rapide. Il rédige un tract en une demi-heure là où les autres le font en une demi-journée. C’est quelqu’un de fondamentalement honnête, un personnage absolument remarquable qui, c’est vrai, peut être fort agressif. »
Après le Gainsbourg et le Gainsbarre, le Renaud et le Renard, y aurait-il le Mériaux et le Mériard, deux comportements opposés pour un même personnage public ? Pour le principal intéressé, qui a accepté de répondre à nos questions après nous avoir qualifié il y a quelques années de « média d’extrême-droite » [2], le Mériaux inspecteur du travail et le Mériaux employeur sont exactement les « mêmes » : « Je ne suis pas totalement schizophrène et je défends toujours les mêmes valeurs ! Ça peut paraître un compliment de dire “quand il est inspecteur du travail, il est sympa avec les syndicalistes” mais je trouve que cette façon de caractériser mon activité professionnelle n’est pas correcte. Une des valeurs professionnelles pour les inspecteurs du travail, c’est l’impartialité. On doit faire appliquer le Code du travail, qui théoriquement vise à rééquilibrer la relation de travail entre un employeur tout puissant et les salariés qui le sont beaucoup moins. Quand on est impartial dans ce boulot, en appliquant les dispositions du Code du travail, ça donne effectivement l’impression au patronat d’être des agents partiaux, amis des syndicalistes, etc. Mais moi ce que je revendique c’est l’impartialité, ça ne m’empêche pas d’être par ailleurs syndicaliste, parce que je considère que tout salarié, tout agent, a intérêt d’être syndiqué. En tant qu’adjoint au personnel, j’essaie aussi d’appliquer le Code du travail de façon juste, éthique et rigoureuse. C’est vrai que la rigueur ça veut dire qu’on prend les faits d’abord, on regarde quel est le contexte juridique à appliquer et qu’on prend les décisions en fonction. »
« Appliquer le Code du travail » de façon « rigoureuse » implique de ne tolérer aucun écart, de ne faire preuve d’aucune souplesse. C’est cette rigidité qui semble être le nœud du problème dans le conflit avec les bibliothécaires refusant le contrôle du passe sanitaire.
Comble de la conflictualité, les deux parties (élus et bibliothécaires en lutte) sont d’accord sur le fond, comme nous le confirme Pierre Mériaux : « On partage la critique du système du contrôle du passe sanitaire imposé aux bibliothèques municipales et non pas aux bibliothèques universitaires par exemple. On ne se contente pas de le dire, on l’a écrit dans des courriers adressés à Olivier Véran [ministre de la Santé] le 13 août, à Roselyne Bachelot [ministre de la Culture] le 31 août, qui a répondu négativement il y a deux semaines. On a aussi adressé un courrier au préfet de l’Isère. »
Le 22 juillet, le maire Piolle avait cosigné une tribune dans Libération s’opposant « au projet de loi sanitaire » étendant le passe sanitaire notamment aux bibliothèques et se concluant ainsi : « À cette fin, nous aspirons à des mobilisations dans les semaines et mois qui viennent. » Trois semaines plus tard, les bibliothécaires grenobloises ont répondu à cette aspiration et ont commencé à se mobiliser contre le contrôle du passe sur leur lieu de travail. Et pourtant, non seulement Piolle ne les a jamais soutenues publiquement, mais en plus, douze de ces réfractaires sont aujourd’hui menacées de sanction par l’administration de Piolle. « C’est quand même incroyable, s’énerve Annabelle. On va être sanctionnées pour avoir répondu à l’appel à mobilisation lancé par notre maire ! »
Pour Pierre Mériaux, tout est une question de légalité. Le mouvement social, il n’est pas contre : « Depuis août on respecte parfaitement les mouvements de grève, on ferme les établissements à chaque fois qu’il y a un mouvement, encore aujourd’hui [NDR : le 10 novembre], on ne cherche pas à biaiser, il y a un impact sur le public. » Mais ce qui dérange fortement l’adjoint au personnel, c’est les jours sans grève « où des agents s’estiment en capacité de ne pas effectuer telle ou telle partie de leur mission ». Ce syndicaliste est avant tout préoccupé par le respect du statut de la fonction publique : « Il faut rappeler que c’est une obligation pour les bibliothécaires de contrôler les accès des bâtiments publics, c’est dans leur décret statutaire. On a un statut de la fonction publique qui est un équilibre de droits et de devoirs, où on ne peut pas choisir d’exécuter telle mission plutôt que telle autre. »
Une position hyper-légaliste étonnante pour l’adjoint d’un maire qui a remis la « médaille d’honneur de la ville » à Cédric Herrou, agriculteur de la vallée de la Roya ayant accueilli beaucoup de migrants « clandestinement ». À cette occasion, en 2018, Piolle avait revendiqué la transgression des lois et notamment du « délit de solidarité » en tweetant au procureur : « condamnez-moi » (ce qui ne l’empêchait pas, en même temps de demander l’autorisation d’évacuer le camp de Valmy, comme il l’avait fait pour le camp Esmonin).
Aujourd’hui le maire de Grenoble ne demande pas à être condamné pour permettre à ses employées de ne pas contrôler le passe. Pour Pierre Mériaux, avec ce statut de la fonction publique, « la notion de désobéissance civile n’a pas de sens. Les agents sont légitimes à exprimer leur désaccord avec cette loi par la grève, dans les expressions syndicales, mais quand ils travaillent, ils ne doivent pas refuser d’appliquer une disposition de leur statut. »
Pour Mériaux et les élus verts & rouges, la désobéissance semble donc être à géométrie variable : souhaitable pour certains citoyens, impossibles pour les fonctionnaires. À moins que les grands principes, notamment légalistes, varient en fonction des buts recherchés. Parmi les multiples faits d’armes de l’adjoint au personnel, l’épisode de la votation sur les bibliothèques est assez symptomatique.
Guy Tuscher, ancien élu exclu pendant le premier mandat pour avoir refusé de voter le budget du plan de sauvegarde, raconte que « sur l’élaboration et la mise en place de la “votation citoyenne”, Mériaux faisait partie de ceux qui ont dit qu’il était hors de question que cette votation aboutisse à ce que des citoyens obtiennent des choses qui iraient contre les décisions municipales. Pour lui, la seule légitimité vient de l’élection officielle du conseil municipal ».
Un souhait qui a été exaucé : malgré toutes les prétentions « participatives » de la ville, aucune mobilisation institutionnelle ou contestataire n’a jamais fait changer la ville d’avis. En 2017, les opposants à la fermeture des bibliothèques étaient parvenus à réunir 4 000 signatures, obligeant normalement la ville à organiser une « votation citoyenne » si la réouverture des bibliothèques était toujours refusée après un débat en conseil municipal. C’était sans compter sur la roublardise des élus écolos, refusant tout bonnement cette votation au prétexte que le collectif n’était plus légitime suite à la démission de certains de ses porte-paroles. Malgré leur lettre au maire demandant à ce que leur démission ne serve pas d’argument à la Mairie pour refuser la votation citoyenne, Pierre Mériaux justifiait l’annulation de la votation en assénant sur Twitter et en conseil municipal que les 21 « représentants autodésignés » du collectif n’étaient pas représentatifs vu qu’ils n’avaient pas consulté les 3 982 signataires. Avec une telle rhétorique pleine de mauvaise foi (a-t-on déjà vu des représentants d’un collectif consulter tous les signataires d’une pétition ?), l’élu piétinait ainsi allègrement le règlement de la « votation citoyenne » qu’il avait lui-même approuvé deux ans auparavant. Pour Mériaux, l’argument de la légalité ne vaut que quand il ne met pas en péril la politique des écolos grenoblois.
Pour défendre cette politique, l’adjoint ne manque jamais d’arguments, quitte à mélanger un peu les genres. Le 2 septembre, la FSU de l’Isère annonce sur son site internet soutenir la grève des bibliothécaires de la ville de Grenoble et renvoie au communiqué de l’intersyndicale. Une prise de position qui ulcère l’adhérent FSU qu’est Mériaux Pierre. Aussitôt, il envoie un mail sur la liste interne de la FSU de l’Isère pour s’insurger contre le responsable qui a publié le communiqué : « Je trouve scandaleuse ta méthode de publier un communiqué de presse sans chercher aucunement à contextualiser et actualiser tes infos sur ce conflit qui dure depuis plus de huit jours, te bornant à reproduire le tract initial. (…) Prenez la position que vous voulez mais au moins APRÈS avoir collecté des infos à toutes les sources ! (…) Que cherche la FSU 38 à la fin ? »
S’en sont ensuivis plusieurs échanges de mails entre l’adjoint au personnel et certaines syndicalistes, l’une d’entre elles s’étonnant de ces mails « partis d’une boîte mail syndicale », mais relevant « de l’auto-défense politique de la majorité municipale plus que de l’ordre d’une posture syndicale. (…) Votre statut d’employeur devrait vous inciter à la prudence et vous n’avez pas à tenter de dicter à un syndicat sa ligne. » Une accusation battue en brèche par Mériaux : « Non je ne cherche pas à “dicter à un syndicat sa ligne”. Mais à défendre dans ce qui est aussi mon syndicat des règles de débat démocratiques communément admises. » De charmants échanges virtuels interrompus par une des responsables du syndicat s’insurgeant « Stop et cela suffit ».
Mériaux cherche-t-il à dicter sa ligne aux syndicats ? C’est ce que pense aussi Bernard Gaillard. À la fin de l’été, ce délégué de la très sage CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens) à la ville de Grenoble a rédigé une communication interne pour les employés municipaux à propos de la loi dite des « 1 607 heures ». Dans ce texte, Bernard Gaillard évoquait une des propositions de Pierre Mériaux, qui a parlé de supprimer certains jours de congés. « Ça ne lui a pas plu, c’était pas faux ce qu’on avait écrit, mais pour lui c’était trop sélectif. Alors il nous a demandé soit de rectifier, soit d’enlever l’article ! » raconte le délégué syndical, encore outré par le procédé : « Un adjoint au personnel n’a pas à nous dicter ce qu’on doit écrire, même si on dit des conneries. Forcément on va au plus simple quand on doit communiquer, mais encore une fois on n’avait rien écrit de faux. »
Comme la plupart des syndicalistes, Bernard Gaillard dit le plus grand mal des élus verts & rouges : « Ils s’en foutent de l’avis des salariés, pour eux c’est “marche ou crève”, ils pensent que leurs décisions sont forcément les bonnes et vont jusqu’au bout. Avec Maud Tavel, l’ancienne adjointe au personnel, on arrivait encore un peu à discuter, mais depuis Mériaux, c’est terrible. » Une colère que Mériaux tient à contrebalancer : « Les bilans sociaux de la ville disponibles sur notre site internet montrent que la ville de Grenoble n’a pas un taux de conflictualité, d’absentéisme ou de turn over important, ce qui montre qu’on travaille plutôt bien à la ville de Grenoble »
L’adjoint au personnel, qui ne manque pas une occasion de tacler l’absence de réaction des syndicats à « l’affaire Boutafa » [3], ajoute qu’il explique « l’amertume des syndicalistes » par « deux raisons ». « La première, c’est qu’on a opéré un virage culturel en arrivant au pouvoir : la gestion du personnel telle que l’a pratiquée l’équipe Destot était peu courageuse. Il a fallu qu’on remette d’équerre beaucoup de situations, des logements de fonction attribués à des agents qui n’y avaient pas droit, des petits avantages attribués à droite à gauche, etc. On est comptable de l’usage de l’argent public, il faut le faire de façon sérieuse et rigoureuse. La deuxième, c’est l’armoire qui nous est tombée sur la tête avec la baisse des dotations de l’État. »
N’empêche que le conflit actuel n’a rien à voir avec un manque d’argent ou une gestion du personnel « peu courageuse ». Les bibliothécaires ne se battent ni pour une augmentation de salaire ni pour des petits avantages, mais pour une certaine idée du service public et d’un accès universel aux lieux de lecture. Cette lutte est d’ailleurs menée par l’ensemble de l’intersyndicale à la mairie, de la CFDT à la CNT. Une union que beaucoup de salariés ne se souviennent pas avoir vu dans de précédents combats, même pas suite à l’annonce du plan de sauvegarde en 2016. « Ça n’était pas arrivé depuis la privatisation du service des eaux, il y a plus de trente ans, sous Carignon ! » se rappelle Bernard Gaillard de la CFTC.
Pourquoi ce conflit s’enlise ? « C’est dû aux choix des organisations syndicales qui le mènent, se défend Mériaux. Déjà elles ont décidé de partir tout de suite sur un mouvement de grève reconductible, dès le 24 août. Il n’y a pas eu de gradation dans la pression exercée. Et surtout elles ont fait le choix de centrer le débat sur la mairie de Grenoble et non pas sur le gouvernement alors qu’il s’agit d’une mesure nationale. »
« C’est l’inversion de la réalité, répond Lola [4]. Avant de faire grève, on a essayé de trouver des solutions pendant deux semaines, quand Mériaux était en vacances ! Mais tous les jours, la direction mettait la pression en venant relever les noms des personnes qui refusaient de contrôler et les lettres de menace de sanctions sont parties dès le début. Il n’y a jamais eu de volonté d’apaisement, de trouver des solutions ensemble, comme la réorganisation des équipes pour que celles et ceux qui ne veulent pas contrôler ne se retrouvent pas à ce poste. Meriaux, dès que ça sent le gaz, il allume une allumette ! » Pour une fois d’accord sur le fond, les élus et les syndicalistes auraient pu s’unir. « On aurait été prêtes à mener une lutte ensemble, assure Annabelle. Mais il y a tout de suite eu des menaces de sanction et une agressivité folle. L’attitude de Mériaux a soudé les syndicats entre eux et les agents avec les syndicats. »
Début octobre, les élus ont proposé une « sortie de crise » en assurant qu’ils avaient obtenu l’annulation du contrôle du passe pour les étudiants et les jeunes. « Vos interlocuteurs insistent pour dire qu’on est raides, mais on peut aussi considérer qu’on est tolérants. Quand on les a reçus, on leur a reprécisé qu’ils n’étaient pas agents de police et ne pouvaient pas contrôler la carte d’identité des usagers, donc qu’ils pouvaient potentiellement laisser rentrer tout usager qui dirait “je m’appelle Pierre et j’ai 17 ans”. À ce moment-là, s’il n’y avait pas eu de nouveau refus de contrôle du passe, on aurait abandonné toutes les procédures. »
Ne pas contrôler les jeunes, mais continuer à refuser l’entrée à certains adultes ? Pour les bibliothécaires mobilisées, ça n’avait pas de sens. Alors depuis octobre, le conflit est dans l’impasse. Mardi 16 novembre, quatre premières agentes étaient convoquées à un entretien, au moins huit autres suivront, leur éventuelle sanction devant être annoncée mi-décembre [5] Comme d’habitude, Pierre Mériaux ne lâche rien ou presque, ce qui n’étonne pas Arthur : « Il agit contre les salariés de la mairie comme il agissait avant contre les patrons : intransigeant, sans concession, un véritable chef de guerre. Il connaît très bien la puissance du lien de subordination qui pèse sur les salariés, et combien ils ont besoin d’être défendu afin de diminuer l’inégalité du rapport de force. Il sait tout ça et pourtant il use des méthodes patronales les plus pourries : pression, intimidation, humiliation, autoritarisme, menace... Le tout en campant sur sa position coûte que coûte. »
Notes
[1] (1) Tous les prénoms ont été modifiés, notamment parce que de nombreuses bibliothécaires impliquées sont toujours sous la menace de sanctions et qu’on ne voudrait pas aggraver leur cas.
[2] (2) Pierre Mériaux nous avait ainsi qualifiés devant un séminaire des 42 élus de Grenoble, une ville pour tous. Notre demande de compléments ci-dessous n’avait jamais reçu de suite : « Sans doute nous manque-t-il un peu de culture politique et historique, mais nous ne voyons pas en quoi nos seize pages bimestrielles pourraient être rattachées à cette famille politique. Ce jugement est-il dû à la pratique intellectuelle très tendance de la “réductio ad Hitlerum” ou a-t-il des fondements plus poussés ? »
[3] (3) Chérif Boutafa, délégué Force ouvrière à la Ville depuis des années, vient d’être mis en examen pour « aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger en France en bande organisée ». Celui qui est aussi élu sur la liste d’Alain Carignon est mouillé dans une vaste affaire de « soupçons de traite d’êtres humains » dans des restaurants vietnamiens en Isère. Le 10 novembre, le syndicat FO de la ville a annoncé « suspendre l’adhésion » de Chérif Boutafa.
[4] (1)
[5] (4) Au moment du bouclage de ce numéro, le 23 novembre, on apprenait que trois mois après le début du conflit, les convocations des bibliothécaires venaient d’être suspendues et qu’un « espace de négociation » venait d’être ouvert. À suivre.