Accueil > Février / Mars 2012 / N°14

PIC et de grève

Saviez-vous qu’au centre de tri de la Poste de Sassenage (appelé techniquement PIC : Plateforme Industrielle du Courrier) des employés se mettent en grève le vendredi et samedi depuis plus de deux ans ? C’est le syndicat SUD PTT qui a lancé un préavis de grève en mai 2009, qui court toujours, dans toutes les PIC de France pour dénoncer la dégradation des conditions de travail. Yannick (pseudo) travaille au centre de tri de Sassenage depuis sept ans  : «  Cette grève donne lieu à des polémiques même si elle met en lumière un réel malaise. Des employés de La Poste, surtout des cadres, la considèrent comme une grève de confort, les grévistes prolongeraient leur week-end. Y en a d’autres qui la font par conviction et puis certains sont sur les rotules dés le mercredi alors ils font grève le vendredi  ». Ce préavis permet toutefois de mettre quelques bâtons dans les roues de la direction : «  Pour nous, l’avantage c’est qu’après une semaine de merde où on s’est embrouillé avec les chefs, on se met d’accord entre nous et on ne vient pas. Ça peut ennuyer La Poste. Les conséquences le jour même ou le lendemain, c’est qu’ils trient ce qu’ils peuvent et il se peut que la moitié du courrier ne soit pas triée  ». Lorsqu’en 2004 le centre de tri d’Eybens ferme pour être transféré à Sassenage, le personnel diminue : «  En l’espace de cinq ans, on est passé d’environ 400 à 300 employés, notamment avec des départs à la retraite qui n’ont pas été remplacés  ». Moins de main d’œuvre donc plus de boulot. «  Aujourd’hui clairement, on travaille mal parce qu’on a pas les moyens et qu’on se retrouve à faire des tâches qu’on ne faisait pas avant. Et puis il y a une explosion des troubles musculo-squelettiques et une augmentation des arrêts de travail  ». Yannick pense à quitter La Poste pour faire tout autre chose, dépité des incessantes réorganisations qu’impose la direction et de la perte de sens de son travail : «  Y a quelque chose qui m’a beaucoup frappé ici : les anciens sont tellement dégoûtés de leur travail aujourd’hui qu’ils te disent : «  barre-toi  ». Le sentiment d’attachement à un service public a complètement disparu ».