Accueil > Juin 2009 / N°01

La métropole avance

C’est bien connu : pour vivre heureux il faut attirer les investisseurs, et pour attirer les investisseurs il faut être une métropole. Les élus des grandes villes rhône-alpines s’échinent donc pour faire grandir leur "ensemble urbain" et coloniser toutes les campagnes alentours. Cela se passe à Grenoble, comme à Annecy ou Lyon. Du côté de cette dernière, on travaille à officialiser la naissance d’une métropole regroupant Lyon, Saint-Etienne et Bourgoin-Jallieu. La technique utilisée par Gérard Collomb, le maire PS de Lyon ? Tout d’abord faire passer cela pour une fatalité : "Il y a vingt ans, les villes voisines de Lyon (Saint-Etienne, Bourgoin, L’Isle d’Abeau...) étaient séparées les unes des autres. Aujourd’hui nous avons à faire à une continuité urbaine. Il faut donc savoir évoluer. " (*) Et ensuite assumer la nécessité de ce développement par les idéaux - très socialistes - de la compétition entre territoires : "C’est la compétitivité de la France qui est en jeu. Quand on voit des métropoles comme Barcelone, Milan, Manchester qui sont aux alentours de trois millions d’habitants, si nous n’allons pas de l’avant vers le regroupement de nos forces, alors on perdra dans la compétition qui existe entre les territoires comme elle existe dans les entreprises." (*) Une logique à laquelle adhère le maire - également PS - de Bourgoin-Jallieu Alain Cottalorda, pour qui "le Nord-Isère a tout à gagner à faire partie de "l’Eurométropole" de Lyon." (*)

En quoi cela nous concerne-t-il, nous, simples cuvetteux ? Cottalorda est également président de l’Agence Economique de Promotion de l’Isère (AEPI), boîte de com’ tâchant de vendre le territoire aux investisseurs. Les logiques qu’il défend dans le Nord-Isère sont les mêmes que celles à l’œuvre dans le sud, impulsées par ces collègues socialistes Vallini, Migaud ou Destot. Afin de "peser dans la compétition internationale", ils travaillent à instituer une continuité urbaine entre Genève et Grenoble, voire Valence : c’est le "Sillon Alpin". Destot, qui se défend de ces visées lors des débats publics, se lâche un peu plus entre "gens biens" comme devant le Comité Balladur (chargé de préparer une réforme des collectivités territoriales) : "Nous avons rappelé que les villes françaises avaient des tailles relativement moyennes et qu’il faut viser à terme la constitution d’ensembles urbains puissants, crédibles dans le monde entier." (Les Affiches, 9 janvier 2009) Une prétention mégalomane qui s’est confirmée les 5 et 6 juin derniers lors d’un "temps de réflexion" regroupant les acteurs de la candidature grenobloise aux Jeux olympiques : "Les participants ont unanimement décidé de la nécessité de mettre l’énergie collective au service d’un projet d’avenir à l’horizon 2020, d’un projet de territoire, passant d’un statut de grande ville à un statut de métropole, au service de sa promotion nationale et internationale" (**). Qui a envie de vivre dans un "ensemble urbain puissant", une "métropole" ?

(*) Entreprises Rhône-Alpes, mai 2009
(**) Communiqué de la mairie du 09 juin 2009