Accueil > Mars 2011 / N°09

Grève à la ville de Grenoble

À la ville de Grenoble, c’est comme au niveau national : on parle surtout de sécurité, de sécurité et de sécurité. Depuis plus d’un an, pas un mois ne passe sans que l’on entende parler des policiers municipaux : de leur grève pour demander plus de moyens, de l’extension de leurs horaires, de l’augmentation de leurs effectifs, de leur possible armement... Et pourtant les policiers municipaux, qui sont une centaine, ne représentent qu’une petite partie du personnel municipal (3000 personnes employées par la ville de Grenoble et 1500 par le CCAS). Les autres employés seraient-ils heureux et satisfaits de leurs conditions de travail ?
Le 6 janvier dernier, environ 150 d’entre eux faisaient grève dans l’indifférence médiatique presque générale (seule France3 en a parlé). L’occasion pour Le Postillon de discuter avec Joe et Averell (*), deux employés municipaux grévistes :
«  La grève. On a fait grève pour la revalorisation du régime indemnitaire. Chaque municipalité a la possibilité d’augmenter la prime du régime indemnitaire. C’est une prime qui est différente selon les villes, c’est des choix politiques. Nous ce qu’on demandait c’était l’alignement sur La Métro. Mais les chefs refusaient en comparant à d’autres villes qui touchaient moins, comme Saint-Etienne, mais là-bas le coût de la vie est beaucoup moins cher. A Grenoble les loyers sont chers, le coût de la vie est cher.
Beaucoup de salaires tournent autour de 1200 euros, sauf toutes les personnes qui travaillent à temps non-complet. 90 % des agents à temps non-complet sont des femmes. (...) C’est une grosse précarité. C’est des petits salaires, notamment dans les écoles, pour les personnes qui servent les enfants. (...)
Ce qu’on a obtenu avec ce jour de grève, c’est une augmentation progressive de entre 10 et 15 euros par mois tous les ans. C’est vraiment pas grand-chose, surtout que ça va juste compenser ce qu’on va perdre avec l’alignement des points retraite. »

Les espaces verts. « La ville tourne à flux constant. C’est à dire que quand ils ont besoin de personnes à la PU (Propreté Urbaine) ils vont les prendre sur les autres services mais ne vont pas faire de création de postes. Et donc il va y avoir un manque quelque part. (…) Au service espace verts on était 220 il y a une dizaine d’années, et là on est entre 190 et 200. Vu qu’ils n’arrivent pas à satisfaire les besoins qu’il y a dans tous les services, ils essayent de limiter les dégâts pour que ce ne soit pas visible. (..) Pour le service espace verts ils savent très bien qu’on n’a pas d’impact parce que si on fait grève, tout le monde s’en fout. Une fois, on avait fait un groupe pour porter des revendications spécifiques à notre service. On était montés au premier étage de la mairie, on tapait sur les murs mais ils ne voulaient pas nous recevoir. Le chef du cabinet du maire est sorti il gueulait dans tous les sens, c’était la grosse panique. Salat [NDR : l’adjointe en charge du personnel] nous a engueulés après coup en disant qu’on était des brigands. (...) On demandait plus de reconnaissance pour notre métier, que les heures de nuit soient comptabilisées, que les primes soient assumées... plein de trucs comme ça qui nous sont dûs. Une remise à niveau entre la réalité du travail de maintenant, et sur quoi ça avait été tablé avant. Parce que les espaces verts ça devient de plus en plus de la propreté, on passe beaucoup de temps à enlever des poubelles.
Depuis ils ont décidé de faire un audit sur notre fonctionnement, comme ça s’est fait dans d’autres services. L’idée de ces audits, c’est d’optimiser le fonctionnement. Pour moi, c’est l’esprit des entreprises privées, c’est fait pour rentabiliser, pour faire des économies mais on le présente de manière gentille : on fait parler les gens, on fait des réunions, on essaye de le faire doucement. Très souvent c’est une grosse inquiétude pour les agents. Parce qu’au retour des audits ils disent «  nous on sait, il faut fonctionner comme ça  » mais leur mode de fonctionnement, même s’il est mauvais, on l’aura pendant trente ans. (…) Les réunions, c’est toujours la sensation de pisser dans un violon. Parce que les problèmes ils les connaissent. Ça fait deux ans qu’on leur a apporté tous les éléments, alors s’ils ne comprennent pas pas c’est qu’ils y mettent de la mauvaise volonté. (...) »

Le futur. « Au niveau local, comme national, on a du mal à mobiliser, à donner confiance aux autres, leur faire comprendre qu’on peut gagner des choses en faisant un mouvement. Par rapport à tout ce qui va se passer dans les années à venir, il faut construire quelque chose qui puisse porter un combat.  »

(*) Évidemment, il s’agit de pseudos.