Accueil > Oct. / Nov. 2014 / N°27
« Grenoble, capitale européenne du nucléaire ! »
C’est le slogan du salon Nuklea, qui se tiendra à Alpexpo le 1er et 2 octobre prochain. On ne sait pas où ils ont trouvé leurs communicants, mais faut avouer qu’ils réussissent à bien mettre les pieds dans le plat. Présenter Grenoble comme « capitale européenne du nucléaire », ça ne doit pas faire plaisir, ni au nouveau maire vert Eric Piolle, ni au directeur du CEA (Centre d’énergie atomique) Jean Therme, qui martèle depuis des années que le site du CEA-Grenoble a définitivement tourné la page de l’atome. Mais l’argumentaire des organisateurs du salon tient la route : si Grenoble est à la pointe du délire atomique, c’est notamment à cause de « la puissance des centrales nucléaires en Rhône-Alpes », la présence d’un réacteur nucléaire - l’institut Laue Langevin - à moins de cinq kilomètres du centre-ville, « la proximité du CERN » (l’organisation européenne pour la recherche nucléaire basée à Genève), « la proximité de plusieurs CEA » (outre celui du Grenoble, ceux de Marcoule et Cadarache) et le fait que Grenoble est « souvent comparée à une ‘‘Silicon Valley’’ française, et bénéficie d’une envergure internationale dans le secteur de la recherche et de l’innovation ». Ils auraient également pu mentionner les différentes « expérimentations » et opérations de communications sur l’électro-mobilité très dépendante de l’énergie nucléaire. Les ridicules petite voitures électriques en location « I-Road », débarquées récemment sur les routes grenobloises, sont par exemple une très belle opération publicitaire pour Toyota, le CEA et l’atome.
En parallèle au salon Nuklea, qui est une sorte de supermarché mondain pour les « acteurs du nucléaire », se tiendra « Ultrapropre 2014 », « le salon de la maîtrise de la contamination ». Et là, c’est vrai que le choix de Grenoble est très pertinent : en plus de l’incident nucléaire de l’été dernier au CEA (voir Le Postillon n°24), les dangers de l’atome ont encore fait parler d’eux à Grenoble cet été : le 6 août, l’Autorité de sûreté nucléaire a « mis en demeure l’institut Laue-langevin de respecter les obligations réglementaires d’inspection périodique de ses équipements sous pression nucléaires ». Bizarrement, aucun de ses sujets n’est à l’ordre du jour des « conférences et tables rondes » de ces deux salons.