À LA CHASSE AUX QUECHUAS
Bruno Pourroy de Laubérivière de Quinsonnas-Oudinot, qu’on appellera ensuite par commodité le marquis, a bien de la chance. Quand il se balade dans son château, il peut observer les immenses portraits de certains de ses aïeuls, dont certains datent du XVème siècle. Une fois par an, à l’occasion de la journée du Patrimoine, il ouvre son château. N’importe qui – moyennant six euros – peut alors observer certaines de ses magnifiques peintures (seul le rez-de-chaussée est ouvert) et en apprendre un peu plus sur cette sacrée famille.
Si on consulte son arbre généalogique sur geneanet.org, on s’aperçoit que la plupart de ses aïeuls ont une fiche Wikipedia : le général Armand de Castelbajac-Bernet, l’écrivain et préfet André-Urbain-Maxime de Choiseul d’Aillecourt, le maréchal d’empire Charles Oudinot, Catherine-Claudine de Chaponay (dernier seigneur de Vénissieux), le marquis de Virieu, le lieutenant de Quinsonnas (dont une rue grenobloise porte le nom), etc.
Ça s’est du côté de son grand-père. Lequel, Paul-Henry Émilien Pourroy de Quinsonnas, a eu le bon goût de se marier avec Odette Marie Suzanne Émé de Marcieu. Les Marcieu furent, au XVIIème et XVIIIème siècle « gouverneur de Grenoble et du baillage du Grésivaudan » et possèdent quelques modestes biens, avec notamment le très pittoresque château du Touvet et la bagatelle d’un bon millier d’hectares dans les pentes au-dessus. En outre, ils apparaissent plusieurs fois dans la toponymie du coin, avec le col et le vallon de Marcieu situés dans leur propriété, mais aussi le petit village de Marcieu situé au bord du lac du Monteynard (les nobles de Marcieu et de Monteynard s’étant mariés au XVIIème siècle).
Bref, assez de généalogie ! Ce 17 septembre, le marquis de Quinsonnas ouvrait donc son château du Touvet et proposait comme chaque année un défilé d’une cinquantaine de « costumés de Venise », « des passionnés qui réinventent l’art des fêtes vénitiennes du XVIIIème siècle et rivalisent de grâce et de mystère ». Avouons qu’ils avaient un style certain (comme on peut le voir sur cette superbe photo en contre-jour), surtout dans ce décor de château majestueux, d’escaliers d’eau et d’arbustes superbement taillés. Une esthétique assez fidèle à la noblesse de la Renaissance, les incessantes photos des smartphones en plus.
Cette année, la caricature d’un autre temps était accentuée par la présence de quelques gueux sur le parking du château. Membres actifs de la fraternelle de Patagonia du Vieux-Campeur de Quechua-Forclaz, qu’on appellera ensuite par commodité les Quechuas, ils étaient venus distribuer des tracts intitulés « Bas les masques ! » pour protester contre une récente décision du marquis ayant fait la une de médias locaux et nationaux. Son altesse vient en effet d’interdire l’accès à toute une partie de ses terrains, 750 hectares dont une partie des magnifiques hauts plateaux de Chartreuse. Alors que ses pentes sont parcourues par nombre de randonneurs, il veut les réserver à la Diane de Marcieu, une société privée de chasse à laquelle il loue – chèrement – ses superbes endroits.
Contrairement au marquis, la plupart des Quechua, moi compris, n’avons pas la chance de posséder de multiples traces de nos ancêtres. Malheur aux simples mortels condamnés à vivre sans passé, incapables de s’imaginer la vie avant les réseaux, la télévision et la voiture. Heureusement il y a Alpinus ! Pour plonger dans l’histoire de la chasse et des montagnes locales, ses livres (Chasseur de chamois, Escapade dans les mont dauphinois, La Chartreuse et le pays de Voiron,...) sont précieux. Vous ne connaissez pas Alpinus ? Curieux personnage isérois du XIXème siècle, il fut notamment notaire et maire de Voiron, tout en semblant passer l’essentiel de son temps à parcourir les montagnes dauphinoises, avec la chasse comme prétexte au vagabondage.
Comme l’écrivait l’écrivain Roger Canac : « Alpinus nous balade dans le paradoxe (…) dans un curieux mariage de conviction traditionaliste et de comportement libertaire. » Notaire, il moquait tous les notables, « pignoufs » coupables de trop aimer le « pays plat ». Canac se disait disciple d’Alpinus, « malgré ou à cause d’opinions que je ne partage pas toujours ». Les textes de ce « bourgeois renégat », bonapartiste et pourfendeur de la République, ont une « vigueur jubilatoire », une « outrecuidante indépendance » et sont « baroques jusqu’à la démesure ». Alpinus écrit comme il chasse, c’est-à-dire « à la billebaude », un peu au hasard : le bonhomme aime les digressions et les chemins de traverse comme dans ce passage : « L’homme, né cannibale, s’entre-mangeait et le chien fidèle en versait des larmes. C’est pourquoi le chien dit à l’homme : ‘‘Ne te mange plus. Je vais t’assembler des troupeaux et je te les garderai.’’ Et le chien sincère fit ainsi, ramenant l’homme à la vertu, ou tout au moins l’éloignant un peu de sa perversité et du tic de s’entre-manger tant, en sang, en chair et en os. Mais l’homme, déguisant son vice et s’habillant en banquier, continua à tondre l’homme et à le manger beaucoup. » Qu’aurait été la position d’Alpinus sur la polémique de la privatisation des Hauts-de-Chartreuse ? Ce qui est sûr, c’est qu’il n’aimait pas les banquiers et que le marquis de Quinsonas fait partie de cette caste : après avoir été pendant 21 ans directeur de l’international à la Banque populaire, il est maintenant « conseiller honoraire du commerce extérieur de la France ».
C’est un fait souvent ignoré : une bonne partie des montagnes sont privées. Jusque-là, les propriétaires privés étaient néanmoins bien obligés de laisser passer les randonneurs, faute de pouvoir clôturer leur propriété. Une loi récente, du 2 février 2023, visant officiellement à limiter l’engrillagement des parcelles pour favoriser le déplacement de la faune, leur permet maintenant de se passer de coûteuses barrières : un simple panneau « propriété privée – défense d’entrer » suffit pour interdire l’accès, et potentiellement mettre des amendes de 750 euros aux désobéissants. La décision du marquis de Quinsonnas pourrait bien faire de nombreux émules. Un article du Chasseur français (13/09/2023) se réjouit allègrement : « Et oui la propriété privée existe en pleine nature, et les propriétaires tiennent à leur droit. On espère que cette initiative sera suivie par d’autres propriétaires. »
« Je suis surpris par le très bon accueil qu’on a eu » m’assure un Quechua distribuant des tracts aux quelques 2 000 personnes venues visiter le château ce jour-là. « Presque tout le monde est d’accord avec nous ! Deux personnes ont même annulé leur visite au château en apprenant la nouvelle. » En fait les Quechuas ne sont pas vraiment des gueux : ils ont des voitures, des beaux vêtements techniques et disposent pour la plupart de salaires confortables ainsi que d’une certaine aisance dans les moyens de communication moderne. Furibards devant la décision du marquis, leur première action a classiquement été la création d’une pétition en ligne, théâtre moderne de toutes les indignations. Ayant recueilli 30 000 signatures en moins d’un mois (beau score), son impact n’est néanmoins pas encore avéré. « Toutes les pétitions de la Terre n’y changeront rien » a déclaré le marquis dans sa seule interview depuis le début de la polémique (Le Daubé, 9/09/2023). Pour défendre son choix, il use de la rhétorique dite du jet privé (est-ce que je commente votre choix de vous déplacer en vélo ? Alors pourquoi vous venez m’emmerder sur mes voyages en jets ?) appliquée à la propriété : « Pensez-vous une seconde que je me permettrais ou me croirais autorisé à me rendre chez vous dans votre jardin, quelle que soit sa taille, pour y planter une tente, faire un feu, couper des arbres pour faire griller des saucisses ? » Le pire c’est que ça marche, et que plusieurs personnes croisées reprennent l’argument « il est chez lui, il fait ce qu’il veut ».
Que son « chez lui » fasse 1 000 hectares : on s’en fout, propriété privée ! Que son « chez lui » regorge de merveilles : on s’en fout propriété privée ! « Ce n’est pas la République libre de Chartreuse » s’exclame le président du Parc, pour défendre le bon droit du propriétaire. Si les relations entre le marquis et les Quechuas sont si tendues, c’est notamment à cause de la « Tour percée », une des seize arches naturelles que compte son domaine. Celle-là est la plus grande (32 mètres de portée) et la plus « instagrammable ». Et le problème, c’est que même avant la création d’Instagram, sa photographie a attiré les foules. C’est Pascal Sombardier, infatigable découvreur de nouveaux itinéraires et vendeur de « randonnées du vertige », qui avait « découvert » cette pépite en 2005. J’écris « découvert » parce qu’il est certain que d’autres personnes, notamment des chasseurs, étaient tombés, avant lui, sur cette « pépite ». Mais eux ne publiaient pas de livre et ne l’avaient pas mis en couverture d’un ouvrage tiré à des milliers d’exemplaires. Un choix pas forcément des plus judicieux, qui avait suscité, à l’époque, les critiques de l’association Mountain Wilderness. Depuis dix-huit ans, des milliers de personnes sont donc allés voir cette « pépite », ce qui a foncièrement agacé les chasseurs de la Diane de Marcieu.
Cette société de chasse n’est pas une simple bande de copains, « gardiens de l’équilibre sylvo-cynégétique » comme les appelle le marquis. Ce sont aussi d’habiles businessmen vendant des « bracelets » très chers à de riches étrangers. Un « bracelet » c’est ce qui permet d’avoir le droit de tuer une bête, en l’occurrence un chamois. En fonction du nombre de bêtes comptées sur un domaine, un certain nombre de bracelets est délivré, afin de logiquement garantir le renouvellement de l’espèce – et donc les chasses à venir. Les Quechuas s’indignent de ces chasses, en affirmant que le chamois a failli disparaître du massif de Chartreuse dans les années 1990. Ce qui est vrai, comme le fait que ce sont notamment les chasseurs qui ont œuvré pour que cette espèce prolifère de nouveau. N’en déplaise aux Quechuas, les chasseurs ont généralement un minimum de bon sens et, contrairement aux extractivistes modernes, exploitent les ressources naturelles tout en veillant à leur perpétuation.
Pour mieux saisir ce paradoxe du chasseur, il faut lire L’animal et la mort de Stepanoff (La Découverte, 2021) ou Alpinus, capable de clamer son amour puissant des bêtes tout en ayant beaucoup de complaisance pour les « hécatombes cynégétiques ». Lui vivait à l’époque des ours, a loué leur belle présence tout en étant incapable de voir leur disparition imminente. À l’époque des ours, il n’y avait presque pas de moyen de transport motorisé et l’essentiel des déplacements se faisaient à pied. Les escapades dans les montagnes ne pouvaient donc consister en un beforetaf à Chamechaude. Les balades ne commençaient pas au parking, mais à la maison, parcourant d’abord des chemins pour la plupart disparus. Aujourd’hui, ces chemins de déplacement, autrefois très utilisés, sont presque abandonnés, quand les chemins de loisir, autrefois arpentés seulement par les bergers et les chasseurs sont surfréquentés. Au XIXème siècle, presque personne n’allait faire le mariole sur les haut-sommets, et certainement pas Alpinus : « J’ai gravi des pointes redoutables, mais sans emportement ni passion. Je l’ai fait pour connaître un peu le galetas et la toiture quand j’habite le deuxième étage. » Pour marcher dans les pas d’Alpinus, je décide de monter sur les Hauts de Chartreuse en partant du château du Touvet, en prenant un des chemins menant au col de Marcieu. Inutile de dire qu’en ce dimanche midi de grand beau temps, je n’ai croisé personne : aujourd’hui, tout le monde y va en voiture.
Vu qu’il y a un nombre limité de bracelets à vendre pour la Diane de Marcieu, il faut donc les rentabiliser : certains chiffres circulant sur internet parlent de séjour de chasse vendus 16 000 euros les trois jours. Les chasseurs contactés, appartenant à d’autres sociétés « publiques » de chasse, ne peuvent pas confirmer ce chiffre même s’ils savent que le bracelet se vend plusieurs milliers d’euros. Ce qui est sûr, c’est que sur l’internet, on trouve des vidéos avec des chasseurs russes ou suisses, tout contents de tirer le rupricapra rupricapra cartusiana, nom scientifique du chamois de Chartreuse, censé avoir des qualités supérieures aux chamois alpins même si ça ne saute pas aux yeux. J’ai bien tenté de me faire passer pour un riche client suisse. Profil Hunt, la société internationale contactée, m’a renvoyé sur « l’organisateur de la chasse au chamois de Chartreuse ». Qui m’a répondu par mail qu’il n’avait plus de « droits de chasse » (c’est-à-dire des bracelets) pour les chamois de Chartreuse cette saison… Malgré mes relances, il n’a pas voulu me donner le tarif des séjours proposés (comprenant le voyage depuis l’aéroport, le prêt de l’arme, 2 ou 3 jours de chasse guidée, etc.) Mais cette prise de contact ratée montre bien que les « places » sont limitées, ce qui met une pression certaine pour « réussir » les chasses de clients ayant dépensé des milliers d’euros. D’où l’envie que les chamois ne soient pas « dérangés » par des Quechuas allant faire des selfies à la Tour percée.
Une fois au col de Marcieu, j’ai continué vers l’Aup du Seuil : c’est là que j’ai croisé mes premiers groupes de Quechuas. Tous ceux que j’ai abordés étaient unanimement scandalisés par la décision du marquis. Jusqu’à ce que je rencontre un mec en jean avec un vieux sac pendant. Lui n’était pas un Quechua mais un des « alpagistes » des Hauts de Chartreuse, louant ses terres au marquis. Forcément, il ne voulait pas se mouiller dans la polémique, se contentant de raconter les multiples désagréments que lui amène la surfréquentation sur les hauts plateaux. « Les randonneurs campent à côté des chalets, débranchent les abreuvoirs pour les vaches, marchent en dehors des chemins... » Depuis le Covid, de nombreux articles de presse s’alarment de la surfréquentation de certains lieux de montagne, les plus accessibles ou instagrammables. Parmi eux, le cirque de Saint-Même, au bout des Hauts plateaux de Chartreuse côté Saint-Pierre d’Entremont, régulièrement cité aux côtés du lac Achard, du plateau de la Molière, ou du lac Fourchu. Les autorités réfléchissent à des systèmes de « gestion » de ces nuisances (péages, incriptions, comptages,…), le président de France nature environnement Isère se positionnant : « On doit obligatoirement aller vers une régulation des usages, comme cela a été fait dans les calanques de Marseille » Là-bas, c’est un pass avec QR-Code qui permet d’accéder à certaines calanques. Un mélange entre un parc d’attractions et Orwell à la montagne, qui ne semble pas déranger certains « écologistes ». Quitte à interdire quelque chose, on plaiderait plutôt pour les réseaux sociaux, causant mimétisme et effets de masse.
Alpinus parlait de ce cirque Saint-Même, débouchant sur les rives du Guiers Vif : « Sur nos têtes, contre la gigantesque paroi de l’Haut du Seuil, s’ouvraient assourdissant les cavernes d’où sort d’un bloc la cataracte du torrent. Ô Sassenage, joie des peintres, tu n’es qu’un fétu ! Grottes imposantes, dédales sans fin, stalagmites incomparables autant qu’ignorées, vous n’êtes point, gloire à Dieu ! à la portée d’un omnibus. » À l’époque, il n’y avait ni omnibus, ni touriste dans les montagnes, seulement des autochtones et des chasseurs. Mais Alpinus présentait l’évolution future : « « Si jamais, comme en Suisse, viennent à s’édifier en Dauphiné, jusqu’aux pieds des glaciers, de somptueux hôtels à vingt francs par jour et par tête, ce jour-là sera pour les Alpins un jour néfaste. Je vous prédis que Gavet [la figure titulaire d’Alpinus] sera plus inconsolable que Calypso s’il voit dételer sur le pré d’Ornon [le plateau du lac Fourchu] les chevaux fumant d’un omnibus bondé d’épiciers, et sa douleur devant ce spectacle navrant ne pourra plus être comparée qu’au morne désespoir d’Oeil-de-faucon, lorsque tombaient devant lui, sous la hache des squatters, les arbres dix fois séculaires du Nouveau Monde. » Devant la déferlante actuelle des traileurs et autres Quechuas débarquant par « omnibus » entier, je pense qu’il faut entendre le désarroi des chasseurs, qui ne croisaient auparavant personne en dehors des grands chemins. Surtout qu’eux aussi ont changé depuis l’époque d’Alpinus.
Une fois arrivé sur les Hauts Plateaux, je passe sous les barbelés et continue en direction du col de Bellefont, pour redescendre sur Saint-Pierre-de-Chartreuse. Il est dimanche après-midi, la chasse est ouverte depuis une semaine et pourtant : je croise une harde d’une vingtaine de chamois, se poussant à peine sur mon passage. Restant à portée de fusil, comme s’ils n’avaient pas peur de l’humain, comme s’ils n’avaient jamais été chassés. Ok je ressemble bien plus à un Quechua qu’à un chasseur, n’empêche qu’il y a une autre raison, explicitée par un des chasseurs contactés : même s’ils le peuvent, les membres de la Diane de Marcieu ne viennent jamais chasser ici, sur les Hauts Plateaux, à au moins une heure et demi de marche de la première piste carrossable. S’ils aiment tant les pentes à côté de la Tour percée, c’est parce qu’il y a une piste 4x4 juste en-dessous : ça leur permet de moins marcher pour y aller, et surtout pour revenir, avec l’éventuel poids d’un chamois de 60 kilos sur le dos. Les chasseurs sont devenus des feignants ordinaires, incapables de se passer de moteur. Tout comme les traileurs, incapables de porter plus qu’un camel-back, dont les courses dépendent de ravitos des fois achalandés par hélicoptère. Comme quoi, il y a bien plus de points communs qu’on le croit, entre chasseurs et Quechua. Si Alpinus redoutait les omnibus déferlant en montagne, il louait en même temps, pour tous, la Div-Aria, l’air des montagnes, permettant d’éveiller les « générosités de l’âme ». Alors pourquoi ne pas oser la réconciliation ? Et peut-être chercher les moyens de mettre, loin des chasses mercantiles et de selfies égotiques, plus de poésie dans la pratique de la montagne. Pourquoi pas en s’inspirant d’Alpinus, celui qui donnait tant envie d’aller se promener
« Aux lieux bénis ou se rencontre
La fraise à côté des glaciers,
Où jamais le pied ne bute contre
Les avocats et les banquiers. »
(Ah merde, aujourd’hui les banquiers vont en montagne)