Scandale à GIE : L’informatique ne connaît pas l’austérité
Alors que l’argent public manque de toutes parts, cette histoire grenobloise risque de faire grincer quelques dents. Au milieu des années 1980, le bon Carignon crée Agir informatique, afin de s’occuper notamment de l’exploitation informatique de la ville de Grenoble et du CCAS. Cette société est un GIE (groupement d’intérêt économique), c’est-à-dire qu’elle est financée par de l’argent public, mais que les salariés sont en contrat privé. Tout bénéf. Règne alors une certaine « autogestion » : la mairie qui finance n’a pas de droit de regard sur le montant des salaires – très élevés (2700 euros au minimum).
On dépasse les 3000 euros net sans compétences particulières. Le dernier traitement de l’administratrice était ainsi à 6000 euros net. Les salaires ont parfois bénéficié de 5 % d’augmentation annuelle.
à partir de 2003, le maire Destot décide de commencer à mettre fin à cette gabegie, en remplaçant tous les départs à la retraite par des fonctionnaires, aux salaires encadrés. Pendant des années cohabitent donc de grandes disparités dans les salaires : certains fonctionnaires recrutés en tant qu’ingénieurs touchent 1500 euros net tandis que le détenteur d’un CAP en comptabilité émarge à 3200 euros.
En 2014, Piolle met définitivement fin au GIE à l’occasion du transfert de certaines compétences à la Métropole au début de l’année 2016. Le problème, c’est qu’il reste encore quelques contrats de droits privés. Piolle leur laisse le choix entre leur réembauche en CDI avec un salaire « normal » ou la démission.
S’ensuit une bataille juridique entre Agir et la ville, sur les statuts et les salaires. L’avocat des salariés est payé par Agir (qui est financé par des fonds publics, rappelez-vous), tandis que celui de la ville vient de Valence pour éviter un conflit d’intérêt. Le tribunal statue sur des baisses de salaire de « seulement » 5 et 10 % pour la reprise en CDI. Neuf personnes rejoignent alors la ville. Au final : un ingénieur (réel celui-ci) est parti, un autre salarié en âge de la retraite également, une comptable est prolongée comme consultante, quatre sont réembauchés avec des CDD de 2 à 3 mois, tous avec des baisses de salaires de 30%.
Mais huit autres refusent le CDI et se font donc licencier au 31 décembre 2015. Sauf que le service juridique de la ville ne semble pas bien doué : l’avocat d’Agir porte l’affaire au tribunal administratif pour vice de forme (concernant les dates de notification données aux salariés) et gagne des montants d’indemnité astronomiques. La ville doit payer 500 000 euros (soit plus que la Fête des Tuiles !) pour huit salariés, dont trois sont en âge de la retraite. L’administratrice, à elle seule, touche un peu plus de 100.000 euros.
Le pompon, c’est que pendant les trois premiers mois de 2016, la ville n’a pas le droit de réembaucher des personnes sur les postes des personnes salariées. Ceux qui restent ont donc dû trimer sec : ont-ils pensé à leurs anciens collègues, qui se sont certainement payés de bonnes vacances ?