Avoir des informations de l’intérieur de la majorité relève du sport de combat : la plupart des élus et militants sollicités ont refusé net de nous parler, comme si nous avions la peste brune (voir édito page 2). La poignée qui a accepté a pris mille précautions pour que nous ne retranscrivions pas l’intégralité de leur propos, voire certains mots employés. Une quasi-ambiance de chasse aux sorcières, très loin de la « bienveillance » censée irriguer la bande à Piolle.
Faut dire que nous arrivions après Le Daubé qui, pour une fois avait fait une part du travail, en évoquant (le 27/05 et 01/06) les profonds désaccords politiques à l’intérieur de la majorité et en révélant que tout avait été mis en œuvre pour étouffer l’expression publique des « opposants ».
Devant autant de difficultés à faire parler librement les uns et les autres, nous avons dû recourir à un subterfuge. Pour vous raconter le fil des événements, nous avons décidé de vous livrer les témoignages « presque imaginaires » de Gaël, Julien, Xavier, Odile et Thierry, noms fictifs de membres de ce que certains ont nommé le « Politburo ». Ce groupe informel est constitué des élus les plus influents, dont la plupart sont membres de EELV, ainsi que de différents membres du cabinet du maire. [1] Cet artifice littéraire basé sur de véritables faits nous permet de nous affranchir des formules, du vocabulaire de nos sources qui, comme au bon vieux temps du PS et de l’UMP, ont peur de se faire marginaliser et de ne plus avoir droit à la parole pendant cinq ans. Voici donc un article émaillé de citations inventées mais basé uniquement sur de véritables faits… Du journalisme embedded sous camouflage : voilà enfin une véritable innovation permise par la municipalité Piolle !
Entrons donc dans le vif du sujet : l’éclairage public, la grosse polémique de l’automne dernier que nous avions traitée dans Le Postillon n°28 (voir encart). Cinq mois plus tard, un article du Daubé (25/04/2015) nous apprend que la majorité municipale a pris sa décision : elle confiera le marché de l’éclairage public pour les huit prochaines années à Vinci tout en créant une régie municipale « qui veillera au respect du contrat passé avec le groupement privé pendant huit ans ». Jacques Wiart et Alan Confesson, les deux élus présentant cette conclusion, parlent dans le journal « d’une décision sereine et volontaire ».
« Une décision sereine » : à l’étude, ces trois mots sonnent aussi juste qu’« un Carignon honnête ». Car cette prise de décision a été le théâtre des premières véritables frictions au sein de la majorité.
Gaël, du Politburo, nous explique le scénario : « Après l’arrêt du Conseil municipal par les salariés de GEG, on pensait pouvoir tranquillement revenir à la solution avec Vinci puisqu’on était sûrs que les salariés de GEG refuseraient d’intégrer une régie où ils perdraient 30% de leur pouvoir d’achat. Il nous suffisait juste de dire : pas de salariés compétents, donc pas de régie… Ça a été effectivement le cas mais certains élus idéologisés ont voulu à tout prix qu’on étudie vraiment le scénario “régie seule”. Comme on voulait pas que ça aboutisse, on leur a dit OK mais on a rendu toute étude impossible en refusant de leur fournir les documents chiffrés et que les services travaillent dessus. » C’est ce que dira d’une autre façon, le conseiller municipal Jérôme Soldeville, qui dans Le Monde (10/06/2015) a déploré que « la majorité aurait pu travailler sur d’autres scénarios ».
Julien, membre éminent du Politburo, poursuit : « On était parvenus à réduire à néant toute étude mais nous étions bloqués : aucune solution de sortie à l’horizon… Heureusement, il y a un élu qui a eu une idée lumineuse : proposer de faire “piloter” Vinci par une régie. Ça n’avait bien sûr aucun intérêt puisque, de toutes façons, Vinci s’est engagé dans le marché sur une liste de travaux avec des montants fixés quasiment impossible à modifier si ce n’est à la marge. Mais, même sans étudier sérieusement la régie, ça permettait à beaucoup d’élus de voter cette solution en ayant l’impression de ne pas se renier. Idéal ! »
C’est effectivement ce qui est proposé au vote des élus. Face aux scénarios « régie seule » et « Vinci seul », « idéal » mais repoussoir, le scénario « ceintures (régie) et bretelles (Vinci) » l’emporte haut la main. La stratégie classique de la troisième-solution-bâtarde-attrape-tout-synthèse-des-deux-autres a une fois de plus fait ses preuves. Seul hic, pour convaincre tout le monde de voter, ce premier vote avait été présenté comme « indicatif ». « Sitôt la réunion finie, on l’a évidemment, transformé en vote « définitif » mais ça n’a pas suffi, complète Julien, les élus qui avaient voté pour la “régie seule” ne sont pas laissés faire et ont demandé un débat et un véritable vote définitif. C’est vrai que la ficelle était un peu grosse… »
Entre temps, Raymond Avrillier lui-même s’en est mêlé. Le héraut de l’autre-gauche grenobloise – dont la présence sur sa liste a été maintes fois présentée comme un très grand honneur par Piolle – a pris position contre l’option Vinci et pour un service public municipal, un scénario dont l’instruction a été torpillée par le Politburo et par conséquent jamais proposée au débat aux élus. Raymond Avrillier s’est également étonné de voir que la volonté politique était en opposition avec les promesses électorales et a prévenu que le choix de Vinci était sans doute attaquable en justice. En outre, il a révélé qu’il avait demandé depuis longtemps des documents administratifs relatifs à ce « marché », mais que
la mairie ne les lui avait jamais communiqués - une pratique rappelant amèrement l’ère Destot. Alors qu’il y a maintenant une adjointe en charge de « l’accès à l’information et de la libération des données publiques », ces retards ont forcément fait tache. Mais cette semonce n’a en rien entamé la volonté du Politburo d’imposer le choix de Vinci.
Xavier est un autre pilier du Politburo. Il raconte la suite : « Bon c’est sûr que contourner Raymond [NDLR. Avrillier] a été un peu plus délicat. Heureusement qu’on est parvenus à le faire passer pour “le malade du recours”… Mais devant l’insistance des pro-régie, on a été obligés de lâcher : on a organisé un vrai débat et un vrai vote en allant voir avant un certain nombre d’élus incertains. Ça a failli foirer quand un élu a demandé à voter à bulletins secrets. Heureusement, on est finalement parvenus à imposer le vote à main levée, ce qui a évidemment empêché plusieurs personnes indécises de voter pour la régie. Au final, seulement une dizaine de personnes ont voté contre Vinci. Donc à ce moment-là, on a cru que c’était gagné, que les réfractaires allaient se plier à la discipline de groupe et voter “pour” lors du conseil municipal. On a donc décidé de vite communiquer dessus et de faire une conférence de presse pour présenter cette “décision sereine”. »
Mais rien ne s’est passé comme prévu : les élus « contre » ont continué de s’activer, certains ont demandé toutes les pièces du dossier sans parvenir à en obtenir la totalité. Les données publiques semblent encore bien loin d’être « libérées », même pour les élus de la majorité. Patrice enchaîne : « Une semaine avant le conseil municipal où cette décision devait être votée, des élus ont annoncé qu’ils voteront contre. Les emmerdeurs... on s’est donc activés pour les faire changer d’avis : au cours d’une réunion, on leur a même proposé d’aller pisser pendant le vote, on leur a dit “qu’on était pas là pour se faire plaisir”, que c’était le début de la fin… mais rien n’y a fait. Jusqu’au jour du conseil, on a multiplié les coups de fil, fait du chantage à l’unité… en toute camaraderie bien sûr. »
Finalement le jour du vote, cinq conseillers municipaux ont voté « contre » : trois membres d’Ensemble ! (Antoine Back, Bernard Macret et Guy Tuscher) et deux membres du Parti de Gauche (Jérôme Soldeville et Bernadette Richard-Finot). Odile a suivi le dossier de très près. Elle complète : « Bon c’est un moindre mal parce qu’encore la veille au soir, quatre autres élus avaient prévu de s’abstenir. On est parvenus in extremis à les faire revenir à la raison ».
Mais c’est la première fois que des élus se différencient du reste du groupe. Odile poursuit : « Pour sauver la face, on a imposé aux “frondeurs” de ne pas expliquer leur vote pendant le conseil et d’accepter une déclaration commune, où leur dissension est expliquée par les mauvais choix de la municipalité précédente. C’est faux, évidemment, mais au moins on a gardé une unité de façade. » Comme on le voit, la décision a été « sereine » jusqu’au bout.
Tellement « sereine » qu’elle a occasionné des dissensions dans tous les mouvements qui composent le Rassemblement au pouvoir à Grenoble : à l’ADES, au Réseau citoyen, mais particulièrement au parti de Gauche. Les différentes positions des élus de ce parti (deux « frondeurs » ont voté contre Vinci, cinq ont voté pour) sont révélatrices des tensions qui traversent ce mouvement à Grenoble. Thierry a lui aussi l’honneur de faire partie du Politburo. Il nous raconte : « La situation en interne est compliquée depuis des mois, depuis le début de notre arrivée au pouvoir. L’ambiance est beaucoup moins vivante qu’avant et pendant la campagne. Le problème c’est que des militants aimeraient se mêler du travail des élus et ont des positions trop idéologiques dès que les dossiers sont un peu tendus. Sans compter certains élus qui campent quelquefois, eux aussi, sur des positions dogmatiques et irréalistes. Il faudrait que tous ceux-là comprennent qu’on n’est plus en campagne et qu’il faut laisser tranquillement le cab… euh… les élus faire le job ! »
Ces tensions se sont notamment cristallisées autour de la question de l’éclairage public et ont abouti à la démission d’Alain Dontaine, co-secrétaire du comité du Parti de gauche de Grenoble. Thierry admet, gêné : « c’est vrai que le comité de Grenoble a voté sur le marché de l’éclairage public et c’est le “contre” qui l’a emporté. Mais les militants sont trop éloignés des contraintes que nous avons. Alain Dontaine s’est senti désavoué et a préféré partir ». Ce sont donc les deux « frondeurs » (Jérôme Soldeville et Bernadette Richard-Finot) qui ont suivi la ligne de leur parti, et non les cinq autres élus ayant voté « pour ».
Les néo-élus grenoblois se voient comme une avant-garde ayant l’obligation de « réussir », et peu importe la méthode. Certes, ce « modèle grenoblois » est scruté de près au plus haut niveau national, du côté de ses partisans (les appareils parisiens d’EELV ou du Parti de Gauche), comme de ses opposants : suite aux départementales, le premier ministre Manuel Valls a profité de la simple stagnation des scores du Rassemblement à Grenoble pour asséner que « l’expérience de Grenoble n’a pas marché, l’idée d’un Podemos à la française n’a pas marché » (il faut dire que l’expérience du parti socialiste a particulièrement « marché » aux dernières départementales). Mais cette médiatisation nationale est-elle une raison pour faire taire les divergences et exercer sans cesse un chantage à l’union ? Une expérience politique « originale » n’a-t-elle pas tout intérêt à faire vivre le débat en son sein ? Les rouges & verts ne devraient-ils pas garder une manière singulière de fonctionner, loin des travers habituels de la bureaucratie ?
Face à ces questionnements, Thierry argumente : « Il nous faut coûte que coûte suivre la ligne du Parti de Gauche national – donc de l’alliance avec les Verts. Si on se rapproche d’Ensemble !, cela ne va rien nous rapporter électoralement. Nous, on voit plus loin que le bout de la cuvette : ce sont les enjeux nationaux qui guident notre action. » Quand on lui demande si ce serait possible de trancher les sujets sensibles sans appeler Paris, Gaël, lui, devient tout rouge : « Mais on y peut rien : toute la France nous regarde ! Si on ne réussit pas, Marine Le Pen va gagner en 2017 ». Et tout d’un coup, il pète un plomb : « C’est pour ça qu’il ne faut pas qu’on débatte, qu’on ait des désaccords… il faut rester unis à tout prix, que la réalité corresponde à notre communication ! »
Le Politburo semble développer une théorie comparant la majorité à une « forteresse assiégée ». Pour eux, le monde entier (les médias locaux et nationaux, les oppositions, les réseaux de pouvoir) est contre eux et donc il faut faire bloc coûte que coûte, « rester groupés », tel « les randonneurs » devant les intempéries dans le film éponyme avec Benoît Poelvoorde. « La menace extérieure », un truc vieux comme le monde pour souder un groupe et surtout lui faire suivre sans sourciller, sous prétexte de « solidarité indispensable », la ligne préparée par un petit groupe, le Politburo. Vous y ajoutez une bonne dose de « bienveillance » pour lier tout ça, innovation grenobloise oblige, et voilà votre « autoritarisme » drapé en « Fort Alamo de la Bienveillance ». « Il n’y a pas de problèmes entre nous », « On est une grande famille, on part même des week-ends ensemble en séminaire », « il n’y a que de la bienveillance entre nous » : voilà ce que nous ont répété à tue-tête Gaël, Thierry, ou Odile !
Toute équipe un peu « différente » arrivant au pouvoir se heurte bien souvent à son exercice et aux contradictions qu’il fait naître. La bande à Piolle se retrouve ces derniers mois à valider des choix qu’elle aurait durement critiqués si elle avait été dans l’opposition : outre cette question de l’éclairage public, l’évacuation annoncée du grand bidonville d’Esmonin, peuplé de quatre cents personnes originaires de l’Europe de l’Est, a de quoi faire faire quelques nuits blanches à certains élus ayant soutenu les luttes des migrants et s’étant précédemment insurgés contre des évacuations de camps. Fin mai, un épisode traumatisant a déjà eu lieu : le jardin d’une maison vide appartenant à la ville dans le quartier des Eaux-claires a été squatté par des militants - certains appartenaient à RESF (Réseau éducations sans frontières) dont Piolle était membre - pour loger deux familles avec enfants vivant à la rue. La ville ayant un autre projet sur ce bâtiment, elle a exclu d’emblée toute solution négociée et fait appel à la préfecture pour expulser les méchants squatters. La préfecture semblant prendre un petit plaisir à mettre la nouvelle équipe municipale dans l’embarras, la police a effectué une expulsion particulièrement violente (gaz lacrymogène, coups de matraque et même coups de chaîne). Tout ça pour le jardin d’une maison vide... Nombre de militants des partis de la majorité ont mal vécu cette répression disproportionnée et cette impossibilité de négociation avec la municipalité.
Si ces décisions prises par la majorité sont en contradiction avec les idées de la plupart de ses membres, le fonctionnement interne semble être également bien loin de leurs idéaux. Odile précise : « Certains ne comprennent pas qu’il faut une ‘‘discipline de gestion’’. Alors oui on est une bureaucratie, mais qu’ont-ils d’autre à proposer ? ». Ces reniements donnent l’impression à certains que l’ équipe rouge-verte est en train de saboter un espoir, de « vivre son 1983 » (année où Mitterrand arrêta d’appliquer une politique de gauche, appelée aussi « le tournant de la rigueur » et que certains qualifient de « tournant néo-libéral »).
Ceux qui nous ont donné des informations ne sont pas des séditieux, ni des « agents de l’étranger ». Élus ou simples militants, ils se sont donnés sans compter pour faire élire cette équipe, pour qu’elle réussisse. S’ils parlent c’est parce qu’ils pensent par eux-mêmes, parce qu’ils ne peuvent pas se contenter de seulement suivre les ordres. Bref, parce qu’ils sont animés par des valeurs qui, croient-ils, sont au moins en partie partagées par la bande à Piolle. Pour conclure, on laissera donc la parole à l’une de ceux-là qui, finalement, a accepté qu’on la cite sans subterfuge : « Notre arrivée au pouvoir a montré à beaucoup que l’invention en politique était encore chose possible : notre diversité, nos pratiques voire parfois notre “amateurisme”… ont été l’expression même de notre slogan “Grenoble, une ville pour tous”. Ce processus d’invention s’est tout d’un coup figé en se confrontant à la gestion où la prudence confine souvent à l’immobilisme, quand ce n’est pas au conservatisme. Il faut le réanimer. Par exemple, en utilisant, comme pendant la campagne, nos différences, nos désaccords non comme des freins mais comme des moteurs. Si il y a des votes contre, c’est très bien : ça fait du débat public. Qu’a-t-on à craindre ? Que les oppositions s’insurgent ? Et alors ? De toute façon, elles le feront. On a tout à gagner à ce que le débat s’élargisse, à ne pas ressembler à cette majorité Destot qui quoi qu’il arrive votait “comme un seul homme” toutes les délibérations. C’est le seul vrai remède pour lutter contre l’abstention, revivifier la démocratie et le débat politique. “Enfin, de l’air…” : c’est ce que de nombreux sympathisants nous ont dit après le vote des cinq ‘‘frondeurs’’… »
Privatiser pour mieux municipaliser
à propos de l’éclairage public (sujet largement traité dans Le Postillon n°28), on rappellera juste ici que la nouvelle municipalité verte-rouge de Grenoble avait décidé, suite à un appel d’offres, de confier la gestion des lampadaires à Citéos, une filiale de Vinci au détriment de GEG, une société d’économie mixte appartenant à la ville de Grenoble. Qu’elle avait entièrement rejeté la faute de cette décision sur ses prédécesseurs - qui avaient lancé ce fameux CREM [2] -, et insisté pour dire que de toute façon GEG n’était pas une structure publique, vu que GDF-Suez (machine à dividendes désormais appelée Engie) y est actionnaire à 42 %. Qu’elle avait soutenu un étrange raisonnement : cette privatisation allait permettre de mieux municipaliser l’éclairage public dans huit ans, à échéance du contrat. Qu’elle avait beaucoup insisté sur l’importance de son « Plan lumières », ayant pour but de moderniser l’éclairage public, ce qui nous faisait écrire : « Peut-être que leur courage politique n’est pas à l’endroit attendu. Pas pour combattre les multinationales, pas pour défendre le service public, mais pour aboutir à des résultats éco-techniques ». Que les salariés de GEG avaient fait annuler le conseil municipal qui devait entériner cette décision en intervenant de façon musclée. Que finalement les élus de la majorité municipale avaient décidé de repousser l’échéance - chose qu’ils disaient impossible avant le conseil municipal annulé - et de se laisser le temps d’étudier un autre scénario, celui de la régie municipale. On en était là avant les épisodes racontés dans ce texte.
à propos de l’éclairage public (sujet largement traité dans Le Postillon n°28), on rappellera juste ici que la nouvelle municipalité verte-rouge de Grenoble avait décidé, suite à un appel d’offres, de confier la gestion des lampadaires à Citéos, une filiale de Vinci au détriment de GEG, une société d’économie mixte appartenant à la ville de Grenoble. Qu’elle avait entièrement rejeté la faute de cette décision sur ses prédécesseurs - qui avaient lancé ce fameux CREM [2] -, et insisté pour dire que de toute façon GEG n’était pas une structure publique, vu que GDF-Suez (machine à dividendes désormais appelée Engie) y est actionnaire à 42 %. Qu’elle avait soutenu un étrange raisonnement : cette privatisation allait permettre de mieux municipaliser l’éclairage public dans huit ans, à échéance du contrat. Qu’elle avait beaucoup insisté sur l’importance de son « Plan lumières », ayant pour but de moderniser l’éclairage public, ce qui nous faisait écrire : « Peut-être que leur courage politique n’est pas à l’endroit attendu. Pas pour combattre les multinationales, pas pour défendre le service public, mais pour aboutir à des résultats éco-techniques ». Que les salariés de GEG avaient fait annuler le conseil municipal qui devait entériner cette décision en intervenant de façon musclée. Que finalement les élus de la majorité municipale avaient décidé de repousser l’échéance - chose qu’ils disaient impossible avant le conseil municipal annulé - et de se laisser le temps d’étudier un autre scénario, celui de la régie municipale. On en était là avant les épisodes racontés dans ce texte.