Accueil > Oct / Nov 2015 / N°32
Toujours plus con : « la nature connectée » !
Grenoble étant une ville de montagne et de nouvelles technologies, il fallait bien que des nigauds cherchent à gagner de l’argent en liant les deux. Qu’ils suivent l’air du temps pour développer la « montagne 2.0 ». Le magazine publicitaire Spot (mai 2015) nous avait prévenu dès ce printemps : « Rando2.0 : la technologie s’invite sur nos sentiers. Les randonneurs veulent rester connectés : comment répondre à cette attente ? » On apprend dans ce dossier que le peuple Quechua de Grenoble va pouvoir agrandir sa panoplie d’objets de sa marque préférée. La star des vestes polaires a développé un « smartphone tout-terrain », une « application Quechua trekking » et a même créé une « cellule Connected hicker pour coller à cette tendance. Jean-Charles Laügt, responsable de la cellule : ‘‘Nous observons énormément les pratiquants. Le connecté ne s’arrête plus au bord des vallées : il va en montagne. Les gens ont besoin et expriment ce besoin d’être connectés’’. » Une société grenobloise vient donc de se lancer pour exploiter ce « besoin d’être connecté » : créée dans le but de « simplifier la randonnée », elle s’appelle EasyMountain et propose une application qui « vous permet de partager une nouvelle expérience ‘‘augmentée’’ de la randonnée ». Soutenu par Grenoble Montagne, cette application a un slogan évocateur : « la nature connectée ». Un responsable explique le principe au Daubé (25/06/2015) : « Nous avons un catalogue de sorties. Vos choisissez le parcours de votre choix, l’application vous guide jusqu’au parking de départ (finies les fois où on se gare six lacets plus bas !). Arrivés sur place, la navigation commence : une notification vous indique au bon moment s’il y a un changement de direction. Elle fonctionne même hors couverture réseau. (…) Tout au long de votre parcours, vous aurez des informations sur la faune et la flore, le nom des sommets, des quiz aussi pour les enfants... Et tout ça avec un guide en ligne, ce qui donne un petit côté humain à cette randonnée digitale ». Sur une des images de leur site, on voit un randonneur moderne : au lieu d’avoir bêtement le nez en l’air pour reconnaître les arbres alentour ou profiter du paysage, il fixe son smartphone qui lui indique que « l’itinéraire tourne sur la gauche, trente mètres après le début de la clairière ». Le GPS a rendu la majorité des êtres humains incapable de lire une carte routière, ce genre d’applications va encore diminuer la proportion de randonneurs capables de lire une carte IGN, ou même de suivre la signalisation des sentiers. On attend avec impatience la prochaine innovation : la randonnée virtuelle, accessible pour tous depuis le canapé, ce qui nous évitera de croiser sur les sentiers trop de smartphone-dépendants demandant à leur joujou le nom d’une plante ou s’il faut monter ou descendre.