On veut (un peu) d’argent Un appel à dons « moyen »
Jusqu’ici on n’avait rien contre Bruno Moyen.
Remarquez qu’on n’avait rien pour non plus hein.
Son travail de photographe ne nous a jamais touchés : on n’est pas trop sensibles aux photos d’immeubles, matière de son livre « Grenoble sous un autre angle ».
Enfin, chacun ses goûts, ses hobbies, ses choix de clients.
Dans ses travaux de « commande », lui photographie des imprimantes, des bijoux, des verres de vin ou des élus. C’est complètement sans intérêt, mais pourquoi pas ? Faut bien prendre l’argent là où il est.
Mais lui semble également vouloir le prendre là où il n’est pas.
Comme on l’avait retranscrit dans le courrier des lecteurs du dernier numéro, le monsieur nous a envoyé un mail pour nous demander d’arrêter d’utiliser une photo d’Olivier Véran (illustrant un article de 2018 et des affiches de promotion du journal collées l’année dernière). Demande à laquelle on a répondu par l’affirmative, tout en s’excusant de ne pas lui avoir demandé l’autorisation. Faut dire qu’on ne savait pas du tout que c’était lui l’auteur de la photo : un lecteur nous l’avait envoyée sans préciser son origine.
Une réclamation acceptée, des excuses : l’affaire aurait dû en rester là mais fin mai, patatras ! Le monsieur nous appelle pour nous réclamer le paiement de la facture envoyée. Devant notre surprise, il nous assure avoir envoyé une facture par recommandé deux mois auparavant et que vu qu’on ne l’avait pas contestée, on devait lui régler sous peine de poursuite judiciaire.
Comme tout le monde, on subit depuis de nombreux mois et années les avaries du service public de distribution de courrier (voir page 22), mais on a beau assurer au monsieur qu’on n’a jamais reçu ni recommandé ni avis de réception, lui n’a rien voulu savoir. Assurant être dans son bon droit et nous menaçant encore de poursuites judiciaires, il nous a ré-envoyé la facture par mail.
L’ouverture de la pièce jointe nous a fait mal : sa « note de droits d’auteur n°500 » nous réclamait 2350 euros ! 500 euros pour les droits d’utilisation de la photo, majorés de 100 % pour « non avertissement », majorés de 100 % pour « non signature », majorés de 100 % pour « altération significative », le tout saupoudré de 150 euros de frais d’huissier et de 10 % de TVA.
2 350 euros pour une photo pour laquelle il a déjà été payé par le commanditaire : pourquoi s’embêter quand on peut essayer de gratter le maximum ? C’est qu’en plus le monsieur n’a pas l’air dans le besoin : une rapide recherche internet montre qu’il loue avec sa compagne trois appartements meublés pour du « tourisme d’affaire », à 425 euros les 5 nuits quand même.
Quant au commanditaire, le ministre Véran donc, lui n’a jamais rien dit quant à l’utilisation de cette photo : faut dire qu’elle n’est pas du tout déshonorante pour lui, voire même avantageuse, illustrant le petit côté « décalé » et « fun » qu’il aime bien entretenir derrière son activisme de techno-libéral autoritaire. Pour la petite histoire, on a recontacté le lecteur nous ayant envoyé la photo : il nous a raconté avoir trouvé cette image sur un disque dur abandonné dans une poubelle proche de l’ancien local parlementaire d’Olivier Véran. Il ne s’agit donc même pas d’une photo volée, juste une récup’ de déchets informatiques. Rien de méchant.
Alors on explique au monsieur l’évidence : on est un petit journal sans le sou, on bricole un canard avec trois bouts de ficelle, on ne paye pas toujours nos pigistes, et quand on le fait c’est au maximum 280 euros pour plusieurs journées de boulot. Dans sa grande bonté, Bruno Moyen consent à faire un geste, mais nous réclame quand même 550 euros dernier prix « à payer dans la semaine ». Accablé par la flemme d’un combat judiciaire, on capitule de guerre lasse et lui déposons un chèque avec la somme réclamée.
Bon c’est sûr, c’est plus l’amer que la mer à boire. Mais cette dépense imprévue et injuste arrive en plus dans un moment où nos comptes s’approchent du rouge, entre l’espacement des numéros, l’augmentation du Smic, un (trop) grand nombre de piges payées ces derniers mois, etc... Alors on va adapter la voilure pour vivre avec nos (faibles) moyens mais en attendant, on lance cet appel à dons, ni dramatique, ni absolument nécessaire. Un appel à dons « moyen ».
Si le cœur vous en dit et que votre porte-monnaie le permet, vous pouvez envoyer un chèque (à l’ordre de Le Postillon) ou du liquide à Le Postillon, 42 avenue Jean Jaurès, 38600 Fontaine. L’avantage pour les gens insolvables, c’est que ces dons n’ouvrent droit à aucune réduction d’impôts : ceux qui paient des impôts perdront donc réellement tout l’argent donné, comme vous.