Les directions du Conseil général et de la Métro sont prêts à tout pour faire passer la pilule. Même à exposer des grossières erreurs de calcul relevées par des agents du Conseil général. Dans une lettre du 20 décembre, le président du Conseil général André Vallini, écrit aux agents : « Les agents départementaux travaillent 1533 heures par an, soit 74 heures de moins que la durée légale de travail de 1607 heures par an (35 heures par semaine) dans la fonction publique territoriale. La plupart travaillent 39 heures par semaine pendant 41 semaines (...) ». Or 39 x 41, ça ne fait pas 1533 mais bien 1599 heures. Est-ce une grosse bourde ou une manœuvre délibérée pour faire passer les agents du Conseil général pour des feignants ?
- Manif du personnel du Conseil général le 10 janvIer 2014. Dédé Vallini a merdé : c’est 1599, pas 1533.
L’important, c’est l’affichage, pas les économies. Lors de la manifestation du 10 janvier, un agent de la voirie au Conseil général analyse : « C’est idiot car en vérité aujourd’hui, on fait plein d’heures supplémentaires non payées. Quand on a pas fini un chantier à 17h, et que normalement on doit s’arrêter, on continue parce que c’est logique. Mais s’ils nous rajoutent des heures non payées, on va se mettre à être tatillons et au final cela ne va pas du tout faire des économies ». Nicolas Khaletzky, le secrétaire de la CGT-Métro, est du même avis : « Ce qu’ils veulent c’est se prévaloir que ce sont des gestionnaires responsables qui ont réussi à mettre au pas des fonctionnaires. Ils ne sont pas préoccupés par l’efficacité mais bien par l’affichage. (…) Ils ne mesurent pas le caractère complètement improductif de ce projet. La manière de faire ne peut que générer soit la honte et la résignation, soit la révolte. Objectivement, beaucoup d’agents se sentent mal au travail. On a un des plus fort taux d’absentéisme nationalement pour ce genre de structures. Leur projet de supprimer les jours du président représente au grand maximum 6000 jours de travail par an alors que l’absentéisme, c’est parfois plus de 30 000 jours par an. J’ai souvent l’impression de faire davantage d’accompagnement psychologique que de syndicalisme. Pour faire des économies, il faut d’abord régler ce problème. La façon de faire de la direction de la Métro ne pourra que l’aggraver ». Suite à un nouveau préavis de grève et à une « conférence sociale » le 7 janvier, le projet a été gelé pour un an à la Métro. Après ce report calculé en prévision des élections municipales, le projet risque de revenir en 2015 pour le passage à la « métropole », nouveau machin administratif (voir Le Postillon n°22). Au Conseil général par contre, tout est maintenu pour l’instant. Une des salariées nous explique : « ce qui se passe au Conseil général, c’est la remise en cause des lois Aubry (NDR : réduction du temps de travail), même Sarkozy et Chirac n’avaient pas osé y toucher. Le service public se dégrade de plus en plus ».
La métropole, c’est le nivellement par le bas pour les salariés. Une des raisons invoquées pour faire travailler plus ses agents est la différence de traitement dans les autres communautés de communes (Balcon sud de la Chartreuse et Sud-Grenoblois) qui ont rejoint la Métro au premier Janvier 2014. Pour la direction, vu que les autres salariés n’ont pas les mêmes avantages, il faut harmoniser, c’est-à-dire niveler par le bas. La possibilité de donner les mêmes avantages pour les salariés des autres communautés n’a par contre jamais été évoquée. Pour les élus, la question se pose différemment. Pour satisfaire tout le monde suite à l’élargissement, la Métro vient de passer de 22 à 40 vice-présidents, pour au moins quatre mois. Tous sont indemnisés au taux fort, c’est-à-dire près de 1600 euros par mois. Et peu importe si les intitulés de ces postes sont souvent loufoques et redondants : Catherine Kamowski est 20ème vice-présidente à « l’économie de la collecte et de la valorisation des déchets » alors que Francis Carré est 23ème vice-président au « tri sélectif ». Au moins les poubelles seront bien gardées. Christophe Mayoussier est 25ème vice-président à « l’assainissement et aux eaux pluviales », tandis que Jean-Luc Poulet est 28ème vice-président à « l’assainissement non collectif ». On ne sait pas par contre qui est en charge de l’assainissement des comptes publics. Fabrice Hugelé, lui, est 34ème vice-président à l’énigmatique « suivi de l’extension du territoire métropolitain ». C’est-à-dire du Sillon Alpin ? Le meilleur pour la fin : Christiane Raffin est 7ème vice-présidente aux « sentiers » alors qu’Alberte Dessarts, 31ème vice-présidente, a en charge, « l’aménagement des sentiers » ! À un tel niveau de foutage de gueule, on en vient à soupçonner la Métro de vouloir nous faire marcher. En tout cas, Baietto assume ces inepties et ce gaspillage d’argent public sans complexes. Quand le site internet Place Gre’net (19/12/2013) lui pose la question : « à trois mois du renouvellement de l’assemblée et alors que vous êtes candidat à votre propre succession, cela peut aussi s’apparenter à un cadeau politique pour vous attirer des votes favorables ? », il répond « Quand bien même ce serait le cas, serait-ce scandaleux ? ». Sans commentaires.
Les économies ne concernent pas les haut-salaires. La direction de la Métro, veut faire travailler plus les éboueurs, à peine davantage payés que le Smic et qui ont un travail pénible. Il faut dire que la réalité de leur boulot n’est peut-être pas bien connue des élus de la Métro, quasiment tous issus de professions « supérieures ». Se lever à trois heures du matin, monter et descendre d’un camion, être en contact toute la journée avec des ordures : est-ce qu’un seul d’entre eux sait réellement ce que cela signifie ? On peut en douter suite à l’absence de réactions face aux discours stigmatisants voire humiliant pour certains fonctionnaires. Pour discréditer la grève des éboueurs, la Métro a pu également compter sur Le Daubé (27/11/2013) qui, après avoir exagéré le nombre de jours de congés des agents de la Métro, s’est permis de conclure : « Nombre de petits salariés, et en particulier ceux des petites entreprises ayant au total les cinq semaines légales de congés payés et aucun RTT doivent trouver qu’il fait bon travailler à la Métro. » Et pan ! Si c’est pour dire ça, nous ne pouvons que conseiller au gratte-papier d’aller bosser directement au service com’ de la Métro : il sera mieux payé et aura plus de congés. Aucun commentaire par contre sur le traitement des cadres qui continuent à être choyés et qui ne sont menacés par aucun plan de rigueur. Le directeur général des services de la Métro, Pierre Tonneau, touche près de 11 000 euros par mois (en comptant son salaire, ses primes et ses nombreux avantages en nature, dont un logement à 1500 euros à la caserne de Bonne).
Le Conseil général « change régulièrement le parc des bagnoles de la direction. Certaines grosses cylindrées sont vendues aux enchères après deux ans d’usage, ils peuvent pas les garder plus longtemps ? Eux parlent gros sous et nous on est au contact avec le public qu’on aide, il y a un véritable décalage » dénonce un employé. La CGT-Métro pose la question dans un tract : « Puisque la réduction de la ‘‘masse salariale’’ est désormais l’alpha et l’oméga de la politique menée en direction du personnel, pourquoi ne pas commencer par réduire drastiquement les trente plus hauts salaires de Grenoble-Alpes Métropole ? Et pourquoi pas les indemnités des élus ? » En attendant de mettre en place cette proposition, Martine, elle l’a toujours mauvaise : « je suis désabusée, c’est pas demain la veille que je vais re-voter PS. »