Libérez les piétons enfermés dans les voitures !
Demander aux cyclistes de respecter le code de la route, c’est un peu comme demander aux promeneurs de passer le permis de chasse pour circuler en forêt. La plupart des accidents de vélo sont en effet causés par des voitures - c’était le cas pour les derniers morts à vélo en Isère, pour ne parler que des cas les plus dramatiques. Un vélo roule moins vite, pèse infiniment moins lourd qu’une voiture, et surtout, n’est pas mû par un moteur (sauf les vélomoteurs dits « vélo à assistance électrique », voir Le Postillon n°40 et 41). Pour un cycliste, s’arrêter et redémarrer consomme autant d’énergie que parcourir 80 mètres une fois lancé. Sachant qu’un cycliste n’a pas d’angle mort, le mettre à l’amende pour non respect d’un stop lorsqu’il n’y a pas de danger est-il pertinent ou inepte ? Le code de la route automobile est à ce point inadapté aux vélos que depuis quelques années, ceux-ci peuvent souvent tourner à droite au feu rouge ou circuler à contresens. Pourtant la mairie de Grenoble a décidé de frapper fort en renforçant les contrôles policiers, et en l’annonçant dans Gremag (n°16, sept-oct 2017) sous le titre « droits et devoirs des cyclistes ». On peut lire surtout des devoirs et le montant des amendes correspondant à l’absence de phare, de catadioptre, de sonnette, etc. On trouve également la recommandation de porter un casque (1) et de munir son vélo d’un écarteur de danger, ou l’interdiction de pédaler bourré. Autant signer la fin des soirées étudiantes !
En montrant les muscles face aux méchants cyclistes, la mairie veut surtout contenter tous ces habitants qui râlent sans cesse sur ces « vélos qui font n’importe quoi ». La seule manière connue de faire baisser les accidents de vélo est d’augmenter leur nombre, pas de dissuader les cyclistes potentiels avec une liste de « devoirs » à rallonge.
(1) Équipement à l’utilité toute relative. Lors d’accidents de la route, les cyclistes sont proportionnellement moins touchés à la tête que, entre autres, les piétons, selon l’Institut français des sciences et technologies, des transports, de l’aménagement et des réseaux (2009, cité par la Fubicy).