Les ultra-traileurs ont besoin d’hélicos
Non seulement ils courent, mais en plus ils ne polluent pas ! Si les traileurs pullulent de plus en plus dans les montagnes, important les valeurs de la compétition dans un univers jusque-là relativement préservé, il n’y a pas à s’inquiéter. Il s’agit d’un loisir « écologique », « en lien direct avec la nature », voire carrément « zéro carbone ». Depuis quatre ans, deux ultra-trails (courses de plus de 80 kilomètres) sont organisés à une semaine d’écart autour de Grenoble, dont les élus écolo-gauchistes aimeraient qu’elle devienne la « capitale du trail » (Place Gre’net, 21/03/2015) : l’UT4M fait le tour des quatre massifs (Vercors, Oisans, Belledonne et Chartreuse) sur 169 kilomètres, l’échappée belle propose une traversée intégrale du massif de Belledonne sur 144 kilomètres. Si les deux associations organisatrices se tirent la bourre pour attirer la lumière médiatique vers leur événement, elles se retrouvent sur l’amour de la nature. L’échappée belle assure s’inscrire « dans une démarche visant à limiter l’impact de la course sur l’environnement ». L’UT4M assure que, parmi ses valeurs, se trouve le « respect de l’environnement et de la nature bien sûr » grâce à des « éco-tasses », des couverts recyclables, ou du covoiturage. Le vice-président de la métropole grenobloise Claus Habfast, qui finance l’UT4M à hauteur de 50 000 euros, se félicite sur Twitter de cet « événement zéro carbone ». Et pourtant ! Les ultra-trails n’ont pas grand chose d’écolo. S’ils glorifient l’effort physique « zéro carbone », ils restent dépendants de nombreux moyens polluants pour se déplacer, à commencer par la voiture et l’hélicoptère. Les soutiens des traileurs, dont certains viennent de l’autre bout du monde (zéro-carbone, qu’on vous dit) font des centaines de kilomètres en bagnole pour aller de « bases-vie » en ravitaillements afin d’encourager leur poulain et lui amener son linge de rechange et ses gels nutritifs favoris. Encore plus « zéro carbone » : les organisateurs utilisent des hélicos pour amener aux ravitaillements non accessibles en bagnole de la bouffe, des tentes ou même du bois pour faire des feux : le 23 août dernier, un hélico faisait des rotations depuis Le Pleynet pour alimenter différents ravitos de l’échappée belle. La semaine d’avant, ils avaient également amené du matériel au refuge de la Pra. Pour faire le beau devant les appareils photo avec sa belle tenue fluo ultra-lègère, il y a du monde, mais pour faire quelques portages « à l’ancienne », il n’y a plus personne. Une solution : embaucher des ânes.