Accueil > été 2024 / N°73

Les techno-écolos ou la démocratie du strapontin

Après son incendie de septembre 2019, la salle du conseil municipal de Grenoble vient d’être rénovée. Lors de la séance du 13/05, Piolle déclare, grandiloquent, qu’elle est « à la mesure de notre conception de la démocratie et de la chose publique ». On tient donc enfin un instrument de mesure indiscutable de la démocratie selon Piolle et sa bande : la quantité de places assises laissées aux habitants pour assister au conseil. Dans la nouvelle configuration, elle a été quasiment divisé par deux, passant d’une cinquantaine à seulement 27. Voilà la véritable conception de la démocratie de cette municipalité : réduite de moitié !

Saluons au passage la « pudeur » de la presse locale sur le sujet qui a soit carrément oublié de mentionner cette diminution drastique (France Bleu, 13/05) soit usé de formules alambiquées («  La place du public a été repensée  », Les Affiches, 16/05) ou inexactes («  La partie réservée au public a légèrement rétréci puisqu’il n’y a plus que 27 places assises », Le Daubé, 13/05). Tous ont « oublié » de mentionner le nombre initial de places assises et de rappeler l’engagement n°14 de 2014 de l’équipe verte et rouge : « (…) La salle du conseil municipal sera rénovée pour agrandir l’espace réservé au public (…). » Heureux les gouvernants qui peuvent compter sur l’oubli journalistique de leurs fausses promesses.

Pendant le premier mandat de Piolle, il y a souvent eu des manifestations devant le conseil municipal, avec parfois quelques tambourinages sur le mur de séparation entre la salle du conseil et la salle des pas perdus pour faire résonner les slogans à l’intérieur même du conseil. En 2016, année de la suppression de trois bibliothèques, Piolle avait réglé le « problème » en interdisant aussi l’accès du public à cet espace. Pour la rénovation, l’artiste qui a remporté le « 1% culturel » va faire sceller deux petites oreilles en métal sur ce mur. Ceci afin que les habitants qui passent par là puissent, selon l’artiste, entendre « que c’est un récit à plusieurs qui s’est inscrit dans ce bâtiment »… Ou, selon l’adjointe aux cultures Lucille Lheureux : « Ces oreilles rappelleront aux élus que les jeunes générations nous écoutent et que nous avons une responsabilité d’avenir dans toutes les décisions que nous prenons » (Le Daubé, 19/05/2024). Enfin… Les jeunes et vieilles générations peuvent les « écouter » – mais surtout de loin et de préférence sur internet. La retransmission en ligne des séances du conseil est finalement la seule partie réalisée de l’engagement n°14 de 2014. C’est ça la démocratie vivante selon les techno-écolos grenoblois : tout le monde devant son écran et plus aucun manifestant au conseil !