Accueil > Hiver 2023-2024 / N°71

De Malville aux luttes actuelles

La révolution ne sera pas numérisée

Dans les milieux militants écologistes aussi, le smartphone devient de plus en plus obligatoire, le recours aux technologies numériques de plus en plus une évidence. Alors qu’un texte récent conteste l’utilisation invasive de ces technologies dans les luttes écolos, Le Postillon a recontacté certains acteurs de la plus grosse mobilisation anti nucléaire du coin : la manifestation contre le surgénérateur de Creys-Malville, ayant rassemblé 60 000 personnes en 1977. Avec quelques questions récurrentes : comment faisait-on pour s’organiser avant les smartphones et les mails ? Les nouvelles technologies de la communication simplifient-elles l’action des militants ?

Il y a Alexandre, vingtenaire investi dans plusieurs luttes locales jusqu’à il y a trois ans. Après un détour par d’autres activités campagnardes où il a vécu sans portable, il est revenu cet automne en ville, a recommencé à s’investir dans des combats… en se résignant à acheter un smartphone, devenu incontournable en trois ans. «  Beaucoup d’infos passent par les applications Signal, Telegram, etc. et il n’y a jamais de questionnement sur la pertinence de cette dépendance aux smartphones.  »

Il y a cet appel à une action de blocage contre le Métrocâble où l’on doit s’inscrire en ligne, sur un « framaforms ».
Il y a les discussions et engueulades virtuelles remplies d’incompréhensions et de quiproquos, sur les listes mails ou sur des applis.
Il y a cette lutte contre une centrale photovoltaïque, dans les Alpes de Haute-Provence, qui invite à suivre son actualité sur un groupe Télégram.
Il y a ce recours automatisé à ce genre d’application (pour donner les dernières informations, guider les participants, éviter les barrages de policiers, etc.) dans les évènements des Soulèvements de la Terre.
Etc. etc.

Aujourd’hui, «  on a beau savoir que ces technologies sont au cœur des phénomènes de surveillance, de précarisation du travail, d’isolement social, d’aggravation des problèmes écologiques, elles restent “un outil incontournable pour nos luttes” – qui visent pourtant plus de liberté et d’égalité, moins de violence et de destructions  » analyse Matthieu Amiech, dans une « Lettre ouverte aux organisatrices du rassemblement estival Les Résistantes », publiée en septembre 2023.

Les Résistantes, c’était un festival de « rencontres des luttes locales et globales » qui a réuni des milliers de personnes sur le Larzac début août. Amiech raconte que le site des Résistantes invitait à prendre un billet en ligne, remplir un formulaire, payer en ligne et télécharger un « beau billet barré du sigle souriant de HelloAsso, ressemblant à s’y méprendre à un billet SNCF ou à un Passeport sanitaire européen de la fin 2021. Du fait notamment du QRcode, en haut à droite, et du message stupéfiant figurant sous le sourire robotique de HelloAsso : “une pièce d’identité officielle peut vous être demandée conjointement à ce billet ! »

Même si ce moyen de « réservation » a finalement peu été utilisé, Amiech s’interroge : « Ou bien les milieux militants, et en particulier écologistes radicaux, refusent d’utiliser les outils créés par la société de masse pour régler leurs problèmes d’organisation, et ils participent ainsi à la construction d’une autre façon de vivre et de lutter. Ou bien ils les utilisent parce que “attends, tu vois quoi d’autre, comme solution ? On a déjà tellement de choses à penser”. Ils devancent alors les exigences de l’État et des multinationales, comme le projet de Portefeuille d’identité numérique ; ils se placent à l’avant-garde de cette société de masse, devenant ainsi des adversaires de l’écologie si l’on entend par là la défense conjointe de la nature et de la liberté (Charbonneau).  »

Reste la question : quelles autres solutions ? Soit : comment faisait-on avant les applis, avant Internet, avant le téléphone portable ? Dans l’Isère, on a un bel exemple de lutte écologiste massive et radicale du temps « d’avant » : celle contre le projet de centrale nucléaire de Superphénix à Creys Malville, vers Morestel dans le Nord-Isère. Pendant deux ans, la lutte contre ce qui devait être « le plus puissant surgénérateur au monde  » a impliqué des dizaines de comités locaux (basés à Grenoble, Lyon, Genève, d’autres grandes villes, mais aussi dans plein de petits bleds plus ou moins éloignés de la centrale), organisateurs de deux rassemblements massifs, ayant réuni 20 000 personnes en juillet 1976 et 60 000 personnes en juillet 1977.

60 000 personnes ! Aujourd’hui les rassemblements anti-nucléaires peinent à rassembler plusieurs centaines de personnes et les plus gros évènements écologistes n’atteignent jamais ce chiffre. Au plus fort de la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, une manifestation a réuni 40 000 personnes. Le plus gros évènement organisé par les Soulèvements de la Terre, contre les mégabassines dans les Deux-Sèvres en mars 2023, a rassemblé 30 000 personnes.

Sans Telegram, textos ni réseaux sociaux, les membres des Comités Malville étaient parvenus à rassembler 60 000 personnes. On ne rentrera pas ici dans les détails passionnants de cette lutte tiraillée entre les violents et les non-violents, de cette « défaite boueuse, tâchée de sang » (il y eut un mort et deux mutilés), de cette apogée de la lutte contre « l’électro-fascisme », symbole de la fin du cycle contestataire des années 1970 et de l’avènement des tristes années 1980 [1]. Si on a recontacté quelques personnes actives dans cette lutte, aux positionnements et parcours très différents, c’est pour qu’ils nous racontent leurs modes d’organisation et leur avis sur les moyens de communication modernes.

Bien entendu, de multiples paramètres expliquent l’affluence à la lutte contre Malville. « À l’époque, des gros dossiers, il n’y en avait pas tant que ça : aujourd’hui il y a trop de trucs, on arrive pas à choisir », analyse Jean-François Noblet, ancien membre du comité Malville de Grenoble et actuel militant naturaliste passé par la promotion des actions de Carignon au conseil départemental.

Comment circulait l’information ? Noblet, comme les autres personnes interrogées évoquent «  le bouche-à-oreille qui fonctionnait beaucoup » et une presse « beaucoup plus diversifiée qu’aujourd’hui  ». En journaux écolos, on trouvait à l’époque le journal national La gueule ouverte, celui régional Vérité Rhône-Alpes, et les locaux Le casse-noix, La main dans le trou du fût, La fosse. Journal sceptique ou le journal des comités Malville Superpholix, tiré à 10 000 exemplaires quand même. « Il y avait aussi beaucoup de radios locales, et plus d’antennes de médias nationaux qui pouvaient relayer nos communiqués » continue Noblet qui pense par ailleurs qu’ « avec les réseaux sociaux, on peut avoir des résultats avec beaucoup moins d’énergie  ».

Philippe n’est pas franchement de cet avis. Également ancien membre du comité Malville de Grenoble, cet instit’ à la retraite est aujourd’hui investi dans des luttes de la vallée de la Maurienne, contre le TGV Lyon-Turin ou le projet de « zone spéciale de carrières ». Pour lui «  le seul avantage du numérique, c’est la rapidité du contact. Mais ça exclut plein de gens et renferme les militants sur eux-mêmes. On ne prend plus la peine d’imprimer un tract, de le diffuser de main à la main. Un papier tu le poses, tu le reprends, tu le relis, tu le retrouves facilement. Avec le numérique, tu fais défiler, tu zappes, tu lis un truc et puis tu passes à autre chose, sans y réfléchir. » Philippe raconte une anecdote de cet été, suite à l’éboulement ayant bloqué les circulations en Maurienne. «  Les pro-Lyon-Turin sont montés au créneau dans tous les médias pour dire que c’était une raison supplémentaire de faire le TGV. On a écrit un bon texte en réponse, expliquant qu’on voulait des vallées vivantes, pas des grosses infrastructures. J’étais un peu seul à dire qu’il fallait l’imprimer et le diffuser dans toute la vallée. En fait il a juste été diffusé sur Signal de façon confidentielle. Je rame beaucoup pour qu’on fasse du papier, du terrain. Quand tu distribues, tu occupes le terrain, c’est plus pertinent pour toucher des gens en-dehors de ton milieu.  »

Autre anecdote, par rapport au recours automatique aux réseaux sociaux : «  Pour la lutte contre les carrières, deux personnes ont voulu créer une page Facebook. Aux réunions, elles voulaient qu’on trouve des éléments pour l’alimenter régulièrement, pour que les gens ne se désabonnent pas. Mais si on a rien de nouveau à dire, pourquoi vouloir à tout prix publier ?  »

En-dehors des questions de forme, Philippe regrette aussi les échanges de fond que permettait le militantisme « à l’ancienne » : «  Aux comités Malville, on faisait plusieurs réunions par semaine, c’était chronophage, on se fritait, on s’engueulait, mais on finissait par se mettre d’accord sur un tract. On mettait deux semaines à le finaliser mais après on le diffusait de partout. Avec les discussions sur Signal ou Telegram, il n’y a pas de fond. Un tract, c’est un positionnement matériel politique. Le numérique, ça se superpose, se remplace, tout file. »

Pour l’organisation interne, il y avait les (longues) réunions, et le téléphone fixe, filaire, qui arrivait à l’époque peu ou prou dans tous les foyers. En gros, les comités étaient organisés en « arbre téléphonique ». Pour transmettre une information, un militant devait appeler dix personnes, qui en appelait dix à son tour. « On passait des plombes au téléphone et on pétait les plombs car les lignes étaient toujours occupées », raconte un autre ancien membre actif, qui assure : « On faisait des réunions presque tous les soirs dans notre local de l’impasse du Four, dans le quartier Saint-Laurent. On était entre 40 et 80, c’étaient des heures de débats, de discussions enflammées. Aujourd’hui l’invasion numérique a déporté plus loin ce qui était vécu directement.  »

Autre moyen de communication : les prémisses des radios pirates, avec notamment la « radio active » et la « radio mon cul », émettant quelques minutes par jour pour se passer des informations entre militants.

Raymond Avrillier, éternel militant et élu écolo, également ancien membre du comité Malville de Grenoble juste après la manifestation de 1977, notamment pour la défense des personnes poursuivies en justice. « Chaque membre était un relais vers d’autres personnes. L’info se diffusait dans un réseau réellement social, c’était une info avec contact, contrairement aux réseaux asociaux d’aujourd’hui, où tu as l’info sans contact. C’est la grande différence avec l’époque actuelle : il y avait un rapport humain, une voix, de la transmission vivante. Pas électronique et désincarnée… c’est peut être une vision de… vieux. »

Comme Philippe, Raymond Avrillier défend l’importance d’occuper le terrain et d’avoir des échanges dans la vraie vie : « Quand tu diffuses un tract, tu as une relation interpersonnelle, entre des êtres vivants qui raisonnent qui résonnent et qui peuvent s’engueuler, mais qui discutent. Samedi dernier, il y avait une manifestation pour la Palestine et comme je ne suis pas sur les réseaux, je n’arrivais pas à savoir l’heure ! Il faut être branché en permanence Twitter, Facebook, WattsApp pour avoir les infos. L’accroissement des moyens de communication directs, c’est à la fois un atout extraordinaire pour s’organiser et à la fois ça accélère la désagrégation des rapports interpersonnels. »

Cédric Phillibert, un des piliers du Comité Malville de Grenoble, s’est lui éloigné du militantisme pour rejoindre des hautes sphères technocratiques. Consultant indépendant spécialiste des questions énergétiques, ancien conseiller à l’Ademe ou à l’agence internationale de l’énergie, il ne «  sait pas si c’est plus facile de s’organiser aujourd’hui. Je ne fais plus partie de ce genre de mouvements...  » Il raconte quelques actions organisées au « bouche-à-oreille », comme cet envahissement de bureaux de la préfecture pour récupérer les plans de la centrale en construction. Pour lui, «  les nouveaux moyens de communication permettent de passer une information plus vite, mais n’incitent pas à sortir dehors. Ils donnent l’illusion de se mobiliser virtuellement. »

Georges David, lui, regrette l’absence des téléphones portables en 1977. Habitant à quelques kilomètres de la centrale, il faisait à l’époque la coordination entre comités locaux et régionaux. Pour la manifestation du 31 juillet 1977, il y avait tellement de monde que trois cortèges différents devaient défiler vers la centrale. «  On avait prévu de communiquer entre cortèges par talkies-walkies. Mais le ciel était très bas, il pleuvait comme vache qui pisse, alors les talkies n’ont pas fonctionné. Cela a contribué au grand bazar accentué par la répression. Les flics nous bloquaient devant, on ne pouvait pas reculer parce qu’il y avait trop de monde derrière et on ne savait pas ce que faisaient les autres cortèges. En tant qu’organisateurs, on était très démunis parce qu’on ne pouvait pas communiquer entre nous.  » Pour la manifestation en elle-même, Georges pense donc que « ça aurait été plus facile avec les outils actuels », même si par ailleurs il trouve aussi que «  les réseaux sociaux sont des armes à double tranchant, qui peuvent favoriser tout et n’importe quoi.  »

P. faisait aussi partie des « locales » de la lutte. Cette habitante de Morestel avait notamment beaucoup préparé la circulation des manifestants, parce qu’elle connaissait bien les chemins. Pour elle, «  la rapidité du numérique aujourd’hui, c’est à la fois plus pratique et plus dangereux, notamment avec les fake news. À Malville aussi beaucoup de fausses infos ont pu circuler via le bouche-à-oreille, mais ça allait moins vite. » P. fourmille d’anecdotes sur la vitesse moindre des communications. Celle où, après avoir été obligée d’aller transmettre des informations à un village voisin en vélo, elle avait pu voir où étaient « cachés » les gendarmes mobiles sur une petite route. Ou celle illustrant la peur orchestrée par les autorités des militants allemands venus en nombre. « Après la manif’, les flics cherchaient “les allemands”. Le maire de Vézeronce a fait passer un arrêté pour interdire aux flics de rentrer dans son village, ça a permis de ramener plein de militants allemands dans ce village pour les protéger… L’avantage d’une communication qui n’est pas instantanée, c’est qu’il a fallu une heure pour que le préfet soit au courant. Donc ça a retardé le moment où il a pu faire lever l’arrêté communal... »

P. regrette cette période où « on se rencontrait et où on parlait beaucoup : il y avait beaucoup de discussions argumentées sur le fond, aujourd’hui tout le monde est sur son téléphone. Les gens vont aux manifs par réflexe mais sans se construire réellement une opinion.  » Ces échanges, avec quantité de réunions publiques, d’affiches et de tracts distribués, ont notamment permis, selon P. une importante implication des locaux. «  Il y a eu beaucoup d’entraide après la manifestation, avec des villageois qui cachaient les militants cherchés par les flics.  »

L’entraide, le nombre et la détermination des participants n’ont pas empêché l’échec de la mobilisation. En 1984 Superphénix sera mis en service, mais après de multiples incidents et suite aux accords gouvernementaux de la gauche plurielle, elle sera arrêtée en 1997.

Les luttes des années 1970 auraient-elles été plus victorieuses avec les réseaux sociaux ? Pas sûr… Quarante-six ans plus tard, le monde a tellement changé que le recours permanent aux technologies numériques paraît inéluctable et incontournable. Mais, en se basant notamment sur ces témoignages insistant sur l’importance des échanges dans la « vraie vie », ne faudrait-il pas questionner cette évidence ? Toujours dans le même texte, Amiech se demande s’il n’est pas « possible de construire, patiemment mais avec volontarisme, des espaces de discussion et des chaînes de circulation des informations essentielles à la lutte, qui ne reposent pas sur la fibre optique, les ondes GSM et les algorithmes des “réseaux sociaux” ? Cela implique bien sûr d’accepter de faire moins et plus doucement, de revenir au papier et aux assemblées en cessant d’espérer vaincre l’apathie de l’époque par les moyens qui la renforcent ; ne plus utiliser qu’en appoint le téléphone et les messages électroniques, compter sur les petits journaux ou bulletins qui circulent de la main à la main ou par le courrier postal, dont la survie devrait devenir une grande cause. » Pas mieux.

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Choses étonnantes vues dans les journaux de l’époque

La réalisation de cet article a été un bon prétexte pour aller aux archives, plonger dans les journaux militants de l’époque La gueule ouverte, Le casse-noix ou Superpholix. Voilà quelques éléments qui nous ont marqué.

Des appels au sabotage sans équivoque dans Le casse-noix
Dans les pages du Casse-Noix, journal « spontanique, sporadique et grenoblique », on retrouve des conseils avisés. Sous des titres d’articles tels que « De la démocratisation des moyens de légitime défense » sont dispensés des recettes d’explosifs prolixes et détaillées (cocktail Molotov, bouteille Langevin, explosifs au chlorate de sodium, systèmes de retardement chimiques ou mécaniques, etc.). Le tout agrémenté de schémas très pédagogiques. On y apprend aussi comment capter la fréquence d’émission de la police, confectionner un masque à gaz ou comment réaliser des bombes à merde. Pour la recette c’est simple : un bocal en verre fermé hermétiquement dans lequel repose pendant une dizaine de jours du caca et de la levure de boulanger.
Le caractère explicite de ce canard tiré à 1 000 exemplaires, distribué dans les tabac-presse et dont les articles sont souvent signés a de quoi surprendre. Aujourd’hui un journal pourrait-il être aussi généreux en recommandations insurrectionnelles et en tutoriels de sabotage ? Comme si on vous expliquait quelle marque de pneu de scooter utiliser pour brûler une antenne-relais !

Une plongée au cœur de l’organisation de la manifestation de 1977
Superpholix, c’est LE journal d’information et de liaison des comités Malville : il a été un outil central pour permettre aux manifestants de s’informer et de s’organiser en vue de la manifestation. Le journal y relaye le contenu des réunions de coordination, partage des cartes des environs de Creys-Malville, fait le point sur l’avancement des travaux de la centrale, prodigue des conseils juridiques, propose des stages spécial manifestation de « mise en forme physique », dresse des listes de matériel à apporter, diffuse les contacts des différents référents, etc. On y apprend par exemple que chaque comité était jumelé avec un comité local qui s’occupait de l’accueil et de l’hébergement du binôme.
Dans le journal, les lecteurs peuvent proposer des tribunes ouvertes comme « Les non-violents m’emmerdent ! Les non-violents me pompent le dard ! » ou envoyer leurs questions au journal : « On se voit mal trimballer des explosifs depuis chez nous… y aura-t-il des gens qui s’en chargeront ? » Là aussi, on a du mal à imaginer de telles publications aujourd’hui.

Des joutes verbales que fait vivre la presse papier
Se plonger dans l’histoire de Malville c’est se plonger dans le débat violence/non-violence qui a fait vibrer les comités Malville tout au long de l’année 1977. Chaque journal, sa tendance. Le casse-noix incarne la première, l’hebdomadaire national La gueule ouverte la seconde. Les phrases sont mordantes et les caricatures incisives mais permettent des débats stratégiques et tactiques de fond. « Non-violents » comme « pro-affrontement » se confrontent à coup de joutes verbales et de débats enflammés, que ce soit à l’écrit ou en réunion. Parmi les journaux, certains se répondent, d’autres relaient les articles adversaires pour susciter la discussion (une pratique également difficile à imaginer aujourd’hui). La presse écrite permet la confrontation des idées et donne une place centrale à l’argumentation. Ce sont ces vifs débats qui donneront lieu au mot d’ordre, on ne peut plus ambigu, de la manifestation de 1977 : « marche pacifique offensive ». Pacifique comme l’océan pacifique.
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Notes

[1Pour les détails, lire le foisonnant Mémento Malville sur www.piecesetmaindoeuvre.com