Accueil > Avril 2018 / N°45

Avec Piolle, je positive !

La mairie de Grenoble nage en plein « buen vivir » !

Oui, j’aurais plein de choses à dire, mais non je ne peux pas vous rencontrer. On est soumis à un devoir de réserve, je ne veux pas prendre de risque... » En tentant de rencontrer des agents de la Ville, on a souvent eu ce genre de remarque. C’est comme ça dans toutes les municipalités, et dans presque toutes les entreprises. Les gens sont timides : ils n’osent pas se mettre en avant pour parler de leurs conditions de travail. Est-ce une omerta, une façon pour les managers d’imposer le silence des salariés afin d’imposer des charges de travail plus élevées et une précarisation croissante ? Dans certaines entreprises, assurément, mais à la mairie de Grenoble, certainement pas ! Cette Ville est quand même dirigée par des élus de « l’autre gauche », chantres du « buen vivir ». Des élus qui militent pour la « transparence » et la « libération des données »... Comment pourraient-ils maintenir les salariés de la Ville sous une pression malsaine ? Le Postillon est allé rencontrer quelques-uns d’entre eux - avec des prénoms forcément modifiés - et les a convaincus de « libérer leur parole ».

Joie de vivre dans le périscolaire

« Les problèmes du périscolaire n’ont pas évolué depuis l’année dernière ». C’est Sarah, une des animatrices du périscolaire à la Ville de Grenoble qui nous parle. L’année dernière, Le Postillon avait publié des témoignages d’animateurs dénonçant leurs conditions de travail misérables. Morcellement des horaires, très petits salaires (moins de 600 euros en moyenne), manque de considération : « on fait plus du gardiennage que de l’animation », dénonçaient Sacha, Alexandra et Zoé. Depuis, la situation ne s’est pas améliorée selon Bruno, pour les simples animateurs comme pour les référents : « il n’y a pas longtemps, il y avait treize postes vacants dans les postes à responsabilité que sont les coordonnateurs maternelles ou les animateurs référents. Tout le monde se barre parce que les conditions de travail sont trop dures ». Un turn-over permanent illustrant un certain « mal vivre » dans le secteur périscolaire. « La bienveillance est surtout dans la communication, mais sinon il y a plutôt du mépris et un gros manque de reconnaissance » tranche Bruno.

Émancipation heureuse chez les Atsem

Le périscolaire est-il un cas isolé au sein de la mairie ? Du côté des Atsem (les agents des écoles maternelles), la situation n’a pas l’air non plus très épanouissante. « Il y a trois possibilités de statut pour les Atsem, nous explique Lydie. On peut être embauchées avec des contrats-horaires, des contrats-mensuels ou être titularisés. Or la plupart des Atsem sont embauchées en contrat-horaire. Certaines le sont depuis plus de neuf ans ! Mais ils font tout pour les garder en contrat-horaire, parce que ça leur évite de payer une prime, et puis aussi ça évite de les payer pendant les vacances scolaires. » Ces conditions de travail ne sont-elles pas dues au cadre réglementaire national, sur lequel des élus locaux n’ont pas prise ? « C’est en partie vrai, poursuit Lydie. Mais le cadre national permet aussi d’embaucher des gens dans des conditions plus stables et de respecter un minimum la vie personnelle et la rémunération de ses agents, notamment celles qui bossent pour la mairie depuis bientôt 10 ans. »

Digestion parfaite à la cantine centrale

« Au printemps dernier on a fait quatre jours de grève, notamment pour dénoncer la précarisation croissante du personnel. » Marc, un des salariés de la cuisine centrale, qui confectionne et livre 11 500 repas quotidiens pour les écoles, les crèches et les personnes âgées, est toujours en colère. Leurs locaux, faits pour confectionner 8 000 repas, sont bien trop petits, mais ce n’est pas ça qui l’énerve le plus, Marc. « On est environ cinquante à bosser dans la cuisine centrale. Non seulement il n’y a pas eu d’augmentation d’effectifs alors que le travail a augmenté, mais en plus il y a au moins quinze précaires, qui ont des contrats journaliers ou mensuels, dont certains depuis plusieurs années. Certains ont pendant quelques temps un contrat mensuel, mais peuvent repasser en contrat-horaire du jour au lendemain. Il n’y a aucune certitude d’évoluer vers quelque chose de plus sécurisant. Alors on essaye de se battre pour des titularisations. » La situation a-t-elle évolué depuis l’arrivée de Piolle à la mairie ? « Ce n’était pas la panacée sous Destot, il y avait le même genre de logique, mais la nouvelle équipe n’a fait qu’exacerber les conflits : il y a une bienveillance de façade, mais le management mis en place crée des tensions entre les agents et les maîtrises, et tente de piéger les gens. Je n’ai pas l’impression que les nouveaux élus défendent le service public, ils sont avant tout dans la communication et la recherche d’économies. »

Claude est, lui, un des chauffeurs de la cuisine, amenant les repas aux usagers. « Je suis connu en tant que gréviste, et la direction m’avait dans le collimateur. Alors ils m’ont reproché une faute imaginaire et ont assuré que j’étais inapte à la conduite. Ils sont parvenus à m’écarter de mon poste avec la complicité de la médecine du travail alors que j’ai passé des examens avec d’autres médecins : tous m’ont reconnu apte à la conduite. Aujourd’hui je suis obligé d’être en arrêt maladie car ils refusent de me réintégrer. En fait, ils ont dissous l’ancienne équipe, trop revendicative. Sur les six chauffeurs, on est trois à être en arrêt maladie, et un autre est parti à la retraite. À notre place, ils ont mis des précaires. »

Satisfaction intégrale des syndicats

« Le plan de sauvegarde est arrivé après une série de réorganisations faites par la municipalité Destot, qui avait déjà installé un climat de souffrance à la mairie, sans régler aucun problème », analyse Denis, syndicaliste à Sud. « À l’arrivée de Piolle, ils ont pondu un règlement intérieur remettant en cause le principe de remplacement des agents dans les écoles. Quand un agent d’entretien ou du personnel de cantine est malade, il n’est remplacé qu’au bout de cinq jours. Donc ce sont les autres qui font le travail nécessaire, et qui s’épuisent. Alors quand la personne revient, une autre tombe malade : c’est un cercle vicieux. Il y a beaucoup de personnel usé, de troubles musculo-squelettiques. Une cinquantaine d’agents sont depuis longtemps en arrêt maladie, et on les pousse à partir en retraite invalidité. »
La direction parle beaucoup de « dialogue social », mais ne l’applique pas vraiment, en restant butée sur ses positions : « au niveau syndical, on a fait des alertes, mais ça ne change rien, ils répondent juste que “si les agents sont malades, c’est parce qu’ils font mal les choses, qu’ils ont des mauvaises positions”. à croire la direction, c’est juste de la faute des agents s’il y a tant de maladies. Quand des gens tombent malades, ils les envoient chez le médecin contrôleur, un libéral. Lui a pour consigne de dire “vous êtes en état de reprendre le travail” de manière systématique. Alors ça ne fait qu’empirer la situation. »
Oui, mais il faut bien comprendre les élus et leur contrainte financière, non ? « L’année dernière, ils ont fait trois millions d’économie de plus que prévu sur le personnel. Ils rognent tout ce qu’ils peuvent, et ont même enlevé des primes d’astreinte. Il y a une demande permanente des chefs de service d’augmenter la charge de travail, que les agents n’arrivent pas à remettre en cause collectivement. Alors la réaction, c’est surtout des départs, de gens qui disent “on ne peut plus faire nos missions de service public”, et qui vont voir ailleurs. »

Épanouissement agréable aux finances

« On est à peu près 80 à bosser dans le service Finances, mais il y a environ 30% d’absentéisme ». ève est découragée par l’évolution de son travail. Là aussi « cette évolution avait commencé sous Destot, mais ces dernières années ça a empiré. Tout est de plus en plus automatisé. On devient de simples opérateurs de saisie, nos rôles sont interchangeables, on peut faire n’importe quoi. J’ai l’impression de bosser dans une usine. On ne voit plus les interlocuteurs, on ne fait que répondre à la machine. »
Et en plus de la robotisation des tâches, les agents du service finances subissent une surcharge de travail : « ils cherchent à faire des économies sur le personnel, donc on se retrouve souvent à faire le boulot de deux ou trois personnes. Dans certains dossiers, il y a six mois de retard sur le paiement des factures parce qu’on n’est pas assez. Les prestataires qui ne sont pas payés pendant six mois, ça les rend dingues, ils nous mettent la pression, et ça alourdit encore plus le travail ». Les élus ont-ils vraiment un pouvoir sur cette situation ? « Ils ne peuvent pas ignorer les situations de souffrance au travail, il y en a tellement... Ils savent que des salariés sont très abîmés par leur travail. Donc s’ils ne changent rien, c’est que c’est une stratégie. Ils veulent que les personnes n’allant pas bien partent. »

La santé scolaire pète la forme

Avec le plan de sauvegarde, il y a eu une dizaine d’emplois supprimés dans le service de la santé scolaire. Qu’est-ce que ça a changé ? Une ancienne du service raconte : « ce sont surtout des postes d’assistantes sociales qui ont été supprimés. Leur job, c’était de venir en aide aux familles pour l’accès aux soins, favoriser la parentalité, l’égalité des chances au niveau des démarches scolaires, car un des enjeux forts qu’on doit affronter c’est de parvenir à toucher les familles vraiment en difficulté. Aujourd’hui il reste cinq assistantes sociales, qui font surtout des actions “collectives”, mais plus trop de suivi individuel : cela ne rentre plus dans leurs missions. Pour les familles en difficulté, c’est un vrai problème, ce manque de suivi individuel. Avant, les médecins voyaient les enfants dans les écoles, maintenant les consultations se font dans les centres sociaux. Pour les familles où tout va bien, ce n’est pas un problème, mais on peut craindre que ce soit un frein pour certaines familles et sans doute pour les plus en difficulté. Va-t-on laisser sur le côté une fois de plus les familles les plus démunies ? »

Avant le plan de sauvegarde, le service de santé scolaire grenoblois qui date de 1924 pouvait être considéré comme l’un des meilleurs de France et comme un exemple à suivre. « Les élus n’ont pas pris le temps de connaître notre service et ses spécificités. Ils ont imposé ces réductions de poste de façon très autoritaire sans vraiment connaître le service, en pensant seulement économie à court terme et en oubliant que la prévention est un investissement à long terme. Comme plein de gens, je ne comprends pas que ces élus-là aient pu s’attaquer au social et aux bibliothèques. »

La parole libérée dans les bibliothèques

La lutte des bibliothécaires contre le mal nommé « plan de sauvegarde » et la suppression de deux bibliothèques et demi a marqué les esprits et creusé un gouffre entre les salariés en lutte et l’équipe municipale, comme le démontre ce petit épisode : le 1er juillet 2017, des bibliothécaires grévistes avaient été remplacés par des chefs de service. Les grévistes s’en étaient offusqués, et avaient apposé une affiche « casseurs de grève » sur la porte de la bibliothèque. Une bibliothécaire avait poussé l’audace jusqu’à dire aux remplaçants des grévistes : « c’est grâce aux grévistes que la bibliothèque Alliance reste ouverte. J’espère que vous n’oublierez pas, nous, on s’en souviendra. » Simplement ces trois mots « on s’en souviendra », sans insultes ni menaces. Mais à cause de cette nano-phrase, l’agente a eu un entretien disciplinaire et a été sanctionnée pour « propos perçus comme étant menaçants ». « C’est une sanction très légère, un avertissement non inscrit dans son dossier, analyse une autre bibliothécaire en lutte. Mais c’est dangereux comme démarche : le but c’est de faire comprendre aux agents qu’ils peuvent être sanctionnés sur la simple interprétation que la hiérarchie fait de leurs propos, qui plus est dans le cadre d’une grève, où, par définition, on n’est pas d’accord avec ce qui se passe. C’est une façon indirecte de museler la contestation et une entrave à la liberté d’expression et au droit syndical. »

Confiance et plénitude à tous les étages

« Ce sont des gens qui ne supportent pas d’être contredits et mis en défaut. » Marie est une ancienne cadre de la Ville de Grenoble. Et elle est très remontée contre les nouveaux élus : « La fin du mandat de Destot a été dure. On a vécu l’arrivée de Piolle comme une excellente nouvelle, un immense soulagement. Mais ça a été tout de suite compliqué. La nouvelle équipe est arrivée avec le stéréotype en tête “les fonctionnaires sont rigides et réfractaires au changement”. Pour eux, vu que l’administration avait servi la “cause” Destot, c’était forcément une administration tournée contre eux. Alors ils ont tout de suite été dans une grande paranoïa. Ce n’était pas possible de coopérer tellement ils étaient persuadés qu’on était contre eux. »

Des mécontents et fâchés contre Piolle, il y en a beaucoup chez les sympathisants socialistes ou de droite, qui ne manquent pas une occasion de pester contre le « khmer vert ». Mais Marie ne fait pas partie de ceux-là : elle aurait vraiment bien aimé que ça marche, « l’autre gauche ». Mais, caramba, encore raté ! « Mon poste a été supprimé pendant le plan de sauvegarde. J’ai toujours bien fait mon boulot, on n’avait rien à me reprocher, si ce n’est de ne pas plaire aux grands chefs. Les nouveaux élus ont eu dès le départ un gros déficit de confiance envers les techniciens. Quand un cadre compétent répondait à une demande d’un élu “non, ce n’est pas possible techniquement”, les élus croyaient que c’était un blocage politique. Alors ils ont poussé des gens à partir, en utilisant des méthodes très limites. Ils peuvent faire des dégâts humains parce qu’ils savent que le Tribunal administratif ne va pas réagir aux recours avant longtemps, sûrement à la prochaine mandature. Du point de vue de la Ville c’est un désastre : j’ai vu plein de gens compétents se faire casser et pousser à partir. Ce sont des gens butés, bornés, qui ne se préoccupent pas des conséquences humaines. »

Buen vivir vaincra !

Comme on le voit, les ressentis exprimés par nos interlocuteurs expriment des fois un certain « mal vivir ». C’est sans doute dû à une erreur de notre part : nous avons dû tomber uniquement sur des « aigris et des mécontents », comme avait accusé l’avocat du maire Christophe Ferrari à propos de notre article sur sa gestion des ressources humaines dans sa commune de Pont-de-Claix (Le Postillon n°33).
La vérité vraie doit être bien éloignée de ces quelques témoignages, car notre bon maire Piolle n’a pas les « habitudes de l’ancien monde », comme il dit. Le connaissant, on ne pense pas que ce soit du style à pavoiser sur le « buen vivir » sans se préoccuper des conditions de travail dans la collectivité qu’il administre. Et puis, de toute façon, en parler, c’est déjà mieux que rien.


HP va transformer les « métiers en transition » de la Ville !

C’est pratique d’avoir un maire qui a fait carrière dans le privé ! L’ancien député-maire Destot avait ramené à la mairie tous ses anciens collègues de Corys (Fioraso, Siebert, Normand,...) la boîte qu’il avait montée. Le maire Piolle utilise son passé d’ingénieur chez Hewlett-Packard pour faire profiter à toute la Ville des savoir-faire de la multinationale. Il a déjà embauché Odile Barnola, également ancienne cadre dirigeante d’HP, comme directrice de cabinet : c’est elle qui fait office de « cost-killeuse » et qui est parvenue à imposer des millions d’euros d’économie à la Ville de Grenoble grâce au formidable « plan de sauvegarde » et à la suppression de plus d’une centaine d’emplois.
Mais l’idylle entre la multinationale de l’informatique et la mairie ne s’arrête pas là : au conseil municipal du 26 mars 2018, une « convention de mécénat en compétences » avec HP a été votée. Certes les « contributions en compétences » apportées par HP ne sont pas énormes : il s’agit d’une personne travaillant 21 heures par semaine pendant quatre mois (renouvelable pendant trois ans). Mais ces contributions promettent d’être quand même très enrichissantes : elles vont porter sur les « métiers en transition » à la Ville de Grenoble. Selon la convention de mécenat, HP va aider la Ville pour des « événements ponctuels » (comme la Biennale des Villes en transition), mais aussi pour orienter la « direction des évolutions et des compétences », avec notamment le « chantier Claudel », c’est-à-dire la réorganisation des services à l’occasion du déménagement d’une partie d’entre eux dans les anciens locaux du Crédit Agricole, rue Paul Claudel.
Une multinationale – aussi désintéressée soit-elle dans ces nobles tâches – doit aussi faire de l’argent, donc la convention impose « la mention de son nom et logo en tant que Mécène du projet “les métiers en transition à la Ville de Grenoble”, lors des publications écrites ou toutes propositions relatives au projet ». Mais ce partenariat ne devrait entraîner que du bonheur pour les salariés de la Ville. Certes, le « buen vivir » n’a pas toujours rayonné au sein de la multinationale, comme en attestent deux histoires kafkaïennes de management absurde relatées dans les Postillon n°36 et n°40. Mais la multinationale a une vision du monde tellement positive et rayonnante ! Dans un document de propagande, elle explique ainsi militer « pour un monde où tout est connecté et possède une puissance de calcul — la technologie sera intégrée partout — tout et tout le monde sera connecté — nous pourrons tout comprendre » (voir Le Postillon n°43). Les « métiers en transition » de la Ville de Grenoble seront donc avant tout connectés, calculés, avec de la technologie « partout » : de quoi faire rêver les salariés municipaux.

Vive l’école du futur !

La ville de Grenoble vient d’inaugurer l’école Simone Lagrange, dans le quartier Jean Macé. Toute neuve, toute belle, elle a ouvert juste après les vacances de février. Et en plus, entièrement équipée de badges pour l’ouverture de toutes les portes. Celles de l’entrée, mais aussi des salles de classe, des escaliers et des ascenseurs. Cette formidable nouveauté n’a pas manqué de faire râler certains, comme cette auxiliaire de vie scolaire (AVS) : «  en tant qu’AVS, on n’a pas de badges, donc dès qu’on doit bouger, qu’on veut prendre les escaliers ou changer de salle, on doit demander à quelqu’un. On se sent un peu enfermés dans l’école ». Une institutrice a aussi du mal à voir le côté positif : « Avec nos badges, on ne peut accéder à l’école qu’entre 7h30 et 18h30. On ne peut pas venir le mercredi après-midi, le week-end ou les vacances scolaires. C’est très chiant pour préparer des cours ou donner des rendez-vous à des parents. On demande d’agrandir les plages horaires, mais pour l’instant, ils ne veulent pas.  » On a appelé Fabien Malbet, l’adjoint à l’éducation, qui a formidablement réagi : « on a mis ce système qui fonctionne déjà partout, parce que c’est facile de donner des accès limités avec des “profils utilisateurs”. Il n’y a pas de raison que l’union de quartier, qui a ses locaux dans le bâtiment, puisse aussi rentrer dans les salles de cours. Mais comme c’était la première fois qu’on le mettait, on a un peu essuyé les plâtres, il y a eu quelques erreurs et quelques bugs de paramétrage, mais on va vite les réparer. C’est un système pilote, on ne s’interdit pas de revenir dessus si ça ne marche pas. » A la rentrée des vacances de printemps, les AVS devraient avoir des badges et les plages horaires devraient être élargies de 7h à 19h30 en semaine, avec un accès possible les samedis et un peu pendant les vacances. Il n’y a plus qu’à espérer qu’il n’y ait pas d’erreur d’encodage des badges. «  Aujourd’hui, on était bloqués dans l’école, nous raconte l’institutrice. On a dû sortir des gosses par dessus les grilles en les portant parce que… les badges ne sont pas programmés pour fonctionner le mercredi après midi et on bossait exceptionnellement ce jour là (rattrapage du pont de l’ascension). Plus les objets sont intelligents, plus les situations simples deviennent débiles.  »
Mais l’école du futur a également d’autres charmes : «  Deux fois de suite, il y avait un drone qui volait au-dessus de la cour pendant les récréations », nous raconte l’instit’. « Un drone ? s’étonne Malbet. Ah ! Ça c’était le service communication qui faisait des photos... »


Le nouveau directeur général des services adore Eiffage !

François Langlois, le directeur général des services (DGS) de la Ville de Grenoble, va bientôt partir à la retraite : le bien-aimé ne laisse que des bons souvenirs aux salariés, à part quelques aigris s’exprimant dans Place Gre’net (22/03/2018), comme cet « employé municipal » : « “On pousse les agents au burn-out dans tous les services. Ces managers ne sont pas humains, en particulier Langlois qui chapeaute tout. Ce que je trouve très bizarre, c’est qu’à la médecine préventive du travail, tous les six mois, il y a un nouveau médecin. Et ça se passe comme cela depuis trois, quatre ans…” Sous-entendant ainsi que les médecins du travail quittent rapidement le navire, face aux situations qu’ils y rencontrent. »

Cet été, il sera en tout cas remplacé par Emmanuel Rouède, actuellement directeur général adjoint de la métropole de Grenoble. Ce jeune polytechnicien est, comme Piolle, un fervent militant de la Ville-durable-en-transition-du-XXIème-siècle. Auparavant en poste à Strasbourg, il avait accompagné le groupe de BTP Eiffage dans son laboratoire « Phosphore », censé inventer la Ville de demain avec des études menées à Marseille, Strasbourg ou Grenoble (voir « Eiffage prépare le meilleur des mondes pour Grenoble », Le Postillon n°22). Dans un article de territorial.fr (18/07/2013), il s’extasiait : « “C’est intéressant que des grands groupes nationaux aient des réflexions sur la Ville durable” estime Emmanuel Rouède à Strasbourg. “Certes, certaines idées sont très théoriques ou très en avance sur leur temps. Mais nous nous rejoignons sur un certain nombre de réflexions et dans tous les cas, la confrontation des points de vue est enrichissante.” » On sait que la multinationale du béton est déjà bien implantée à Grenoble : elle a, par exemple, construit une partie du nouveau quartier de la presqu’île, l’îlot Cambridge, et le grand bâtiment Green-Er, futur « pôle mondial de l’énergie ». Elle est également le promoteur du projet de trois cents logements à 4 000 euros le m2 sur les anciens terrains de l’usine Araymond, qualifié par une plaquette de la Ville de « projet de logements diversifiés ». Avec ce futur DGS de la Ville de Grenoble, le « leader européen du BTP » devrait encore pouvoir faire profiter aux grenoblois de ses fabuleux savoir-faire.


Piolle, super VRP de la Ville pour les promoteurs

Il y a quelques années, le maire Piolle et sa bande critiquaient la participation de la métropole au Mipim (Marché international des professionnels de l’immobilier) de Cannes et son coût exorbitant (autour de 200 000 euros). Heureusement, cette année, les écolos sont revenus à la raison. Piolle était présent à Cannes mi-mars afin de vendre la Ville - aux promoteurs. On l’a vu parler à une conférence « Grenoble : innovations high tech et low tech : deux piliers pour inventer la Ville en transition ». Il était d’ailleurs entouré de beau monde, avec le président de la métropole Christophe Ferrari ou la directrice de l’immobilier du Crédit Agricole, une banque avec laquelle la mairie a déjà fait pas mal d’affaires immobilières : elle a, par exemple, racheté l’ancien siège de la banque rue Claudel contre la cession avantageuse de deux terrains sur la Presqu’île (un pour son siège et un autre pour un parking de 450 places, à 200 m du Pavillon de la mobilité, parking mutualisé à 11 millions d’euros... ). Les « 5 000 investisseurs » désintéressés présents ont donc dû être charmés par les atouts de la métropole grenobloise, vendus à coups de clips présentant les meilleures œuvres du festival de street art. Pour nourrir les promoteurs, plusieurs projets étaient présentés : le projet de « smart-station » de Chamrousse, l’éco-cité Grenoble-Presqu’île, le renouvellement urbain au sud de la Métropole (échirolles, Pont-de-Claix,....) ou le projet de « Medtech city » autour du CHU de Grenoble, afin de « renforcer ce hot spot du numérique ». Malheureusement, on ne sait pas si la pêche a été bonne, et combien de promoteurs se sont engagés à venir faire couler leur délicieux béton vers chez nous. Piolle, qui relaye la plupart de ses actions sur ses comptes Facebook et Twitter, n’a rien publié à propos de cette prestation commerciale. Qu’il peut être modeste, notre bon maire !