La Charte de la démocratie participative démontée
Dans une interview réalisée par les Renseignements Généreux, Camille, ancienne stagiaire à la mairie de Grenoble dans le secteur de la démocratie participative, revient sur son expérience. Elle explique ce qui ne va pas avec la charte de la démocratie participative, dispositif mis en place par la municipalité pour donner aux habitants l’illusion d’une participation. Extraits :
« La charte cherche à te faire comprendre et à te faire accepter ta place de citoyen, ce que tu peux et ce que tu ne peux pas faire en tant qu’habitant de Grenoble, les avis que tu peux donner ou non. Il y a dans cette charte une forte injonction à participer en direction des habitants tout en rappelant que, dans tous les cas, c’est toujours l’élu qui décide à la fin, aidé par ses techniciens. Même si les élus se doivent d’informer et de consulter, les débats avec la population ne sont pas décisionnels. La charte engage simplement les élus à davantage poser la question aux gens, à les informer et à les consulter. La charte est présentée comme une sorte de « contrat », mais dans lequel les partenaires ne sont vraiment pas égaux. En effet, les habitants sont maintenus dans une dépendance totale face au pouvoir municipal qui détient l’essentiel de l’information et de l’expertise ainsi que la maîtrise des règles du jeu. (…) En effet, il importe que les questions abordées se confinent aux aspects techniques d’aménagement spatial : le citoyen est sollicité pour son expertise d’usage. Ainsi, les questions de fond comme le développement d’une mégalopole nanotechnologique, l’organisation des Jeux Olympiques, l’embourgeoisement des quartiers du centre grenoblois, ou encore la répression dans les quartiers populaires ne sont jamais discutées. Elles sont présentées comme trop complexes pour les gens, réservées à l’analyse des experts qui, eux, savent de quoi ils parlent. En d’autres termes, il s’agit d’évacuer les habitants des confrontations autour des questions sociales et écologiques, une bonne fois pour toute, alors que la logique de gestion triomphe. (…) C’est ainsi que les services techniques des collectivités et les élus s’évertuent à créer toujours plus de nouveaux outils, proposer des nouvelles méthodes ou apporter des solutions techniques toujours renouvelées en matière de participation des habitants. Cet engouement pour les instruments masquant en réalité une absence de volonté de réflexion en terme de partage du pouvoir, de remise en question de l’ordre politique local et des valeurs qui le font vivre. (…) Je me souviens d’une phrase assez éloquente d’une élue du secteur 6 qui était chargée d’organiser des débats publics pour le lancement d’un programme de rénovation à la Villeneuve. Pendant une réunion interne, elle disait : « L’important, c’est d’organiser des temps de discussion pour que les gens fassent le deuil du fait qu’ils ne peuvent pas tout décider. » »
L’interview intégrale est disponible sur le site grenoble.indymedia.org,