Des habitants désemparés face à une mairie sourde et muette
Foirade à l’Esplanade
Le réaménagement de l’Esplanade, quartier situé au pied de la Bastille, est un des projets urbains phares de la municipalité pour améliorer la vitrine de Grenoble, c’est-à-dire pour bâtir une métropole attractive. Dans cette logique, l’avis des habitants importe peu. Rencontre avec certains d’entre eux, remontés contre la façon de faire de la Mairie.
La petite porte verte du hall d’entrée du 4, boulevard de l’Esplanade s’ouvre sans résister. Il n’y a pas de digicode, encore moins d’interphone. Et pourtant c’est un pont entre deux mondes. Dehors, l’Esplanade est pleine de bruits de moteurs, de klaxons, de gens qui parlent, s’apostrophent. À l’intérieur, plus rien, le silence. Sur la gauche, un escalier exigu et mal éclairé mène aux étages. Au sol, c’est ce même tapis aux couleurs délavées que l’on peut voir dans les vieux hôtels à bout de souffle. Au dernier niveau, une porte s’ouvre. Lahouari est locataire au numéro 4 depuis cinq ans. À 41 ans, il est opérateur machine chez Siemens. Le quartier de l’Esplanade, il s’y plaît bien : « Tout est à proximité et puis tout le monde se connaît ». Mais son logement a un autre avantage de taille : « Le matin je traverse le pont de la Porte de France pour prendre le car. En dix minutes je suis au travail ». Mais ce « luxe », il a bien cru le perdre : « L’année dernière j’ai entendu par hasard que mon logement serait détruit et il y a quelques jours, des gens du quartier m’ont dit que c’était pour la fin de l’année ! » Comme d’habitude ce n’est pas par la Mairie qu’il s’informe mais par « des rumeurs et du bouche à oreille ». Faisant confiance à ses « informateurs », Lahouari est désabusé : « C’est rageant de devoir partir d’ici ».
À la Mairie « c’est démerdez-vous et puis c’est tout ». Il a déjà appelé la Mairie à plusieurs reprises et s’est même rendu sur place. La démolition de l’immeuble lui a été confirmée dans un premier temps, il y a un an. « C’est inadmissible, on a un appartement, on paie tous les mois, et du jour au lendemain on vous dit ‘‘cassez-vous, on va tout détruire !’’ Et lorsqu’on demande à la Mairie ce que l’on va devenir, elle nous explique que ce n’est pas son problème, en fait c’est ‘‘démerdez-vous’’ et puis c’est tout ! » L’inquiétude de Lahouari est d’autant plus vive que le conseiller juridique qu’il a engagé pour l’occasion lui a expliqué que selon la loi, la résiliation de son bail devait lui être notifiée six mois avant son expulsion. C’est seulement à ce moment-là qu’il devrait connaître la date de son expulsion. Depuis ses premiers contacts avec la Mairie l’été dernier, il n’a plus eu de nouvelle. « Le pire c’est qu’on n’y peut rien, ils sont plus forts que nous ». Au téléphone, les agents de la Mairie lui ont affirmé qu’il était « hors de question » que la ville le reloge. Depuis quelques mois, Lahouari s’est donc lancé dans des recherches d’appartement. Dans son malheur, il dit lui-même avoir de la « chance ». Salarié d’une grande entreprise il peut bénéficier du 1% logement. Un dispositif qui propose des logements sociaux à loyer modéré grâce à la Participation des employeurs à l’effort de construction (PEEC). « Moi je suis assuré d’obtenir un appartement dans les trois mois. Mais ce n’est pas le cas de mon voisin qui est sans emploi et sans garant : pour lui ce sera quasiment mission impossible de retrouver un toit… »
**Une marche en arrière discrète et hypothétique
Mais la Mairie devra, peut-être à contrecœur, faire marche arrière, et ça, Lahouari ne le sait pas encore. La faute à qui ? Ou plutôt à quoi ? La faute à l’âge de l’immeuble. La municipalité, qui a longtemps utilisé la vétusté du n°4 comme argument principal pour s’en débarrasser, se fait paradoxalement avoir par son ancienneté. Datant du XVII ème siècle, l’immeuble a été construit au même moment que la Porte de France qui surveille l’entrée nord-est de Grenoble. Il hébergeait alors le relais des postes. C’est ce qu’a rappelé une étude du patrimoine lancée par la Ville en mai 2011. Le hic, malgré le constat établi par l’Association nationale des villes et pays d’art et d’histoire, chargée de l’étude du patrimoine historique de Grenoble, c’est que le conseil municipal aura le dernier mot, conserve un droit de destruction sur le n°4. Et la décision ne sera prise qu’au début de l’année 2013. C’est pour cela, comme l’explique Claude Paillet, responsable du Service Réhabilitation et Patrimoine Urbain de Grenoble, que les habitants concernés ne sont pas encore au courant de la situation : « L’étude est en cours, ne précipitons pas les choses, ils seront informés en temps et en heure ». Mais en attendant 2013, n’essaie-t-on pas de gagner du temps ? Le doute reste permis puisqu’au service urbanisme on veut faire croire que la destruction serait abandonnée… mais on utilise toujours le conditionnel pour en parler, curieux…
Au premier étage du n°4, Christian habite avec sa femme depuis un quart de siècle, il est en colère : « Ce sont des cons ! » Christian est très critique vis-à-vis de ce projet de l’Esplanade qui « ne respecte en rien l’histoire du quartier ». Par chance, il est récemment tombé sur le journal de La Métro (la communauté d’agglomération), et a appris la marche arrière de la Mairie concernant son immeuble. Mais dans le bâtiment personne n’était au courant, la municipalité ne les a jamais informés.
Si le n°4 de l’Esplanade peut éventuellement être sauvé, d’autres n’ont pas cette chance. Visite dans deux commerces qui vont être rasés. À l’entrée du Rapid Garage, un énorme chien monte la garde. En apparence. Mais le molosse devra bientôt se trouver un autre territoire. Le projet de l’Esplanade prévoit la démolition du bâtiment et il aura beau aboyer tant et plus, rien n’y fera. Pas même l’Association nationale des villes et pays d’art et d’histoire ! À l’intérieur, les mains pleines de cambouis et la casquette vissée sur le crâne, le patron des lieux, Silvio, ne chôme pas. Né en France et d’origine sicilienne, cela fait huit ans qu’il a monté sa petite entreprise. À l’idée de devoir quitter les lieux, le propriétaire s’emporte : « Moi, je le dis franchement, ça me fait chier ! » Les mains crispées, le propriétaire reproche à la Ville de ne pas l’avoir prévenu et encore moins consulté. « En terme de communication, je leur mets zéro ! » C’est en lisant la presse qu’il a appris il y a un peu plus de deux ans que la Mairie prévoyait de détruire son fonds de commerce. Silvio a pris immédiatement rendez-vous. « On m’a confirmé que je faisais bel et bien partie des expropriations » se souvient-il. Machinalement, il s’essuie avec son vieux chiffon, geste qu’il a du faire des milliers de fois. Puis il reprend : « Une femme m’a demandé si je préférais être indemnisé ou relogé, j’ai répondu que je souhaitais que l’on me trouve un autre bâtiment dans le même quartier. Elle l’a noté dans son calepin. En sortant, elle m’a indiqué qu’ils me rappelleraient dans le mois. Cela fait deux ans et demi et j’attends toujours son coup de fil ». Depuis tout ce temps Silvio espérait que le projet soit abandonné. Mais les doutes persistent. « Je n’ose plus investir en outillage. À quoi ça sert si je dois partir ? » Le patron est inquiet : « Que va-t-on devenir ? J’ai des salariés qui comptent sur moi ». Et en plus, à 50 ans, il a encore une douzaine d’années à tirer avant la retraite. Paradoxalement il n’est pas contre le projet de l’Esplanade. Il trouve que c’est une bonne idée pour rajeunir un quartier laissé à l’abandon. C’est le manque de communication de la Mairie qui le révolte : « Au début, le projet a provoqué des tensions pas possibles. Aux réunions, il y avait tellement de gens contre que la Ville n’ose plus en faire ».
Le constat est le même à quelques mètres de là. La Soupe au choux n’est pas seulement un film culte de Jean Girault, c’est aussi le nom du club de jazz de Grenoble. Installé au 7, route de Lyon depuis 30 ans, cette institution a déjà accueilli plus de 240 000 passionnés et curieux. À 58 ans, Jacques Pérez en est le propriétaire et il sait que dans le cadre du projet Esplanade, son bar sera détruit. Il l’a appris en avril 2011. La Mairie l’avait alors convoqué pour un entretien en tête-à-tête. Rapidement, Paul Durand, responsable du Service prospective urbaine à Grenoble, lui a confirmé la démolition de son commerce avant d’entamer une opération de charme surprenante, mais non dénuée d’arrière-pensées marchandes. « Bon, souhaitez-vous que l’on vous reloge ? » La réponse va de soi pour Jacques : « Oui ! À condition de rester dans le quartier ». La condition est automatiquement acceptée. La première proposition tombe alors : le rez-de-chaussée de l’un des futurs immeubles de l’Esplanade. Jacques s’en étonne : « Cette idée m’a sidérée. Proposer à un club de musique d’être logé au cœur de logements n’a aucun sens. Avec le bruit, il suffit d’un avocat dans l’immeuble pour se faire allumer ! » Jacques s’est même vu proposer une « guinguette » sur les quais de l’Isère, actuellement en cours de rénovation ; une fausse bonne idée selon Jacques : « Je devrai attendre la fin des travaux sur les quais pour rouvrir. Qu’est-ce que je fais en attendant ? À cette question, on m’a répondu ‘‘Bah, on ne sait pas’’ ». Souhaitant trouver une solution au plus vite, Paul Durand demande à Jacques s’il a un lieu en tête dans le quartier pour reloger son commerce. De plus en plus surpris par les méthodes un peu légères de la Mairie, Jacques ne se démonte pas et affirme qu’il y a bien un terrain au pied de la via ferrata qui l’intéresse. « Tout de suite il a affirmé que c’était une super idée. Il a directement demandé à sa secrétaire de vérifier si le terrain était libre. Il était tellement sûr de lui : ‘‘C’est à nous ?’’ » Après vérification, la femme lui a expliqué que le lieu appartenait à la cimenterie Vicat. Loin de se démonter Paul Durand prend les devants et se tourne vers sa secrétaire : « Et bien on va tout racheter, ça sera plus simple ! » Jacques s’en rappelle très bien : « Il l’a dit avec tellement de suffisance, j’étais un peu abasourdi ». Mais aujourd’hui, l’étonnement semble avoir laissé place à la résignation. « S’ils font ce projet c’est pour le fric. Le pognon c’est la nouvelle religion ici. La Ville est tellement endettée que ces nouveaux logements sont une aubaine pour eux. À côté de l’argent qu’ils vont se faire, me construire de nouveaux locaux c’est une goutte d’eau ! » Mais Jacques reste méfiant. Il a tout de suite fait appel à un avocat pour éviter de se faire avoir par la Mairie : « ils mènent un peu les gens en bateau, il faut faire attention ». Et pourtant, depuis ce rendez-vous en avril 2011, plus rien. La Mairie ne l’a jamais rappelé. « C’est le flou artistique, on n’est au courant de rien. Tout ce qu’on nous dit c’est que c’est pour le bien du quartier, que la modernisation de la ville passe par là. Et si on s’y oppose alors on passe pour un rétrograde » s’emporte Jacques. Au cours de l’enquête publique, il s’était rendu à la Mairie. Une fois sur place on lui a montré le local dans lequel une quantité de documents était amoncelés. « Je ne savais pas où chercher, j’ai donc demandé à quelqu’un de l’accueil, mais il n’était au courant de rien. Il m’a juste dit que l’enquêteur n’était pas là aujourd’hui et m’a conseillé de repasser. J’ai perdu un temps fou pour rien, et du temps j’en ai pas beaucoup avec ma profession ».
**La Mairie aux abonnés absents
Jointe à de nombreuses reprises, la Mairie a la plupart du temps refusé de répondre à nos questions, soit en laissant les courriels sans suite soit en affirmant ne pas avoir les éléments nécessaires pour y répondre, tout simplement. Opératrice foncière chargée du secteur de l’Esplanade Samia Belghazi nous a même répondu gênée par mail : « Après en avoir discuté avec mon chef de service, je ne peux répondre à vos questions portant sur le projet de l’Esplanade. En effet, cela relèverait plutôt du cabinet du maire que je vous invite à contacter directement ».Inutile de vous dire que les coups de fil suivants furent vains. L’un des contacts téléphoniques donnés sur le site de la Mairie s’est même avéré être à la retraite depuis plus d’un an… Au lieu de remettre en question sa politique de démocratie locale, la Mairie s’entête. Les élus prennent alors les opposants pour des clowns. Réagissant à la pétition ouverte par « Vivre à Grenoble » (cf. encart), sans avoir pris la peine de la lire, Philippe de Longevialle, 3ème adjoint à l’urbanisme et à l’aménagement, a désigné avec mépris ceux qu’il considérait comme de simples « stakhanovistes de la pétition », expliquant que quoi qu’il en soit le conseil municipal restait « la seule instance légitime » pour faire approuver le projet. De quoi s’éloigner un peu plus de l’idéal de démocratie locale dont la municipalité se targue.
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« Il y a un déni total de la part des élus concernant l’avis de leurs citoyens »
Enseignant-chercheur en biologie à l’Université Joseph Fourier, Stephan Lacour est aussi habitant de l’Esplanade. À la tête du collectif Esplanade, qui a rejoint l’association « Vivre à Grenoble », il se démène depuis le début contre un projet dont il critique le gigantisme ainsi que le manque de concertation.
Philippe de Longevialle a déclaré dans les tribunes du Daubé que vous étiez « un tout petit collectif autoproclamé », que répondez-vous à cela ?
Effectivement, c’est un moyen de nous rabaisser. Je pense qu’on est suffisamment nombreux dans l’agglomération pour critiquer leur façon de faire, que ce soit à Flaubert, Villeneuve ou Berriat. Les réunions dites de « concertation » par la mairie, sont en fait de simples réunions d’information publique. On a beau faire des suggestions, ils n’en tiennent jamais compte, sauf lorsque ça les arrange. Par exemple, la mairie veut construire plusieurs tours de 30 à 60 mètres juste devant le bâti existant, qui est beaucoup plus bas. De notre côté on avait proposé un compromis : on accepte plus de logements au Nord du site en échange de l’abaissement du niveau de ces tours. Or qu’a fait la mairie ? Et bien elle a augmenté le nombre de logements sans diminuer la hauteur des futures tours.
Donc pour se faire entendre on s’est regroupé en association avec d’autres unions de quartier concernées par les aménagements urbains actuels. Le but c’était d’avoir un vrai poids juridique et de pouvoir faire des recours. Aux yeux de M. de Longevialle, on représente peut-être un petit nombre d’habitants insatisfaits, mais il faut savoir que nos représentants sont élus avec une faible proportion de voix. Quand on voit le nombre de personnes qui votent et la majorité qu’ils ont obtenue, ils ne représentent même pas un quart des gens. Alors nous, on représente peut-être 10% des habitants mais la proportion est à mettre en relation, la différence est ténue.
Après il faut savoir que si je me suis mis en avant c’est simplement pour faciliter le dialogue entre la mairie et les riverains. Je ne suis qu’un porte-parole. Mais ça les élus ne l’ont pas compris.
Pourquoi vous opposez-vous au projet de l’Esplanade ?
Les raisons sont multiples. Mais prenons l’exemple symbolique des places de parking. Le projet prévoit 0,8 place pour chaque nouveau logement construit mais pour les anciens habitants, rien. En plus, pour construire ces logements, la mairie va détruire notre grand parking gratuit de l’Esplanade. Les riverains habitant dans le bâti déjà existant n’auront plus d’endroit où se garer. La seule solution qu’on nous a proposée, c’est la construction d’un parking aérien mais nous ne savons pas à quel tarif prohibitif nous devrons payer les places de stationnement. C’est bien la preuve que c’est l’argent qui anime l’action de la mairie et non le bien-être de la population.
Cela fait 3 ans que vous vous indignez contre ce projet, comment trouvez-vous le temps et la motivation pour vous y opposer ?
Ma motivation c’est qu’à force de passer pour un con devant MM. de Longevialle, Chiron et Pilaud, trois élus de la ville que j’ai déjà rencontrés plusieurs fois, on s’endurcit. Et puis on se retrouve de temps en temps avec des propositions tellement hallucinantes qu’on ne peut pas rester sans rien faire. Avec la suppression de l’autoroute sur l’Esplanade, remplacée par un grand parc, ils envisageaient comme alternative de faire passer 30 000 véhicules par jour devant la gare, ce qui est impensable !
La motivation je l’ai aussi trouvée parce qu’à force d’écrire des courriers courtois où l’on faisait des propositions afin d’améliorer le projet et montrer que l’on n’était pas qu’une simple force d’opposition, et bien on s’est rendu compte qu’aucune n’était retenue. C’est pour cela que je continue à me démener sur ce terrain-là, mais c’est usant. Je fais déjà un double métier, alors c’est vrai que ça empiète parfois sur ma vie personnelle. Mais à force de ne pas être écoutés, les gens deviennent défaitistes et baissent les bras. Et c’est justement ce que veut la mairie. Voilà pourquoi je continue à me battre. Moi je n’ai pas envie de renoncer. Encore une fois ce n’est pas critiquer pour critiquer mais bien pour améliorer le projet initial. Je ne désespère pas mais c’est vrai qu’il y a un déni total de la part des élus concernant l’avis de leurs citoyens.
Durant la foire des Rameaux, « Vivre à Grenoble » a lancé une pétition qui s’intitule « Sauvez votre Esplanade de la destruction et refusez la densification massive de votre ville », où en êtes-vous et qu’en attendez-vous ?
L’objectif c’est d’obtenir suffisamment de signatures pour faire valoir la Charte de la démocratie locale grenobloise. Si on collecte assez de signatures, à savoir 8 000 venant d’habitants de la ville, ils seront obligés en conseil municipal de délibérer en faveur d’un référendum local. À l’heure actuelle nous sommes à plus de 11 000 signatures dont plus de 970 sur le site internet de « Vivre à Grenoble ». Le souci c’est que tous les signataires ne sont pas de Grenoble même. Mais nous approchons de très près le seuil et espérons bien le franchir bientôt.
Par ailleurs, on a déposé lundi 7 mai un recours au tribunal administratif contre la décision du conseil municipal de créer cette ZAC (Zone d’activité concertée) de l’Esplanade en montrant que les études d’impact étaient insuffisantes tout comme la concertation et le temps de consultation publique des dossiers. En tout cas, quand près de 11 000 personnes signent une pétition c’est bien la preuve que les gens ne se sont pas satisfaits. )]
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Projet urbain de l’Esplanade : transformer la ville en vitrine
29 hectares, 1 200 logements dont 30% de logements sociaux et 10% en accession sociale, 6 000 m² de commerces, 10 000 m² d’ « activités », 6 000 m² d’« équipements », une tour « de grande hauteur » et un tram E tout neuf passant par les berges de l’Isère : ce sont les chiffres du projet urbanistique de l’Esplanade débuté en 2009. Philippe De Longevialle, adjoint à l’urbanisme, tient néanmoins à rassurer : « Le rapport bâtiment/montagne sera toujours favorable à la montagne » (Le Daubé, 24/01/2012). Il n’y aura donc a priori pas de tour de 2 900 m (altitude du plus haut sommet autour de Grenoble) à l’Esplanade... Mené par le célèbre architecte de Portzamparc, bétonneur sans frontières, ce projet s’inscrit dans la volonté de la municipalité de construire une ville clinquante, et devenir une métropole européenne qui compte. Il sera donc la continuité du colossal projet de requalification de la Presqu’île, future « Ecocité » sans âme, visant à transformer un quartier austère rempli de bâtiments scientifiques inaccessibles en « nouveau centre-ville ». Ces ambitions marquent la priorité de la municipalité de Grenoble : satisfaire avant tout les scientifiques et chefs d’entreprise, et peu importe l’avis des habitants.)]