Scandale ! Il reste encore du travail manuel dans les fermes. Si les machines ont déjà pas mal envahi l’agriculture, ce n’est visiblement pas assez pour la Start-up nation qui tente de toujours trouver des nouvelles parts de marché. Ainsi de la start‑up Fairme, qui veut commercialiser des « micro-laiteries », gros conteneur en bois capables de « préparer des produits laitiers et de les vendre de manière totalement autonomes ». En gros, il suffit au paysan de lui « donner » du lait cru, la machine le transforme en yaourt, fromage, kéfirs, et les commercialise via un écran tactile et un paiement par carte bancaire. « À l’intérieur de cet atelier autonome, nous avons tout un ensemble de modules qui reproduisent les gestes traditionnels. On va vraiment avoir des bras robotisés qui vont pouvoir attraper des éléments et déplacer la matière. Mais on a aussi tout un ensemble de capteurs qui nous permettent d’analyser la température, la quantité de protéines, de matières grasses pour pouvoir faire aussi bien un yaourt, un fromage blanc ou une tomme. » Avouez que ça fait rêver, non ? Surtout quand on lit que « la robotique et l’intelligence artificielle » sont utilisées « pour retrouver [on se demande comment] la simplicité et l’authenticité d’hier ». Bon, ça c’est ce qui était annoncé en grande pompe début octobre, à l’occasion de l’inauguration de la première « micro-laiterie » dans une ferme de Saint-Nizier-du-Moucherotte. Deux mois plus tard, un petit tour sur place permet de se rendre compte que Fairme ne fonctionne pas – et n’a jamais fonctionné –, un technicien de la start-up galérant à tenter de régler les bugs. Malgré notre insistance, il n’a pas voulu nous laisser voir l’intérieur de la machine – secret industriel oblige. Embauchant vingt-cinq personnes à Montbonnot, cette start-up est dirigée par une personne déjà connue de nos services. En 2012, Loïc Lecerf avait fondé une start-up, Smart me up, spécialisée dans la « reconnaissance faciale embarquée » pour « objets connectés, voitures autonomes ou dispositifs de surveillance... » Tout un programme flippant qui lui a permis de se faire plein de sous en revendant sa boîte à un équipementier automobile Magneti Marelli. Après les bagnoles, Loic Lecerf s’est très naturellement attaqué aux vaches, réussissant, comme tout bon « serial entrepreneur » à pomper un maximum d’argent public pour robotiser encore plus l’agriculture : 2,6 millions d’euros de la DeepTech et 1,7 millions d’euros de l’Ademe et du secrétariat général pour l’investissement. C’est toujours ça que les petits paysans n’auront pas… Justement, un des arguments majeurs de promotion de Fairme est qu’elle ne coûte rien à l’agriculteur et qu’elle permet même « un rachat du litre de lait jusqu’à deux fois supérieur à celui d’une coopérative ! » Mais si c’est juste une question d’argent, pourquoi ne pas donner l’argent directement aux paysans plutôt qu’aux start-uppers ?
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