Piolle 2022, le chantage à l’espoir
Le maire de Grenoble Eric Piolle subit depuis quelques mois un enchaînement de maladies aux symptômes dramatiques. Depuis avril, il a été contaminé par la tribunite, virus touchant beaucoup de personnalités de gauche, et obligeant les contaminés à signer quantité de tribunes creuses dans des médias nationaux pour « réfléchir au monde de demain », « préparer le jour d’après », voire, audace suprême, « construire l’avenir ». Un virus qui se propage encore plus facilement en temps de confinement, car les personnes touchées, isolées dans leur résidence, ont encore plus besoin de croire que leur parole plate est indispensable à l’avènement du futur du monde. Hélas, Piolle a également dû se battre contre deux autres agents pathogènes, entraînant un gonflement excessif des chevilles et une boursouflure exponentielle de l’égo, il est vrai déjà très développé chez cet individu. Malgré tous ces efforts, la melonite l’a gravement touché et le voilà qui multiplie les interviews dans la presse nationale, se posant en « fédérateur » de la « renaissance politique », prêt à prendre le « leadership » de l’union de la gauche et de « l’arc humaniste ». En plus de ce subtil placement, son équipe commence à avancer ses pions de façon un peu plus assumée : des comptes « et pourquoi pas Piolle 2022 ? » sont apparus récemment sur Facebook et Twitter. Le mot creux qui ressort le plus des récents discours du maire de Grenoble est « l’espoir ». Dans son meeting juste avant le premier tour, entouré de plusieurs starlettes de la gauche, il s’émerveillait : « Ici, nous regardons l’espoir dans les yeux. » Pendant sa campagne, il arborait souvent un tee-shirt siglé « l’espoir en commun ». « L’espoir » c’est flou, c’est vague et ça n’engage à rien si ce n’est offrir une alternative au duel Macron / Le Pen. Ça permet aussi de se placer sans contradiction possible dans le camp du bien (qui peut être contre l’espoir ?) même s’il s’agit en l’occurrence de la vieille gauche bourgeoise, les pistes cyclables en plus. Albert Camus disait déjà il y a quatre-vingt ans : « L’espoir, au contraire de ce qu’on croit, équivaut à la résignation. Et vivre, c’est ne pas se résigner. »