Accueil > Été 2020 / N°56

Lubrizol-sur-Drac, la suite

Suite à notre article sur la plate-forme chimique de Pont-de-Claix et Vencorex dans le numéro 54 (À quand un Lubrizol-sur-Drac ?) une lectrice nous confirme le peu d’attention portée à la sécurité par la direction. « J’étais cadre dans cette boîte jusqu’en 2015, responsable des achats de transport et logistique. J’ai remarqué que certaines citernes transportant des matières dangereuses fuyaient. J’ai fait remonter à ma direction qui m’a rétorqué que ce n’était pas possible de les réparer actuellement. Selon eux ça les immobiliserait un moment et ça serait impossible de livrer les clients… On m’a même promis une augmentation, si j’arrêtais d’écrire des “mails polémiques”.  » Mais cette lectrice refuse de se taire, par simple bon sens : « Pendant des années, j’avais peur d’aller travailler là-bas… Tous les 15 jours il y avait une alerte, avec toujours le même message rassurant après, mais on pouvait facilement imaginer le pire. De plus j’avais constaté que les indicateurs sécurité des prestataires logistiques étaient mauvais et je tentais d’améliorer la situation, en vain.  » Elle est donc prise en grippe par la direction, qui la met au placard, puis refuse de l’intégrer au plan de départs volontaires (PDV) mis en place en 2015. « Finalement ils m’ont licenciée pour faute grave, alors que c’était un motif aberrant, soi-disant j’avais demandé mes congés trop tard, tu parles d’une faute grave.  » Aux prud’hommes, elle a donc facilement gagné, même si elle n’a pas encore obtenu d’être intégrée au PDV car les juges prud’homaux ne se sont pas posés la question du véritable motif de ce licenciement absurde et du réel préjudice subi. « Après moi, d’autres employés qui s’inquiétaient pour la sécurité ou se battaient pour leurs droits ont aussi été harcelés ou licenciés de façon brutale. Bon, quand même, depuis les citernes ont été réparées car la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) alertée a obligé Vencorex à les mettre en conformité...  » Ouf ! Habitants de Pont-de-Claix et des alentours, vous pouvez dormir tranquilles.