La co-construction de la propagande
Pas facile de poser des questions aux élus écolo-citoyens de Grenoble : au Postillon, quand on cherche des informations normalement publiques, on se prend souvent des vents. C’est pas très sympa, mais bon on comprend : on ne couvre pas les événements de la mairie, on vient jamais à leurs conférences de presse, on signe pas nos articles, on ne sent pas bon des pieds et on écrit souvent des choses pas gentilles. Les écolo-gauchistes ne sont pas très joueurs, et surtout pas très ouvert à la « libération des données » (contrairement à leurs engagements de campagne), mais c’est presque compréhensible pour notre canard – quoique largement critiquable. Par contre il y a des attitudes municipales qu’on n’arrive pas à expliquer : la bande à Piolle est parvenu à se brouiller avec des médias pleins de bonne volonté. Le site internet Place Gre’net suit avec sérieux l’actualité municipale : ses journalistes vont aux conférences de presse et suivent tous les sujets locaux d’actualité. Des fois, ils font des compte-rendus appliqués d’événements municipaux, sans rien dire de mal, et des fois ils vont gratter derrière la communication officielle pour soulever quelques points sensibles. Un travail normal de journalistes consciencieux. Mais un travail jugé pas assez bienveillant de la part du cabinet du maire (il préfère les louanges de Politis ou de Reporterre), qui fait tout pour compliquer le travail des journalistes de ce site. Dans un long article, Place Gre’net (3/05/2017) dénonce des « entraves à la liberté d’informer » : « Déplacement non communiqué, refus d’interviews, absence de réponses aux sollicitations, journalistes délibérément exclus de visites presse, pressions exercées avant ou après la publication d’articles sur des sujets sensibles. (…) Fait troublant mais pas si étonnant, les commandes d’encarts de communication à Place Gre’net par la Ville se sont subitement arrêtés en novembre 2016, alors que la Ville continuait de largement communiquer dans le reste de la presse. Une mesure de rétorsion économique suite à des articles ayant déplu, comme un membre du cabinet l’a clairement exprimé à un journaliste de Place Gre’net ». Dans le même temps, la mairie continue par exemple d’acheter des publicités au Daubé et vient de payer le voyage d’une de ses journalistes en Israël pour couvrir un déplacement du maire, selon Place Gre’net.Au conseil municipal du 7 février, les élus ont même voté – à propos de l’exposition Fantin-Latour au musée de Grenoble - une convention de partenariat avec le quotidien local, la multinationale Schneider electric, et Indigo (une ancienne filiale de Vinci). La mairie continue-t-elle les échanges financiers avec Le Daubé parce que ses articles ne lui « déplaisent » pas ? Pour justifier la différence de traitement, l’élu Alan Confesson traite, sur Facebook, Place Gre’net de « média d’opposition », qui a une « ligne éditoriale qui n’est pas celle d’un média indépendant ». Pour les élus, il y a en fait un véritable média indépendant à Grenoble : il s’appelle Gre’mag et c’est le bulletin municipal.