Accueil > Décembre 2014 / N°28
La carte du tendre
Ici on sait recevoir. La Métro, le SMTC (syndicat mixte des transports en commun), l’Entrepôt du Bricolage et Le Daubé (toujours là pour les partenariats avec le pouvoir) se sont alliés pour offrir quatre mille mallettes aux « nouveaux arrivants » de l’agglomération grenobloise (pas les migrants et autres populations en galère, ceux qui ont les moyens). À l’intérieur, un tas de documents promotionnels, et quelques cartes classiques de l’agglomération.
Alors, nous aussi, on a voulu faire un cadeau aux habitants de Grenoble, nouveaux arrivants ou pas. Pierre Lazare nous a proposé cette « carte du tendre », comme il l’appelle. Il fait référence à la célèbre « carte de Tendre » imaginée au XVIIème siècle, représentant un pays imaginaire appelé « Tendre », sur laquelle sont cartographiées les différentes étapes de la vie amoureuse d’après le point de vue des Précieuses (mouvement culturel et littéraire de l’époque). Cette carte énigmatique a suscité diverses interprétations, certains la prenant pour un casse-tête savant, d’autres pour un divertissement léger. On a parlé d’elle comme d’une « affirmation du féminisme », comme un moyen d’imaginer le romanesque, ou comme d’une promotion de l’amour platonique.
La carte du tendre grenoblois n’est pas un casse tête savant. Elle est simplement une représentation subjective de Grenoble-nord, version « France Inter/ Berlin Est » selon son auteur. Chacun remarquera qu’elle est donc très centrée sur son lieu de vie - le quartier Saint-Bruno - et ses passions - les bars, les drogues et les choses culturelles.
On aurait aimé proposer à quelqu’un de très différent - n’habitant pas le même quartier et étant moins porté sur les troquets - de dessiner sa carte mentale de Grenoble, histoire de confronter deux subjectivités. On n’a pas réussi mais la proposition reste ouverte.