Accueil > Février 2018 / N°44

« Management bienveillant » et foutage de gueule

Grenoble école de l’hypocrisie bienveillante

Demain, c’est loin, mais 2020 c’est à portée de main. À deux ans de l’échéance, le bal des ambitions a déjà commencé pour les prochaines élections municipales grenobloises. Parmi les postulants inattendus, on a dernièrement vu sortir du bois patronal Loïck Roche, le directeur de la très chère Grenoble école de management (GEM). Ces dernières années, il promeut sans cesse les théories du management bienveillant et du bien-être au travail. Applique-t-il ces théories au sein de sa propre structure ? Le Postillon a rencontré quelques salariés de Gem et vous propose un voyage au sein de cette nouvelle hypocrisie novlanguesque.

Il y a quinze ans, toutes les entreprises se sont mises à causer « développement durable ». C’était la mode du « green washing », et les multinationales du béton ou du pétrole essayaient de faire croire qu’elles respectaient l’environnement en ajoutant des écomots dans leur propagande.
Aujourd’hui, cette mode perdure, même si on parle plus de #transition que de développement durable. Et puis il y en a d’autres qui ont émergé. Depuis quelques années, il y a de plus en plus de discours autour du « bien-être au travail  », du « slow management », voire du «  management bienveillant ». Des grands groupes du Cac 40 aux petites PME, la communication essaie de plus en plus de faire croire que les relations au travail seraient apaisées et épanouissantes.
Comme pour l’attention à l’écologie, la réalité est toute autre que les bonnes volontés affichées. C’est ce que défend un article paru sur le site de The Conversation puis sur celui de La Tribune, et intitulé «  Le management bienveillant : c’est ceux qui en parlent le plus qui en font le moins » :

« La dernière mode en matière de management est, en effet, au bien-être au travail, au “slow management” et au “care” ; un mouvement parti du monde anglo-saxon et qui vise à lutter contre le stress et la souffrance au travail. (…) Pourtant, et malgré l’affichage du management bienveillant, il nous semble que plus on en parle et moins on le pratique au sein des entreprises et organisations. (…) Ce double discours n’est pas seulement répréhensible sur le plan éthique, il l’est également sur le plan de l’efficacité organisationnelle. À tenir un discours en externe et une pratique en interne totalement opposés, les dirigeants s’exposent à ce que leur parole soit de plus en plus disqualifiée. Ainsi, ce double discours, qui est de plus en plus mal ressenti par les salariés, contribue in fine non pas à l’amélioration du bien-être au travail mais au contraire à sa dégradation. C’est tout le paradoxe du management bienveillant. (…) Au lieu de parler toujours plus de management bienveillant et d’agir en réalité à l’opposé, les dirigeants feraient mieux de moins en parler et d’agir réellement dans l’intérêt de leurs salariés. »

Ce qui est étonnant c’est que ce n’est pas un syndicaliste, un universitaire critique ou un militant gauchiste qui écrit ces lignes. L’auteur s’appelle Michel Albouy, et est professeur de finance à Gem.

Gem, c’est Grenoble école de management. « Une école dans laquelle le futur se construit chaque jour  », selon leur com’. « La quatrième école de commerce française, la deux cent et quelquième école de commerce mondiale  » selon le classement de Shanghaï 2017. «  Près de 437 millions d’euros de retombées sur l’économie locale », selon d’obscurs chiffres calculés par l’école elle-même. À Gem, il y a près de 6 000 étudiants, devant claquer 33 000 euros de frais d’inscription. Et à Gem, il y a surtout un grand dirigeant : Loïck Roche.


Pas clair comme un texte de Roche

Un sacré type, ce Loïck Roche.
Une étoile locale, un génie peu connu.
Son CV est d’ailleurs long comme un jour sans gain.
On ne peut pas hélas le recopier entièrement ici, faute de place. Rendez vous compte, il a déjà quatre diplômes différents : «  diplômé de l’Essec (une école de commerce), docteur en psychologie, docteur en philosophie, et titulaire d’une habilitation à diriger des recherches en sciences de gestion  », en plus de formations à Harvard ou Hong-Kong. Poly-diplomé, Loïck Roche dispose d’une culture générale infinie, et prend soin de l’étaler le plus souvent possible. Les nombreux articles de sa page LinkedIn sont parsemés de citations de grands auteurs (Malraux, Nietzsche, Kant, Boris Vian, Epictète, Deleuze, Primo Levi, Alfred de Musset) ou d’illustres inconnus (Pierre Cazamian, François Hubault, etc.), ce qui hélas n’empêche pas nombre de ses prises de position d’être floues et difficilement compréhensibles.

Parce qu’il est sacrément intelligent, Loïck Roche. Outre ces diplômes, il a également plein de « responsabilités  ». En plus de présider Gem, il vice-préside la conférence des grandes écoles, il préside le Chapitre des écoles de management (une espèce de club), il participe au conseil de la Banque de France, il administre la FNEGE (Fondation nationale pour l’enseignement de la gestion des entreprises), il dirige la collection « Management et Innovation » aux éditions des PUG, etc., on vous épargne la liste complète. Notons quand même, pour indiquer la grandeur de l’homme, qu’il est titulaire de l’ordre de la Légion d’honneur et membre du Rotary Club.

Et surtout, surtout, il est selon lui «  à l’origine en France, avec John Sadowsky, du concept de Slow Management  ».
Le slow management c’est, selon Wikipedia, «  l’ensemble des pratiques managériales alternatives destinées à créer des environnements coopératifs, stables et durables privilégiant l’épanouissement humain  ».
Une bien belle théorie. Que Loïck Roche promeut assidûment, en la dénommant également «  bien-être au travail  » ou «  management bienveillant  ». Outre une flopée d’articles, il a co-écrit un bouquin sur ce thème «  Slow management : éloge du bien-être au travail » (avec Dominique Steiler et John Sadowsky). Il a réalisé des conférences entières dessus. Et puis « son » école accueille une chaire originale baptisée « Mindfulness, bien-être au travail et paix économique ». Précisons que « mindfulness » signifie la « pleine conscience » et que la « paix économique » est un nouveau concept également à la mode qui aimerait que tous les acteurs de la guerre économique mondiale posent les armes, se prennent par la main, distribuent des profits équitables à leurs actionnaires parce que « justement qui veut la paix... prépare... la paix ». Eh oui, même parmi les doctorants managers, il y a des bisounours.

Des paroles et pas d’actes

Cette chaire, Loïck Roche en est très fier et il en parle beaucoup. Car voyez-vous il n’est pas un vulgaire manager, pensant juste à se faire du fric en dehors de toute morale. «  Le slow management relève d’une véritable écologie humaine. (…) Le slow management permet d’atteindre plus vite une performance durable. Pour cela, il faut que les hommes et les femmes se sentent bien dans leur travail. C’est pourquoi il faut accepter de déconstruire ce qui a été mal construit et d’inverser nos modes de pensée, de mettre en œuvre un nouveau type de management.  »

Et comment s’y prend-il, Loïck Roche, pour «  mettre en œuvre un nouveau type de management » et diffuser le « bien-être au travail  » au sein de son école ?
Le Postillon a essayé de questionner une vingtaine de salariés de Gem. Malheureusement, seulement quatre ont accepté de nous répondre – trois préférant rester anonymes. Comme cet employé de Gem qui n’a visiblement pas perçu tous les bienfaits des grandes idées de Roche : «  Bosser à Gem, ça peut être un environnement agréable. Les horaires sont assez souples par exemple. Mais on a des salaires plutôt bas et la charge de travail augmente clairement d’année en année. Le management s’est durci depuis qu’il est arrivé à la direction en 2012. Les mesures sont imposées avec des mots durs et tranchants. Il fait de la com’ autour de la recherche sur le mindfulness mais ne l’applique pas à l’intérieur. »

Un avis que partage une ancienne enseignante : « Le slow management et le mindfulness dans la bouche de Loïck Roche sont surtout des mots qui passent bien dans les plaquettes, la communication en général et pour avoir des articles dans des journaux. Et puis ils facilitent la levée de fonds venant d’entreprises et autres organisations publiques et privées. La pratique est à peu près à l’opposé de ce qui est communiqué. Loïck Roche est assez intelligent pour le savoir et il en joue avec un plaisir certain (pour lui)  ».

Des avis isolés ? Il semble que non, si l’on en croit le numéro de septembre 2017 des Gem Leaks, le bulletin de liaison du syndicat CFE-CGC (Confédération française de l’encadrement - Confédération générale des cadres) : «  Chacun l’a constaté et en fait part aux représentants du personnel : l’ambiance à Gem s’est à nouveau dégradée à la rentrée. Pagaille dans l’organisation, suppression de groupes en dernière minute, bugs dans les logiciels des plannings et salles. Une bureaucratie qui tourne sur elle-même pour autojustifier sa raison d’être. Pression et surcharges de travail, mal-être général, nouveaux cas de burn-out, salariés qui se signalent en détresse (…) En somme, il se pratique à Gem le contraire de ce qu’on y enseigne. Et, comme dans de nombreuses institutions, plus on affiche et communique sur les « valeurs », moins on les met en pratique.  »

Le professeur de finance Dominique Thevenin est représentant du personnel CFE-CGC, syndicat hostile au changement de statut de Gem. Jusqu’à peu, l’école était un service de la CCI (chambre de commerce et d’industrie) et ses salariés des agents publics d’un établissement public de l’État. Mais en 2016, la CCI a décidé de transformer Gem en une société anonyme privée sous le statut « d’établissement d’enseignement supérieur consulaire » qu’elle détient à 100 %. Depuis, les salariés de la CCI sont « incités » à changer de statut : « Il y a eu plein de pressions insidieuses pour basculer du public au privé, mais ça n’a pas vraiment marché. Depuis l’année dernière, il y a eu moins de 100 basculements volontaires du public au privé, sur les environ 600 salariés de Gem (dont énormément de CDD). La plupart ne veulent pas passer au privé, parce que les indemnités de licenciement sont très inférieures, il n’y a pas d’accord d’entreprise, un jour de carence en cas de maladie, et plus aucune petite hausse automatique à l’ancienneté. La politique salariale est 100 % individuelle, donc arbitraire, à la tête du salarié. Ce ne sont pas des avantages énormes dans le public, mais forcément c’est toujours préférable. »

Ces petits «  avantages » n’ont-ils rien à voir avec le « bien-être au travail  » tant vanté par Loïck Roche ? Nos interlocuteurs se rejoignent pour assurer que «  plus il en parle, plus il fait le contraire. (…) Les gens regrettent l’époque de l’ancien président Grange, qui était plus proche des gens.  » L’employé de Gem surenchérit : « C’est quelqu’un avec qui on ne peut pas vraiment dialoguer. D’ailleurs on le croise peu dans les couloirs et il ne dit pas souvent bonjour. Il ne faut pas lui déplaire parce qu’il est rancunier. Et puis il reste toujours dans le flou. Ses réponses sont rarement opérationnelles. »

Il partage un article qui le critique

« Faire de Gem un lieu d’exception pour exercer notre métier  » : un des derniers slogans de Gem mis en avant par Loïck Roche sonne bizarrement. À entendre tous ces témoignages, il semble bien que les pratiques de Loïck Roche correspondent tout à fait au titre de l’article cité au début de ce papier : « Le management bienveillant : c’est ceux qui en parlent le plus qui en font le moins  ». Et pourtant, le directeur de Gem l’a retweeté deux fois... L’auteur Michel Albouy n’a pas voulu nous répondre, mais un autre professeur de Gem confie en « off » : «  C’est assez cocasse que Loïck Roche ait partagé cet article. Avec des collègues, ça nous a fait marrer parce que cet article critique bien ce qu’il fait lui-même. Alors soit il se voile complètement la face, soit il fait semblant d’accompagner des choses qui le critiquent, ce qui est assez malin. L’école a beaucoup d’ambitions, ce qui est très bien. Mais depuis quelques années, cette ambition fait que la pression est très forte, parce que la concurrence mondiale s’est exacerbée, qu’il y a les classements. Pour les profs il y a une pression de publication extraordinaire, si on ne remplit pas les objectifs, on doit faire plus d’heures d’enseignement ou d’administratif. »

Ce qui énerve le plus ce professeur, c’est le « double discours ravageur  » dénoncé par Michel Albouy. « Je suis pas du tout révolutionnaire, hein, j’aimerais plus d’honnêteté intellectuelle. Avant on parlait moins de “slow management”, mais il y avait peut-être plus de bien-être. Avec cette duplicité, les gens n’adhèrent plus, il faudrait au moins avoir le courage de l’honnêteté intellectuelle, plutôt que de prétendre faire des choses positives. Les salariés peuvent comprendre qu’il y a de la concurrence et qu’il faut qu’ils se démènent, mais si en même temps on les baratine sur le bien-être, ça va forcément les démobiliser. à Gem, c’est encore plus grossier, parce qu’on a une chaire autour du slow management. Et forcément on apprend à nos étudiants, futurs managers, à ne pas faire correspondre les paroles avec les actes.  »

Le « management bienveillant » tant prôné par Roche ne semble donc même pas rayonner au sein des professeurs et autres cadres supérieurs de son école, qui sont pourtant les seules catégories professionnelles visées par ces théories de bien-être au travail. Si des entreprises tentent de « mettre en œuvre un nouveau type de management  », c’est avant tout pour les cadres, jamais pour les petites gens. D’ailleurs quid des « ouvriers » de Gem ? Il n’y en a presque plus. «  Le nettoyage a été sous-traité. Tout comme la réception ou la sécurité à l’entrée  » nous ont assuré nos interlocuteurs.

Même si Loïck Roche faisait preuve d’un minimum de bonne volonté pour appliquer les théories qu’il promeut, toutes ces professions continueraient à subir un management classique, une pression brutale et un salaire de misère. Ce n’est pas demain la veille qu’on verra des stages de mindfulness ou des séminaires sur le bien-être au travail dans des entreprises de nettoyage, chez des éboueurs ou dans le secteur de l’aide à domicile.
Ces théories de cadres sont faites par les cadres et pour les cadres. Pour le monde des winners, auquel appartient Gem avec fierté, où les réussites et profits de quelques-uns se construisent toujours sur l’exploitation et le mépris de beaucoup d’autres.

Les lotissements bienveillants ?

Loïck Roche ne s’occupe pas que du management : il se voit aussi comme un grand penseur qui veut irriguer la société de ses fulgurances intellectuelles. Il clame haut et fort être « le créateur de la théorie du lotissement » qu’il résume ainsi : « comme dans un lotissement, ma maison a d’autant plus de valeur que la maison du voisin a de la valeur  ».
Dans un petit livre éponyme, il propose de régler tous les problèmes du monde à base d’amour et de coopération. Certaines phrases semblent ainsi tout droit sorties des théories Gaïa : « Travailler pour le voisin, c’est travailler pour soi » ; « Comme les arbres au cœur de la forêt, au cœur d’un lotissement, il appartient à chacun de tirer l’autre vers le haut, vers le soleil  » ; « Apprendre à tendre la main  » ; « Ce qui est bon pour l’un est bon pour l’autre, et inversement  ». Loïck Roche, vous lui donnez une guitare et des cheveux longs et il pourrait faire des featurings avec Tryo.
Sauf qu’on a connu quand même meilleur modèle que le lotissement, représentant quelques-uns des pires travers de nos sociétés actuelles : mitage des campagnes, croissance infinie de l’urbanisation, omniprésence de la bagnole, règne du chacun-chez-soi et des haies-murs entre voisins.

Mais sa théorie est surtout représentative d’une tendance des macronistes et classes dominantes : parler beaucoup d’amour et de « bienveillance » pour essayer de faire disparaître les rapports conflictuels, les revendications salariales ou les grèves en « acceptant de ranger les couteaux et laisser les querelles de côté ». Exploiteurs, exploités : tous unis dans l’amour des dividendes des actionnaires ! Des bons sentiments qui ont quand même quelques limites : ce qui importe pour ce conseiller de la Banque de France, c’est la « compétitivité de la France » et « la place de la France dans le monde ». Sous-entendu : l’entraide s’arrête aux frontières, et dans une économie mondialisée il ne faut surtout pas « travailler pour le voisin » ou « tendre la main ».

Malgré toutes les théories fumeuses que pourront inventer les managers, le « bien-être au travail » ne pourra être qu’un privilège de quelques-uns tant que régneront la compétition internationale et le capitalisme. Étant donné que pour les classes dominantes «  il est aujourd’hui plus facile d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme » (selon les mots de Jean-Claude Michéa), elles mettent sur le marché des nouveaux concepts pour redorer le blason de l’accumulation illimitée du capital et des inégalités qu’elle implique. À quand le foutage de gueule bienveillant ?


Loïck Roche candidat aux municipales grenobloises de 2020 ?

En octobre dernier, Jérôme « Iznogood » Safar annonçait qu’il se retirait de la vie politique (tristesse et désolation). Si l’ex-candidat socialiste looser ne retentera donc pas sa chance en 2020, il glisse le nom de son chouchou du moment : «  je ne suis pas insensible aux idées de Loïck Roche  » (Le Daubé, 9/10/2017). Le directeur de GEM ne s’est pour l’instant jamais aventuré en politique, même s’il intervient régulièrement dans des débats locaux, notamment pour donner des leçons de « responsabilité » au maire Piolle en promouvant le règne de l’économie : «  c’est l’économie, et l’économie seule qui permet la mise en œuvre concrète des ambitions sociales  » (Le Daubé, 4/11/2015). Sur son blog, il parle régulièrement de ses hautes ambitions pour Grenoble, en bombant le torse et en reprenant tous les concepts à la mode : « Ne pas vouloir être une smart city mais, à dix ans, être la première smart-city de France. Ne pas vouloir réduire ses émissions de carbone, ou « seulement » travailler sur des espaces verts à même des bâtiments intelligents, une flotte de véhicules autonomes ou des infrastructures novatrices mais, à trente ans, être la première ville zéro déchet de France  ». En octobre dernier, il faisait une allusion assez directe à une éventuelle candidature : « Ce pas à faire, cette dimension à porter sur la scène politique, pour une voie juste, saine et durable, pour Grenoble, pour notre territoire, avec cette ambition de contribuer à améliorer le bien-être des hommes et des femmes, vous le savez, j’y réfléchis très sérieusement  ». Austérité bienveillante, slow-participatif, smart-bien-être-city : on attend avec impatience les concepts qui vont porter sa candidature.

Le « business for society »

En dehors du management bienveillant, Loïck Roche a d’autres concepts creux à revendre : il répète que « les business schools doivent évoluer de business school à school for business for society ».
C’est d’ailleurs le nouveau slogan de l’école : « school for business for society ». L’idée, c’est là aussi de se démarquer de l’image du businessman se préoccupant uniquement de son gros salaire, et de faire émerger une nouvelle espèce de businessmen solidaires et bienveillants, ruisselant sur la société. C’est beau comme la « moralisation du capitalisme », non ?
Une autre ambition rochienne est aussi pleine de beaux sentiments : l’écologie. « Une grande école doit être aussi à la pointe de la RSE (responsabilité sociale des entreprises) C’est pour cela que Gem s’est fixé comme objectif d’être en 2020 la première grande école européenne zéro déchet.  » Encore une tartufferie, qui devrait se limiter à quelques mesurettes réduisant les impressions ou les emballages. Pendant ce temps, Gem continuera à promouvoir par exemple les déplacements polluants incessants (Gem a douze implantations en Europe, Asie ou Amérique du Nord) et les gadgets des nouvelles technologies et leurs nombreux déchets (qui gisent, c’est vrai, plutôt dans les pays du Sud).