La démission de la sous-ministre Fioraso pour raisons de santé nous frustre un peu : pour la première (et sans doute dernière) fois, on s’apprêtait à prendre politiquement sa défense. Deux semaines avant son départ du gouvernement, l’ancienne cumularde locale a été victime d’une campagne de dénigrement suite à la parution d’un article de Médiapart (20/02/2015). Intitulé « Le diplôme fantôme de la ministre des universités », ce papier reprochait à Fioraso de s’être inventé une « maîtrise en économie » qu’elle n’a jamais eu. En fait, la députée de l’Isère a une « maîtrise d’anglais option économie » et non une maîtrise d’anglais et une d’économie comme il était indiqué dans certains articles et dans son profil Who’s who. On apprend donc qu’une personnalité politique peut mentir : quel scoop ! Mais à l’inverse des journalistes, politiciens et universitaires scandalisés par ce « mensonge », son « modeste » diplôme nous rendrait presque Fioraso sympathique : ne pas avoir fait l’Ena ou une autre grande école comme presque toutes les têtes à claques l’entourant au gouvernement et au ministère, voilà un fait d’armes à mettre à son crédit. Avoir légèrement pipoté sur ses diplômes est également touchant : que « l’élue augmentée » (voir Le Postillon n°14) travestisse un peu son parcours comme un vulgaire jeune en galère nous donnerait presque envie de voter pour elle. D’autant plus qu’on peut difficilement reprocher à Fioraso de ne pas être au niveau en matière économique. Son activisme forcené pour les grands patrons et petit développeurs de start-up parle pour elle : elle est bien plus « forte » en économie que nombre d’anciens étudiants ayant eu leur maîtrise. D’ailleurs c’est bien là le problème. Son plus gros mensonge, c’est de faire croire que le monde pourrait aller mieux si on amplifiait encore plus le règne de l’économie et des nouvelles technologies sur nos vies. Sa plus grande faute, c’est d’avoir manigancé pendant toute sa carrière – et jusqu’à ses dernières actions au ministère comme la mise en place du statut d’étudiant-entrepreneur ou des « Moocs » (cours en ligne) – pour accélérer la fuite en avant technologique et le développement du capitalisme. Là-dessus, elle est effectivement inexcusable.
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