Dernier jardin avant l’autoroute
Il était une fois, trois immeubles aux toits de tuiles rouges : le premier est au nord, le troisième est au sud. Ils n’ont que trois étages, le linge sèche aux balcons. Autour, derrière, la végétation déborde. « On doit être bien, là-dedans »... J’étais à l’atelier vélo installé juste en face, à les regarder. Des immeubles désuets et charmants, au milieu des barres monumentales de la cité Mistral et adossés au talus de l’A480, c’était rafraîchissant, ça ne pouvait pas durer. « Ils vont les détruire, dit Ali. Pour élargir l’autoroute ».
« Vous imaginez, des rosiers à Mistral, la cité des gangsters ? » Marc pétille. Le jardin de sa mère est verdoyant. Elle n’est plus de ce monde et lui, retraité, atteint d’une sclérose en plaques, n’a plus les jambes pour jardiner. Mais la fenêtre de sa cuisine donne toujours sur les arbres fruitiers plantés là, figuier, néfliers, olivier. Il y avait même autrefois deux pêchers donnant des pêches rouges. Derrière les arbres, un mur : trois mètres de béton ajouré ça et là de carreaux de verre épais, dont beaucoup sont brisés. Ça laisse passer le bruit et des fragments d’images, toujours les mêmes, de bagnoles et camions. « C’est la mentalité à Mistral, casser pour mieux… mieux je sais pas quoi, d’ailleurs. » Faut croire qu’on s’habitue : « Moi ça me fait chier de partir d’ici après 47 ans » bondit Marc. Il a un étage à monter sans ascenseur et presque sans guibolles, mais... faut croire qu’on s’habitue. Partir d’ici ? Mais pourquoi ? Pour aller où ? Au début de l’été 2017, quand les habitants des résidences Drac apprennent la destruction prochaine de leur logement, le désarroi domine. « Quand on a su ça, on en a perdu le sommeil ! » dit Chantal, une voisine de Marc. Retraitée elle aussi, arrivée en 1968 dans le premier immeuble, elle a vu les barres se construire en face de son balcon à l’est.
Malgré la tristesse, malgré les liens qui les unissent pour certains depuis des décennies, les habitants rencontrés ne comptent pas lutter contre l’expulsion. Ils espèrent un relogement correct et protéger ce qui compte : « C’est pas l’immeuble, mais l’entourage. Nous avons décidé avec mes voisines que nous allions rester ensemble, dit Tassedit. Vous allez pas me trahir hein ! » lance-t-elle à ses voisines, deux frangines qui pourraient être ses grand-mères. Elles acquiescent. Tassedit s’est installée un an plus tôt dans le quartier, dans le troisième petit immeuble. Elle fait des ménages au Touvet, deux heures aller, autant au retour, bus-tram-bus. « Ici, j’ai trouvé un appartement plus grand. Ça me plaît beaucoup. Les gens quand je dis que j’habite là ils disent : “Mistral c’est un quartier chaud” mais il n’y a pas de problème avec les voisins, c’est ce qui m’a étonnée. C’est vraiment très calme ici. » Elle croyait poser les valises pour de bon et s’est attachée à Pierrette et Yvonne, arrivées alors qu’elles étaient gamines, « le 1er octobre 1951, se souvient Yvonne. C’était tout neuf, y avait encore les sciures et pas de lumière ». « On échange beaucoup d’expériences, sourit Tassedit, des immeubles de personnes âgées avec des personnes jeunes ça donne beaucoup d’ambiance. Ça va me faire mal s’ils nous séparent, je regrette de déménager. » Pour le moment elles naviguent à vue et ce n’est pas Actis, le bailleur social, qui va les renseigner : « On a une autre démolition concrète et actée à Mistral pour laquelle les relogements se terminent, mais par rapport au projet Drac aucune info » admet la chargée de com’.
Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que les habitants de ce quartier - presque exclusivement constitué de logements sociaux - se font ballotter par les démolitions-reconstructions. En 2012 tombait le dernier des immeubles Strauss, un ensemble de quatre barres gigantesques construites à partir de 1964 et rasées pour cause de vétusté, d’amiante et de rénovation urbaine (voir Le Postillon n°17). Pourtant « c’était le meilleur secteur de Mistral », regrette encore Ali qui y a grandi. Après le boulot, il passe ses après-midis à bricoler des vélos à l’Atelier solidaire. De l’autre côté de la rue, il y a l’immeuble des frangines. Ali hèle Pierrette qui a l’âge d’être sa mère : « Vous vous rappelez de moi ? j’étais sur le même palier dans les quatre barres. »
Pierrette : « Bien sûr je me souviens, moi j’habitais dans l’allée de Falzone. »
Ali : « Vous savez pourquoi ça a été détruit ? Y a pas de solidarité entre les habitants. »
Pierrette : « La solidarité de nous ça a rien à voir avec Actis ! Qu’est-ce qu’ils en ont à foutre de nous ! Six ans qu’il ont démoli les quatre barres et où t’as vu un artisan s’installer ? » à quelques mètres de là, le terrain reste désespérément vague. « J’ai pas été voter, je sais pas pour qui et pour quoi. Pour ce qu’on a après ils sont tous les mêmes, ils veulent le portefeuille » s’agace Pierrette. La zone artisanale promise n’a jamais vu le jour. Une entreprise de plomberie y jette ses poubelles pour ne pas payer la déchetterie, à la grande indignation de Pierrette et Yvonne, tandis que deux familles avec de jeunes enfants y ont installé des cabanes. La végétation foisonnante rendrait l’endroit presque sympathique s’il n’y avait pas l’autoroute, les gravats, et cet air d’abandon planant sur ce qui fut le « meilleur secteur » du quartier. En revenant d’une visite de courtoisie aux squatteurs, Ali lâche à Amar : « Remarque ils ont trouvé le bon endroit, j’y avais pas pensé. » Amar : « ah oui, la cabane contre l’autoroute, là ! Bien située. »
C’est quelque chose qui n’apparaît pas sur les documents de l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) qui pilote ces démolitions : à chaque fois qu’Actis ou d’autres rasent, remembrent, bâtissent de nouveaux HLM, il se trouve des habitants pour témoigner qu’ils aiment leurs grands ensembles, en dépit de la réputation du quartier ou de l’idée convenue que ces barres sont sordides. Tout le contraire de ce qui se disait dans les années 60 et 70, lorsque ces constructions symbolisaient le confort moderne.
Et si c’était le propre de la classe ouvrière : ne pas pouvoir voir venir ? La bourgeoisie peut transmettre ses maisons de maître mais qui sauvera les souvenirs accrochés au mâchefer de la résidence Drac, à l’amiante des barres Strauss ? Aux maisons ouvrières du Rondeau ?
Quand Mistral a vu le jour entre deux guerres mondiales, on l’appelait la cité-jardins du Rondeau. C’était pour aguicher les futurs habitants, surtout des ouvriers, et en plus c’était vrai : sur les photos des années cinquante, le quartier est loti de villas, terrains individuels, arbres, potagers, et quelques rares immeubles, dont celui d’Yvonne et Pierrette. Les appartements étaient attribués aux cheminots, aux ouvriers de Neyrpic, aux pupilles de l’air des Eaux-claires, et autres militaires. Au nord et jusqu’aux boulevards il n’y a alors que des champs, tout comme au sud. La future autoroute n’est qu’un mince ruban de bitume longeant le Drac à l’ouest. « La route était pas large, c’était la digue, se souvient Yvonne. Derrière l’immeuble, on avait un petit ruisseau, de Fontaine jusqu’à la Viscose. Les gens ils balançaient des trucs dedans mais elle était propre, l’eau. » Quand Pierrette se marie à 20 ans elle s’installe « en face », où les parents de son mari avaient emménagé en 1924 : « On avait une petite maison, un jardin. J’avais une cuisine et une chambre en bas, une buanderie, deux chambres en haut. On était bien. Y’avait une place où tous les habitants se réunissaient. Y avait pas de danger. »
Au début des années soixante, les jardins laissent place aux barres Strauss au sud. À la première réunion d’information, les habitants de la cité-jardin ont rigolé, quand on leur a annoncé la création de Mistral et la destruction de leurs villas : ils ne pouvaient le croire. Ils ont pourtant été relogés dans les barres Strauss flambant neuves, un peu nostalgiques de perdre leur potager mais contents de le troquer contre le confort moderne. En une décennie, tout le quartier Mistral subit le même sort et sa population est multipliée par dix : « On était 250 habitants avant » rappelle Pierrette, qui sera passée des « petites maisons » aux barres, puis revenue dans l’immeuble de son enfance avec son mari alors malade, avant que celui-ci ne décède. Lorsque sa mère décède à son tour, elle reprend son appartement au premier étage : « Je voulais pas que personne prenne l’appartement de ma maman. Chaque fois ça me chagrine de déménager et encore plus maintenant que je suis à la fin de mes jours, c’est bien triste de partir de là, après 66 ans. » Ces souvenirs, et les trois petits immeubles, sont tout ce qu’il reste de la cité-jardin. « J’ai 81 ans, reprend Pierrette. On a élevé les enfants ici, on les a mariés ici, on a toute notre vie ici. Pourquoi subitement il leur prend de démolir un joli bâtiment qui tient bien debout, alors qu’il y en a des plus vieux à démolir ? Ça les amuse de détruire. »
« Pour construire, il faut détruire. C’est leur métier, » résume Tassedit.
Le ruban de bitume n’a cessé de s’élargir et de s’engorger : devenu autoroute sous l’impulsion de l’ancien maire Dubedout, flanqué d’un talus rehaussé d’une haie puis d’un mur antibruit. Où est passé le ruisseau ? Comblé, canalisé ? Derrière les immeubles, des parcelles de la butte sont attribuées aux habitants qui souhaitent cultiver leurs légumes. La terre était viciée pourtant, « du plomb dedans », alors les potagers devenus interdits disparaissent. Restent les fleurs et les arbres fruitiers. Le jardin de la mère de Marc est le dernier à être encore entretenu. Il y a eu jusqu’à cinquante rosiers sous la tonnelle. « Ma mère avait été primée par Carignon, » se souvient-il encore ému. Il a gardé le journal. « Elle avait vraiment la main verte : même le lierre, elle le prenait au cimetière à Voreppe, et ça repoussait ». Dès qu’ils partaient en vacances Marc et sa mère rapportaient quelque chose à planter : « Le palmier il vient de Pau. Des amis nettoyaient leur jardin. J’ai pris une pousse bêtement, regardez maintenant. Le dattier au pied du palmier c’est elle qui avait planté un noyau, il aura pas le temps de donner des dattes celui-là. En haut y a une vigne qui vient de Rivesaltes, doit y avoir du raisin. Les nèfles ça poussait, les arbres croulaient sous le poids des fruits. »
Assis avec Marc dans sa cuisine, à l’abri de la pluie, on regarde l’eau qui dégueule du chéneau. Des mois que ça dure : « J’appelle Actis tous les jours, mais le responsable est toujours sur le terrain apparemment. J’arrive pas à lui parler ! » Il tombe des cordes. Quelle idée on a eu, de venir un jour pareil ? En descendant au jardin, on patauge dans le hall de l’immeuble puis dans le local où reste un caddie plein d’outils de jardin. « Ma mère était sur son lit de mort, et elle a reçu une lettre recommandée d’Actis pour qu’elle enlève ses outils de jardin du local commun ! J’ai écrit à Piolle, parce que c’est lui le directeur d’Actis. Il leur a dit de laisser tomber. » Marc en a après Actis qui lui loue l’appartement. Il en a aussi après Area, gestionnaire de l’autoroute et du talus derrière l’immeuble, rarement ou pas entretenu. Il a la râlerie débonnaire, assortie d’un regard amusé. On avait fait connaissance au début de l’été, sur le pas de porte de son garage, ouvert sur la rue Albert Thomas : c’était un jour où il faisait beau. Il était assis sur une chaise et des voisins passaient, s’asseyaient un moment. Chantal lui parlait justement de la réunion avec Actis. « Les relogements doivent commencer fin 2018. Bon, si il faut partir on partira. Mais on nous a rien dit » déplorait-elle. Marc, lui, serait bien resté là : « On vit en bonne entente avec tout le monde, j’ai un voisin laotien, y’a Momo, qui est algérien. On est bien. Et ce qui fait marronner c’est qu’après 47 ans on vous dit l’année prochaine, c’est-à-dire demain, vous devez partir. Dans Mistral, la cité des gangsters, trouver des immeubles qui sont cool et les détruire … »
Marc est arrivé dans le quartier en 1970 avec ses parents, simple manard. Le quartier a changé, pas qu’un peu, mais il y a des choses stables : « ça a toujours été la cité des truands. Au départ c’était principalement italien, après y’a eu les Maghrébins, après les boat-people, puis les Maghrébins ont repris le dessus. C’est eux qui tiennent la cité. Et les Roms, y en a qui squattent, ils s’installent dans les appartements, dans les barres à détruire rue Anatole France. C’est toujours les on-dit, moi je sors pas. En ce moment c’est les Noirs, des Congolais et des Maliens, on sait pas pourquoi tout à coup. » Un vrai atlas de géographie, ce Marc : « Ah oui, je suis international. Je suis né à Madagascar, parce que mon père était militaire. Mon frère est né en Algérie, ma sœur au Maroc. »
Puis, comme on parlerait de la flotte qui tombe ou du soleil qui va revenir : « Bon, je sais pas vous, peut-être que vous pensez qu’on est tous frères sur la terre... » Il nous voit venir avec nos grands discours, mais il en a après un Tchétchène qui jette des poubelles par la fenêtre. « Il est venu me voir, il me disait “problème, problème ?” Il a soulevé son t-shirt, il avait des trous. Il a dû se faire canarder là-bas, mais pourquoi me provoquer ? Il a vu que j’avais les béquilles, c’est pas allé plus loin mais bon. » Voilà un peu de la vie de Marc entre premier étage, voisins cools ou moins cools, garage donnant sur la rue, béquilles, déambulateur, et jardin en péril.
C’est paisible, ce coin, vous le croiriez pas si vous lisiez Le Daubé. « On est un quartier résidentiel ! » sourit Marc. Des petits groupes discutent ici ou là, sur des chaises de jardin ou sur les bancs publics. Les types qui dealent, on les voit pas tellement. Par contre, on croise des chibanis ou des mamies maghrébines qui attendent que les tapis sèchent, à cheval sur les grillages des jeux pour enfants. Comme c’est l’été, les animations de la ville de Grenoble occupent des mômes au milieu de la pelouse.
Après un moment avec Marc j’ai voulu rejoindre les gens de l’atelier vélo sur la place. En passant sous le porche de l’immeuble qui mène au plateau, j’ai croisé un groupe de CRS, puis un deuxième, puis un troisième, qui faisaient le guet à des points sans doute stratégiques de ce champ de bataille. Dans L’art français de la guerre, Alexis Jenni prétend que les méthodes d’intervention de la police française dans les quartiers sont héritées des parachutistes de la bataille d’Alger. Faut toujours qu’ils exagèrent, ces écrivains. N’empêche, ces groupes de flics tout à côté des animations plein-air de l’été, des gamines qui viennent s’initier au judo, ça déraille. « Je sais pas ce qu’il se passe, on les a juste vu arriver. Ils sont au moins trente, non ? » jauge une animatrice. Mistral, territoire occupé, ça n’a pas l’air de perturber le cours des choses. Mistral est un quartier paisible, en général. Le lendemain de cette descente, on lira dans Le Daubé : « Une unité de la BST (Brigade spécialisée de terrain) qui procédait au contrôle d’un jeune homme sur l’avenue Rhin-et-Danube, à la hauteur de la cité Mistral, a été attaquée à coups de projectiles, lundi, vers 18 heures. Pour se dégager, les policiers ont fait usage à plusieurs reprises d’un lanceur de balles de défense et ont été renforcés par d’autres équipages, notamment par des CRS. Un scooter présentant les caractéristiques d’un véhicule volé a été saisi et une enquête a été ouverte sur les jets de projectiles. » Les flics ont eu le loisir de donner leur version des faits au Daubé. C’est cette partie du récit médiatique sur le quartier qui prend toute la place. Du quotidien paisible de Marc ou Tassadit, on ne sait pas grand-chose. C’est normal : il est paisible.
Quelques jours plus tôt, par exemple, à la projection de cinéma en plein air, l’ambiance était bonne. Comme ça, pour voir, les flics de la BAC ont fait leur ronde, flashball au poing et l’air martial. Trois petits tours et puis s’en vont. Les habitants sont blasés, même pas surpris. « Ils viennent ici, mais ils vont pas voir tel immeuble, parce qu’ils savent que si ils y vont ils sont morts, » sourit un type amer. Ici, les jeunes hommes gardent la facture d’achat de leur téléphone portable : c’est le seul moyen d’aller le rechercher s’il est confisqué par la police.
Assis sur le muret de briques, devant le troisième immeuble Drac, on est repartis sur le quartier qu’est plus comme avant et les voisins trop tôt disparus. « Mme Lévy elle me considérait comme son fils, elle me faisait des clafoutis aux myrtilles, salive Ali. Tu te rends compte ? J’oublierai jamais ça. »
Le quartier n’est plus comme avant. Mais ce qui fait « marronner », ce n’est pas la truanderie, qui a toujours fait partie du paysage ; c’est plutôt la disparition des bus, des services, des commerces. Amar arrive de l’atelier vélo. Il était à l’école avec le fils d’Yvonne, à l’époque. « Y’a des chanteurs qui ont joué ici. Cabrel, Lavilliers, Téléphone aussi. Avant on avait le marché là. » Du bras, il désigne le parking de l’autre côté de la rue Albert Thomas. « Maintenant on a même plus de boulangerie », dit Pierrette. « Vous croyez que c’est normal qu’on n’aie pas de commerces dans une cité avec tant d’habitants ? » Yvonne : « Et le centre social, qu’on avait au milieu de la place. »
Amar : « Quand ils ont supprimé l’école élémentaire, tout est parti. »
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L’autoroute augmentée
Les immeubles, les gens qui sont dedans, ce n’est pas le problème d’Area : eux, ils élargissent une autoroute. Ils auraient pu nous dire pourquoi c’était si important, au moment où de pic de pollution en pic de pollution, une humanité moins suicidaire chercherait à réduire le trafic et la largeur des routes, mais les tentatives d’appel téléphonique ont échoué.
Autoroute ou pas, la destruction des immeubles était programmée par l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) pour 2023. Le projet d’élargissement de l’A480 l’avance à 2019, « c’est-à-dire demain » comme le dit Marc. L’Anru n’a pas pour objet de ravaler les façades. Le boulot de l’agence consiste à démolir, et faire tourner le secteur du bâtiment en construisant de nouveaux immeubles sociaux. « Tous les 30 ou 40 ans c’est bien de rénover le parc HLM, estime le technicien de la Métro en charge du dossier. Les immeubles de la résidence Drac sont en mauvais mâchefer de l’après-guerre ». Contrairement à la tour Perret faite de l’excellent béton d’avant-guerre (voir Le Postillon n° 41), il n’est pas question de les rénover. Alors que - contrairement à la tour Perret - ces immeubles « résiduels » ont l’air en bon état. Sans être du métier, on dirait que leur plus gros défaut est d’être dans le passage.
Christophe Ferrari, le président de la Métro, jure pourtant que l’élargissement de l’autoroute se fera sans en changer l’emprise. Cela vous semble étrange, d’ajouter deux voies aux voitures sans prendre plus de terrain ? Hop, petit tour de passe-passe expliqué par une technicienne de la métro : « L’emprise, c’est le terrain qui est propriété du domaine public. Il n’y a pas besoin d’acheter du terrain. L’emprise ne désigne pas la chaussée, il y a éventuellement le trottoir, le talus etc. » C’est ainsi que les habitants de Mistral verront bien le mur antibruit se rapprocher de cinq mètres et prendre de la hauteur. Et au revoir, les figuiers du talus, qui étaient sous l’emprise de l’autoroute.)]