Courrier des lecteurs
La réponse sirupeuse de Bustos
Dans le dernier numéro, on avait décerné la Noix d’honneur à Ludovic Bustos, maire de Poisat, vice-président à la Métropole, chanteur engagé dans Ke Onda, et scandalisé par la réquisition du portrait de Macron dans la salle du conseil municipal de sa commune. Il nous a répondu sur Facebook, réseau asocial qu’on boycotte pour de multiples raisons évidentes.
« Comme je ne suis pas à la hauteur en tant qu’homme public et artiste j’aurais davantage préféré me voir caricaturé avec une immense guitare, bien trop lourde et imposante, l’écharpe d’élu tricolore en guise de sangle pour porter ce fardeau. (…) La méchanceté gratuite, l’interprétation des choses et les raccourcis ne sont définitivement pas ma conception des relations humaines. Ils semblent faire partie des vôtres. Qu’il en soit ainsi. Je le respecte. (…) Ceux qui me connaissent, ce qui n’est visiblement pas votre cas, savent que je suis resté toujours le même dans ma façon d’être. Mes engagements politiques et artistiques n’ont pas changé, mes convictions et mes valeurs humaines non plus. Alors “sigue la lucha” cher Postillon, ne vous en déplaise. Ce sera avec plaisir que je viendrai chercher ma récompense lors de la cérémonie de remise des “Noix d’honneur” que vous organiserez en présence, bien évidemment, de votre jury qui a voté pour moi à l’unanimité.
Si vous cherchez un lieu cela peut se faire publiquement en Mairie de Poisat dans la salle du conseil municipal. Il manquera juste le portrait officiel du président de la République en exercice mais, ça, vous le savez déjà. Je pourrais, à cette occasion vous chanter, avec ma guitare, une de mes sirupeuses chansons en espagnol. Soyez-en assurés, dans le public, certains seront ravis. Vive la République et vive la France avec sa presse libre, indépendante et... anonyme dont je partage, en totale transparence, cet article. »
Réponse du Postillon :
OK M. Bustos, on va peut-être venir au conseil d’octobre avec des buenas ondas et nos célèbres cagoules noires. Préparez les mojitos et les pailles.
Rappel :
Les personnes déconcertées par l’anonymat très relatif du Postillon peuvent venir au local tous les mardis pour une psychothérapie. La première séance est anonyme et gratuite. Et si vous tenez à connaître le nom et la tête des gens qui font Le Postillon, vous pouvez aussi traîner dans les manifs, les marchés, les bistrots, bon nombre d’événements publics du monde réel… et toujours pas sur Facebook.
La palme du fayot
Les fayots sont en forme pour cette rentrée. Il y a Jeanine qui nous assure : « J’ai tous vos numéros depuis le premier (à part celui sur Corenc que mon ex-voisine ne m’a jamais rendu). » Juliette qui analyse subtilement : « Lire vos textes me procure toujours une dose de contentement agréable. Vos mots sont bien choisis. Sans rien enrober, vous restez critiques, drôles et même parfois poètes. Même si certains sujets me serrent le coeur ; ça fait du bien de lire des textes qui sont (enfin) en accord avec ses idées. »
Mais la palme revient sans aucun doute à Florian, qui nous a adressé ce mail en guise de lettre de motivation : « Tu me pardonneras j’espère, d’abord de te tutoyer, et puis aussi de ne pas prendre ma plus belle plume pour t’écrire un mot. Je te dirais, si j’osais m’abaisser à la flagornerie, que ces lignes ne sont point manuscrites uniquement par crainte que le stylo tombe de mes mains tremblantes. Et, si je m’en remets donc à une version plus froide et virtuelle du pigeon voyageur, l’émotion n’en est pas moins réelle devant mon clavier, tant je me suis abreuvé de ta prose ces dernières années. En louant, comme de bien entendu, à la fois ton inventivité, la clairvoyance de tes analyses et la subtilité de ton style impeccable. Sur lesquels je vais devoir cesser de passer ma brosse à reluire afin de lui laisser quelques poils.
Mais j’en viens à l’objet de ma missive : il y a quelques années, alors que je te lisais en tant que vulgaire ingénieur grenoblois, une bonne ou une mauvaise fée (qu’il est encore trop tôt pour juger) me souffla à l’oreille que telle n’était pas ma destinée. En cela, je présageais en quelque sorte ta Une de l’automne dernier. Et je décidais donc d’embrasser ta trace et celles de quelques autres canards qui ne méritent pas d’être nommés ici. Un diplôme et quelques CDD plus tard, me voici donc journaliste indépendant, manière polie de dire en recherche d’engagement.
Bien sûr, je sais que tu préfères réserver tes deniers pour soutenir la veuve, l’orphelin ou même des présidents de métropole en manque de notoriété. Mais je me dis que tu consentirais peut-être à me recevoir pour discuter d’une collaboration éventuelle. Ou simplement parce que, ce jour-là à l’heure de l’apéro, il n’y avait personne de motivé pour aller chercher des bières à l’épicerie du coin. Bref, il est temps que j’aille me coucher, je commence déjà à te parler de mes penchants moins flatteurs. »
Chers lycéens ou étudiantes qui nous écrirez dans les prochaines semaines pour gratter un stage, prenez-en de la graine ! Admirez cette prose élégante, équilibrée et juste dans l’expression ! Ce sens de la mesure et ce bon goût ! Tâchez de vous en inspirer pour ne pas nous pondre des mails ou lettres formatées comme on en reçoit trop souvent. C’est pas pour ça qu’on vous prendra forcément en stage, mais au moins vous aurez fait preuve d’originalité.
Lisez Le Postillon à visage découvert
Pour son anniversaire, nous offrons à notre ami Rémi un abonnement à votre journal. Parce qu’il aime bien prendre des nouvelles de la Cuvette assis sur la sienne. Et qu’il a un peu peur de croiser un de ses collègues chez le buraliste un Postillon à la main, il n’assume pas tout à fait. Ce serait cool de ne pas donner son adresse aux RG. Quant à moi, je continuerai d’acheter les numéros qu’il oubliera de me prêter chez le buraliste ou sur les marchés ! Damien.
Pourquoi pas vous ?
Un voisin a déposé un exemplaire sur les boîtes aux lettres, j’ai lu, j’ai apprécié, je m’abonne. G.