Censure de rien
Et soudain les censeurs se taisent. Alors que, depuis l’automne, toutes les conférences pro-Palestine avaient systématiquement été « dénoncées » par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) de Grenoble puis interdites par la Préfecture, la doctrine semble avoir changé ces dernières semaines. Ainsi le samedi 4 mai, le cinéaste israélien Eyal Sivan a pu sans problème donner une conférence « pour le boycott universitaire et culturel de l’État d’Israël » à Grenoble alors qu’il porte un discours au moins aussi militant que – par exemple – l’avocat Salah Hamouri et l’ancien rédacteur en chef du Monde Diplomatique Alain Gresh, dont la conférence à Échirolles avait été interdite en janvier à cause d’un soi-disant « discours porteur de haine ». Comme pour la période Covid, les mêmes évènements et les mêmes contextes peuvent entraîner répressions puis laisser-faire, sans plus d’explication que ça. L’arbitraire d’État n’a pas besoin de justifier ses revirements, ses contradictions ou ses incohérences et peut imposer tout, puis son contraire.