Accueil > Juin 2010 / N°06

Caméras cachées, la suite

Chronologie Succinte

Depuis la parution du dernier numéro du Postillon, la contestation de la vidéosurveillance s’est amplifiée.
Rappel sommaire de quelques faits.

• Des chenapans rédigent et diffusent une série de tracts «  Démontons les caméras  », à plusieurs milliers d’exemplaires.
• Le 8 avril, Michel Destot est interpellé sur le sujet lors d’une réunion publique. Irrité, il répond : «  Si on faisait un réferendum sur les caméras, c’est simple on le gagnerait. Et même si on ne le gagnait pas, je le ferai quand même ».
• Le lendemain, rebelote, à une nouvelle réunion publique. Chiron (adjoint aux transports) et Safar (adjoint à la sécurité), envoyés au front, inventent une nouvelle justification à l’installation opaque de ces caméras : elles ne serviront que pour la gestion du trafic, n’enregistreront pas et ne seront pas visionnées par la police.
• Lors du conseil municipal du 26 avril, Destot lâche le morceau : certaines caméras, après étude, seront reliées à un «  centre de supervision  » et disponibles pour la Justice... donc elles enregistreront. Le service com’ à du souci à se faire...
• Le 29 avril, à l’entrée d’un lycée, Destot et Safar sont chahutés.
• Pendant la manif du premier mai, un cortège de joyeux lurons détruit deux caméras fraîchement installées. Une femme d’un autre cortège est interpellée en fin de la manif, un homme est blessé par la police.
• Le 17 mai, une quarantaine d’opposants vient perturber le conseil municipal. Ils s’insurgent : «   Destot, Safar, on est pas des pigeons !  », «  On en veut pas de tes caméras !  », «  Votre comité d’éthique est bidon  ». La séance est interrompue trois fois avant que 60 flics ne les délogent de la salle du public.
• Le 19 mai, la jeune femme passe en procès. Elle est suspectée d’être l’auteure des destructions de caméras du 1er mai, alors que des photos et des témoignages l’en disculpent. La justice du pouvoir rendra, elle, son délibéré le 7 juin. Plus de détails sur grenoble.indymedia.org

Et le parti communiste  ?

Lénine, réveille-toi, ils sont devenus fous  ! A Grenoble, le PC dénonce dans un tract distribué récemment l’installation de nouvelles caméras. A Echirolles pourtant, le parti communiste installe des caméras de vidéosurveillance depuis deux ans. Certaines ont été détruites. Serait-ce par des membres du parti communiste grenoblois  ?

Le début de la gloire

Le 19 mai, au tribunal, lors de l’audience de la jeune femme interpellée arbitrairement suite à la destruction de deux caméras de vidéosurveillance pendant la manifestation du 1er mai. La juge s’adresse à l’accusée : «  Il y a un groupe opposé à la vidéosurveillance qui s’appelle « Le Postillon et ses amis ». (...) Connaissez-vous ce groupe ?  »

Petites précisions à l’attention de madame la juge :
• Si nous sommes opposés à la vidéosurveillance, nous ne sommes pas un groupe, mais un journal. Nous n’avons donc pas d’autres activités que d’écrire et de diffuser ce canard.
• Nous n’avons hélas pas d’amis. Si nous avons signé la carte de la vidéosurveillance offerte dans le dernier numéro « Le Postillon et ses ami-e-s », c’était bel et bien pour rire de notre angoissante solitude.
• Si vous vous étiez mieux renseignée, vous auriez pu lire, dans l’édito du numéro N°3 du Postillon, cette petite phrase empruntée à feu Le Plan B : «  Ce journal est un marteau, ses colonnes identifient les clous. A vous la main  ». Au regret de vous signaler que nous ne sommes pas la main que vous recherchez...
• Il n’y a pas qu’«  un groupe opposé à la vidéosurveillance  » : le NPA, la CNT, les Verts, le PCF de Grenoble, Stéphane Gemmani (Modem) et peut-être même des membres du PS dénoncent ces installations de caméras.

Les 7 erreurs de l’AFP

Les brèves de l’AFP, c’est souvent un peu comme le jeu des 7 erreurs, il faut trouver toutes les contrevérités qu’elles contiennent. Suite à la destruction de deux caméras lors de la manifestation du 1er mai et à l’interpellation d’une personne, la cellule grenobloise de l’AFP a pondu une brève reprenant uniquement la version policière, accusant à tort la personne interpellée en transformant les faits. Un travail bâclé et mensonger, à l’opposé des belles intentions affichées sur le site de l’AFP : «  Dans un monde où se déversent des flux incontrôlés de données non vérifiées et d’informations orientées, nos journalistes professionnels expérimentés trient, hiérarchisent les informations, vérifient les faits pour les mettre en perspective.  »

Michel «  Big Brother  » Destot

Destot aura-t-il assez de place dans son bureau pour ranger tous ses prix ? Car il a également fait partie des nominés aux «  Big Brothers Awards 2010  », une cérémonie de remise de prix à destination « des gouvernements et des entreprises… qui font le plus pour menacer la vie privée  ». Présent dans la catégorie «  Orwell Localités  », il a été une nouvelle fois – après la candidature aux J.O. – doublé par Christian Estrosi et la ville de Nice, mais a tout de même obtenu une très belle médaille de bronze. Il bénéficie d’une présentation élogieuse de la part du jury : «  Connue pour sa longue implication dans les nanotechnologies, la ville de Grenoble réaffirme son goût pour les must de la technologie de surveillance et pour l’opacité en installant clandestinement des caméras de surveillance dernier cri sur le trajet des grandes manifestations  ».
Un nouveau prix pour Destot, qui – il faut bien le reconnaître – a été un peu «  volé  » à son premier adjoint à la sécurité, Jérôme Safar. Mais c’est la dure loi des concours : ce sont les chefs de navire qu’on honore quand les sous-fifres – qui se coltinent les réunions publiques, les prises de tête avec les opposants et les réponses à la presse – sont complètement oubliés. Nous ne pouvons que conseiller à Jérôme Safar de persévérer et – un jour, sûrement – son heure aussi viendra.
Par ailleurs, Grenoble était à l’honneur lors de cette remise des Big Brothers Awards : les «  démonteurs de caméras  » du 1er mai faisaient partie des nominés pour le «  Prix Voltaire  », qui « récompense des individus et des collectifs qui luttent contre la surveillance et tentent d’enrayer la frénésie de contrôle des élus et des responsables publics et privés. » Mais c’est le collectif grenoblois Pièces et Main d’Oeuvre qui a remporté ce même prix, notamment pour avoir saboté les débats publics autour des nanotechnologies.

Trois gouttes dans le Vert

Gilles Kuntz, élu de l’opposition (Ecologie et Solidarité) annonçait en conseil municipal le 26 avril dernier : «  notre groupe, comme il le fait souvent, organisera une réunion publique sur ce sujet (la vidéosurveillance). Elle aura lieu le 10 mai prochain  ».
Lundi 10 mai, 18h30, Maison des associations. La réunion publique sur la vidéosurveillance, annoncée nulle part si ce n’est sur les sites internet des écolos, s’est transformée en réunion de préparation du conseil municipal... Personne, ou presque, dans le public. Est-ce parce que les «  écolos  » ne prennent le vélo que lorsqu’il fait beau, ou bien est-ce par manque de publicité ? Dans tous les cas, le public semble s’être dissout sous l’orage. La vingtaine de personnes présente est composée d’élus, d’anciens élus, de sympathisants Verts, ADES, Alternatifs et de quatre curieux. Tout le monde se connaît, c’est le noyau dur de l’écologie politique à la grenobloise. Mais où sont donc passés leurs 9818 électeurs des dernières élections municipales ?