Accueil > Décembre 2016 / N°38

Big Brother se construit aussi à Grenoble

À Grenoble, on a de quoi être fiers : on est à la pointe de l’innovation-numérique-qui-va-changer-le-monde-et-créer-plein-d’emplois. En plus, nombre d’entreprises locales participent à quelques grandes œuvres contemporaines. Avez-vous entendu parler du fichier TES (titre électronique sécurisé) ? Il s’agit encore d’une merveilleuse idée du parti socialiste. En pleine torpeur de la Toussaint, le gouvernement français a décrété la création d’un nouveau fichier regroupant pas moins de 60 millions de français, soit tous ceux détenant une carte d’identité ou un passeport. Ce fichier géant, il faut des entreprises pour le mettre en place. Un article de Rue 89 (9/11/2016) nous apprend que l’agence en charge de ce fichier monstre a pour prestataires des entreprises comme Amesys, Atos ou Bull. Ces entreprises ont toutes leur implantation dans le « laboratoire grenoblois » et profitent des millions d’euros d’argent public mis dans le développement de technologies sécuritaires. C’est à échirolles que Bull développe un supercalculateur utilisé notamment par les services secrets (Le Postillon n°23). Parmi les données contenues dans ce méga-fichier TES, on trouvera notamment les empreintes digitales, la couleur des yeux, les adresses physique et numérique, ou la photo numérisée du visage. Ces photos numérisées pourraient permettre à des caméras de vidéosurveillance de reconnaître quiconque passera en dessous d’elles, grâce à des technologies de reconnaissance faciale. Et là-dessus encore, l’agglomération grenobloise fait partie des bonnes élèves : c’est une start-up du coin, Smart me Up, qui est à la pointe de « l’analyse faciale en temps réel ». On avait consacré une page à cette société promouvant la « vidéosurveillance connectée » en juin 2015. Depuis on a appris « qu’une expérimentation de ses recherches ‘‘est en cours auprès de la SNCF’’ » (objetconnecte.com, 13/01/2016), afin d’identifier des passagers dans les gares. Pour ceux qui veulent leur dire tout le bien qu’ils pensent de leurs recherches, leurs bureaux sont basés au 17, chemin des prés, à Meylan.