Accueil > Décembre 2016 / N°38
La Métropiolle contre Trump ?
Le lendemain de l’élection américaine, Piolle a réagi dans un texte appelé « Demain, un Donald Trump dans chaque pays, chaque ville, chaque village ? ». Pour une fois, ce communiqué n’est pas qu’un ramassis de banalités : Piolle prend le risque de s’éloigner des réactions indignées attendues et pose quelques constats pertinents : « Il est urgent d’entendre les témoignages des habitants de nos villages, de nos petites villes abandonnées par leurs industries et les courants porteurs.(...) Les dernières élections régionales en France, le Brexit, Le Pen ou Trump sont devenus les instruments d’une revanche (...). La revanche du sédentaire, moqué et confiné dans l’angle mort du débat public, contre le nomade intégré aux mouvements de la mondialisation ». Si l’analyse – documentée depuis longtemps par des auteurs comme Michéa ou Todd – est intéressante, les solutions prônées par Piolle sonnent par contre bien creux. Il assène : « À l’heure où, partout sur le territoire, les grandes villes s’organisent en un vaste club de métropoles connectées les unes aux autres, il faut éviter que celles-ci ne deviennent des nouvelles citadelles. (...) Les métropoles doivent être placées sous contrôle démocratique (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui !) et promouvoir un modèle qui profite à l’ensemble du territoire alentour. Pour vivre et se développer sans craindre d’être assiégées, les métropoles doivent accompagner, libérer les initiatives et les solidarités locales, et non aspirer les richesses des territoires avant de leur recracher leurs déchets. » Quelques jours auparavant, Piolle s’était épanché dans Le Daubé (3/11/2016) à propos de la Métropole : « On a quinze ans de retard. On se bat avec le président Christophe Ferrari pour faire avancer les choses, avec un vrai projet de mandature qui gomme, petit à petit, les frontières artificielles. On avance pas à pas, mais dans le bon sens. » Le maire de Grenoble milite donc activement pour accélérer le mouvement de métropolisation, en prêchant naïvement une « démocratisation ». Alors que, comme nous l’avions souligné dans le numéro 22 (octobre 2013), les métropoles ne peuvent pas être « démocratiques » ou « solidaires », car elles résultent d’une volonté de l’État de réorganiser son territoire pour les besoins de la compétition libérale mondialisée et de la déraison économique. Ce que l’on écrivait il y a trois ans est toujours grandement d’actualité : « Afin de contrer le fatalisme, il nous reste à opposer un processus inverse à celui de la métropolisation, un mouvement qui aurait pour but de relocaliser le pouvoir des habitants. De la même manière que la sortie de l’Union européenne est la seule façon pour les peuples de retrouver un peu de souveraineté, la sortie de la métropole est la seule façon pour les simples habitants d’espérer retrouver un peu de liberté d’action.
Nos revendications :
- dissolution de la Métro ;
- désertion de la compétition économique internationale ;
- autonomie communale ;
- libre association pour le ramassage des poubelles ;
- création de communes libres dans chaque quartier de Grenoble ;
- requalification de l’Hôtel de Ville en musée de la Grande Guerre économique. »