Accueil > Oct. / Nov. 2014 / N°27

Une communicante de Carignon à la rédaction en chef du journal municipal

« Grenoble, le 8 Juillet 2014, Madame, Monsieur, cher Postillon,

Votre courrier « Indépendance à vendre » m’est bien parvenu et je l’ai lu avec la plus grande attention. Mon équipe et moi-même vous remercions de l’attention que vous portez à l’installation de la nouvelle majorité à l’Hôtel de Ville et, en particulier, à la mise en œuvre de notre treizième item du projet « Grenoble, une ville pour tous ». Vous proposez ainsi une formule originale pour le nouveau journal municipal et, à ce titre, souhaitez intégrer son équipe éditoriale. Si l’idée est à bien des égards séduisante et semble honorer notre engagement, nous avons bien trop de respect pour l’indépendance des journalistes pour, hélas, répondre favorablement à votre offre.

Votre « respect » est à géométrie variable. Vous semblez par exemple faire beaucoup d’efforts pour vous acoquiner avec Les Affiches, cet hebdomadaire local dont la lecture réclame un grand esprit de discernement pour distinguer les publicités des articles. Le numéro du 4 juillet raconte une visite « d’une délégation de l’équipe municipale » au siège des Affiches. Sans aucun respect pour l’indépendance des « journalistes » des Affiches, vos adjoints Bernard Macret, Pierre Meriaux, Sadok Bouzaiene, Kheira Capdebon et Martine Jullian, votre directeur de cabinet Gaël Roustan et vous-mêmes avez sacrifié un peu de votre temps précieux pour aller faire risette avec le businessman-propriétaire du journal Dominique Verdiel. L’importance de cette délégation montre que vous portez beaucoup d’estime à ce brûlot ultralibéral : mais c’est vrai qu’au moins ces « journalistes », pleins de respect, ne manqueront pas de vous brosser dans le sens du poil.

Je ne voudrais pas, de surcroît, vous entraîner « à l’insu de votre plein gré » dans un certain mélange des genres dont le passé a montré qu’il n’a rien de fécond pour la démocratie.

À propos : dans le numéro « spécial été » des Nouvelles de Grenoble, le premier bulletin municipal de votre équipe, nous avons remarqué un certain « mélange des genres » assez curieux. Alors que vous annoncez vouloir faire « du neuf pour la com » avec « un journal citoyen de qualité », vous avez confié la rédaction en chef de ce numéro à... Elisabeth Munz. Cette journaliste-communicante qui mange à tous les râteliers (le CEA Grenoble, l’IEP, la région Franche Comté,...) est surtout connue pour avoir été la principale collaboratrice de Frédéric Mougeolle, le monsieur com’ du corrompu le plus célèbre de l’Est, j’ai nommé Carignon Alain. Vous vous rappelez ? Mougeolle, c’est celui qui a lancé Grenoble Mensuel, Dauphiné News, et qui s’est fait entraîner par l’ancien maire de Grenoble dans des profondeurs judiciaires le condamnant à dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis et soixante-dix mille francs d’amende. N’étiez-vous pas au courant de ce passé douteux ou l’arrivée de cette personne à la rédaction en chef de votre journal s’est-elle faite « à l’insu de votre plein gré » ?

Pour autant si la forme du futur journal est en construction, notamment en lien avec les habitants de notre ville, je suis déjà en mesure de vous assurer que je porterai une attention toute particulière à ce qu’il ne devienne pas un journal à la gloire de la majorité municipale et du maire. C’est pourquoi, j’entends vos alertes constructives. Je reste persuadé qu’il est possible de construire un journal municipal avec sa propre équipe de rédaction tout en l’ouvrant aux habitants et à leurs préoccupations. Un espace existera aussi pour rendre compte des controverses qui animent le débat public local et contribuent à la dynamique de notre ville.

Effectivement, nous ne vous conseillons pas de réaliser un « journal à la gloire de la majorité municipale et du maire » : le créneau est déjà pris par Politis, qui a encore prouvé, dans son édition du 26 juin consacrant la une et trois pages aux « 100 jours d’Eric Piolle » qu’il pouvait être aussi enthousiaste et dénué d’esprit critique avec un pouvoir vert & rouge que Le Figaro l’est avec un pouvoir UMP.

Enfin, étant moi-même lecteur régulier de votre journal, j’ai demandé au service documentation de la Ville de Grenoble d’acheter plusieurs exemplaires de votre journal à chaque parution afin que les agents de la ville comme la nouvelle majorité puissent consulter vos travaux en mairie – ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent.

Au fait, Le Postillon est toujours disponible dans une seule des bibliothèques municipales (celle d’études). Pourriez-vous « demander » à la directrice des bibliothèques d’abonner les treize autres bibliothèques afin que tous les habitants puissent le consulter gratuitement ? Et puis, pourriez-vous arrêter de vous vanter pour chaque petit changement par rapport à la précédente équipe ? ça commence à devenir lassant, et à force, vous risquez de persuader tout le monde que sur les sujets d’importance, rien n’a changé.

Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations les meilleures. Eric Piolle »