Accueil > Mai / Juin 2013 / N°20

Edito

Si tu t’appelles mélancolie

Edito. C’était il y a quatre ans. Tin lin lin [Sur l’air de l’Été indien de Joe Dassin]. Un jour où les gardes mobiles envahissaient le parc Paul Mistral et chargeaient des manifestants. Une odeur de merguez planait dans l’air. Les sonos syndicales crachaient leur musique. Tin lin lin lin lin tin lin lin. C’était un premier mai

Edito

C’était il y a quatre ans. Tin lin lin [Sur l’air de l’Été indien de Joe Dassin]. Un jour où les gardes mobiles envahissaient le parc Paul Mistral et chargeaient des manifestants. Une odeur de merguez planait dans l’air. Les sonos syndicales crachaient leur musique. Tin lin lin lin lin tin lin lin. C’était un premier mai. Et le premier vendeur à la criée du Postillon brandissait le numéro zéro du journal, comme si rien ne pouvait le perturber. Pas même les coups de tonfa et encore moins les merguez. C’était une feuille de chou, à parution à l’improviste, diffusée chez à peine plus d’une poignée de buralistes, tirée à quelques centaines d’exemplaires. Tin lin lin tin lin lin.

Vingt numéros et quatre ans plus tard, avec 3000 exemplaires diffusés au dernier numéro et près d’une centaine de points de vente, nous voici assaillis par les doutes et les questionnements.

  • Pourquoi faire un journal ?
  • Comment se fait-il que Les Inrockuptibles, propriété du millionnaire Mathieu Pigasse, hebdomadaire de la gauche kérosène, en arrivent à citer Le Postillon en toute flatterie ?
  • Faut-il un « s » majuscule à « sillon alpin » ? Et est-ce que « la plupart des gens » s’accorde au pluriel ?
  • Les dessinateurs naissent-ils avec le gêne du bavardage ?
  • Comment réagir quand au bout du fil la police municipale d’un petit bled de 5000 habitants nous enjoint de retirer deux malheureuses affiches (cf courrier des lecteurs) et nous glisse gentiment : « Oui je le lis, d’ailleurs elle est plutôt pas mal votre publication » ?
  • Et si un adjoint PS de la ville de Grenoble achète un exemplaire à notre meilleur vendeur à la criée ? Et si c’est le maire en personne, sourire en coin, qui lui rétorque «  mais je l’ai déjà lu voyons ! » ? C’est grave, docteur ?
  • Comment donner envie aux lycéens d’acheter un journal plutôt qu’une application Iphone ?
  • Pourquoi n’y a-t-il presque plus aucune effervescence sociale ou contestataire dans la cuvette depuis notre naissance ?
  • Qui est ce mystérieux « El Coyote » qui a laissé un message sur notre répondeur en nous demandant de rappeler Zorro ?
  • Faire des blagues avec un journaliste du Daubé, est-ce s’institutionnaliser ?
  • Que répondre à un politicien UMP grenoblois qui nous demande poliment, après avoir précisé que « beaucoup de choses nous séparaient sur le plan des idées » de pouvoir utiliser quelques amusants détournements publiés dans le journal ?
  • Michel Destot a-t-il un compte en Suisse ou à Corenc ?
  • Faut-il arrêter de confectionner la couv’ du journal la veille de l’impression, alors qu’on a deux mois pour le faire ?
  • Jérôme Safar mérite-t-il un portrait ?
  • Pourquoi les journalistes de Grenews partent-ils si longtemps en vacances ?
  • Fait-on des éditos aussi ennuyeux que ceux d’Aurélien Martinez du Petit Bulletin ?
  • Et si Le Postillon n’existait pas, iriez-vous siffler sur la colline ?

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