Pour l’interdiction des manifs virtuelles
La manif virtuelle est une des pires nouveautés que le confinement a engendrée. Pour le 1er mai dernier, l’intersyndicale de l’Isère (regroupant Solidaires, la CGT, l’Unef et des gilets jaunes) ont appelé à une manifestation sur les balcons et derrière les ordinateurs en suivant une page Facebook « 1er mai aux fenêtres en Isère ! #PourLeJourDapres » sur laquelle était programmés des discours syndicaux, des « musiques festives et engagées » et des partages de photos ou vidéos des balcons respectifs et une incitation à relayer les #hashtag #PlusJamaisCa #PourLeJourDapres sur les réseaux sociaux. L’algorithme de Facebook permet de savoir que 257 personnes ont participé à cette initiative, ce qui au moins évite les débats incessants sur les chiffres de participation entre préfecture et organisateurs. D’ailleurs, le pouvoir se fout bien de ce genre d’action parfaitement inoffensive : si l’on ne peut pas descendre dans la rue, autant ne rien faire plutôt que de proposer cet ersatz de mobilisation. Heureusement, un certain honneur a été sauvé dans les rues de Grenoble le 1er mai dernier, à l’appel notamment du syndicat CNT qui a invité à tenter quand même de se retrouver dans la vraie vie : « Notre colère n’est pas virtuelle, nous sortirons le 1er mai. (…) Nous serons avec nos pancartes, nos slogans, nos gilets jaunes ou rouges ou noirs, nos masques, nos distances de sécurité, nos rages et nos espoirs, pour échapper à un présent devenu invivable et affirmer notre force collective. » Résultat : une soixantaine de manifestants place Saint-Bruno pendant vingt minutes avant que la police ne disperse , une trentaine à l’Abbaye qui sont parvenus à défiler une demi-heure, quelques dizaines rassemblés à Fontaine et au pont Saint-Laurent à Grenoble. À cet endroit, deux personnes ont subi une garde-à-vue, quatre autres ont été emmenées au poste dont un enfant de onze ans et au moins une quinzaine de personnes ont écopé d’une contravention de 135 euros. Une manif très cher payée mais qui a au moins marqué dans la vie réelle une contestation des affres de l’état d’urgence sanitaire et de l’interdiction de manifester.