Panique ton maire
Attention ! Si vous parlez à votre maire, faites-le surtout de manière révérencieuse, sans jamais hausser le ton. Un mot de travers et vous pouvez vite vous retrouver avec trois mois de sursis de prison et 1 000 euros d’amende. Telle est en tous cas la morale du procès qu’a subi un jeune homme ayant interpellé le maire de Voiron. Dans Le Postillon n°54, on racontait son intervention lors de l’inauguration du local de campagne de Julien Polat afin de « réclamer justice » à propos d’une « agression raciste » contre de jeunes Maghrébins survenue l’année passée devant la mairie. Dans Le Postillon n°55, on annonçait qu’il avait eu droit à 24 heures de garde-à-vue et qu’il était convoqué au tribunal pour des « menaces de mort ». Le 24 septembre dernier, il écopait de trois mois de prison avec sursis – il a depuis fait appel. C’est en tous cas cher payé pour une simple contestation politique : le journaliste du Postillon présent sur place témoigne que si le jeune homme a été un peu véhément, il n’a jamais été agressif. Cette petite altercation n’a rien à voir avec les « agressions de maires » dont les médias ont beaucoup parlé cet été : ici, il n’y a eu que quelques paroles échangées et le maire, entouré de 200 partisans, n’a jamais été approché. D’ailleurs, suite à ces soi-disant « menaces de mort », le directeur de cabinet du maire était venu discuter de manière très courtoise avec le jeune homme en question et ses amis. Mais le juge a condamné le jeune homme en se basant sur un seul témoignage, celui d’un ami d’enfance du prévenu, travaillant aujourd’hui pour la mairie et prétendant juste avoir observé une « attitude agressive et violente du suspect ». Ce qui suffit au Daubé (25/09/2020) pour interroger gravement « Les maires sont-ils devenus le punching-ball de la population ? » A quand un nouveau délit de mairophobie ?