Accueil > Fevrier-Mars 2020 / N°54
Les très chers bus électriques
Qu’il est vert, mon bus ! Il y a quelques dizaines d’années, les transports en commun de l’agglomération étaient surtout des trolleybus. Ce type de véhicule, toujours en circulation dans certaines villes de France, bénéficie d’une motorisation électrique alimentée par ligne aérienne donc pas sur batteries, un mix entre un bus et un tramway. C’est assez fiable et pérenne mais pas assez innovant, donc ce n’est plus d’actualité dans la cuvette. Car l’innovation aujourd’hui ce sont les véhicules à batteries. Donc la Semitag (Société d’économie mixte des transports de l’agglomération grenobloise) vient d’acheter à Alstom sept bus électriques – une avancée so #CapitaleVerte2022. Euh en fait pas tant que ça : selon un ex-salarié de la Semitag, vu que ces véhicules ont une autonomie théorique de six heures, sans clim’, sans chauffage, c’est sûrement moins en réalité : il faudra donc au moins deux bus au lieu d’un pour assurer un seul service. Ça risque de coûter bonbon car ces joujous-là sont vendus autour de 700 000 euros pièce (à comparer avec les 220 000 euros d’un bus diesel ou les 450 000 euros d’un bus hybride). Tout ça sans compter l’obsolescence rapide des batteries (que la Semitag annonce vouloir louer) qui doivent être changées au minimum tous les quatre ou cinq ans. Mais ces questionnements sont absents des communiqués de presse car l’important c’est que ces engins n’émettront pas de CO2 dans la cuvette, car ils ont le bon goût de polluer loin de nos pénates – dans les contrées où l’on extrait les métaux rares nécessaires aux batteries et qui accueillent généralement aussi les déchets polluants de ces composants. Et puis au moins, les nouveaux bus électriques pourront faire de belles images pour les cartes postales et documents de propagande : d’ailleurs la première ligne bénéficiaire de ces joujous sera celle du CEA (Commissariat à l’énergie atomique).