Éric Piolle aurait-il la mémoire défaillante ? Fin mai, « une enquête préliminaire a été ouverte pour favoritisme dans l’attribution des marchés publics afférents aux deux éditions de la Fête des tuiles, en 2015 et 2016. En question, l’octroi de prestations à deux associations sans mise en concurrence. Et notamment à l’association Fusées dont le co-directeur fut l’un des signataires de l’appel à voter Éric Piolle en 2014. » (Place Gre’net, 30/05/3018). Le maire de Grenoble a réfuté toute irrégularité et assuré qu’il ne « connaît pas bien » les fondateurs de Fusées, Pascal Auclair et Marielle Imbert (Place Gre’net, 31/05/2018). Faut-il qu’on lui rappelle quelques souvenirs ? Parce que Pascal Auclair a quand même été un acteur très actif pendant sa campagne de 2014. Le 2 et 3 avril 2014, les locaux de Fusées, rue Abbé-Grégoire, ont accueilli les trois dernières réunions du bureau et du comité de campagne de la liste « Grenoble, une ville pour tous ». La plupart des nouveaux élus et le futur maire ont participé à ces réunions. Le 3 avril, Pascal Auclair était présent dans ses locaux et ouvrait de temps en temps la porte aux nouveaux arrivants. Pascal Auclair n’a pas été seulement prêteur de salle de fin de campagne, il a également été l’organisateur des Soupes musicales solidaires, les « discosoupes », mises en place par la liste Piolle pour faire sa promotion sur les marchés de Grenoble à la Villeneuve (1er mars), à St-Bruno (9 mars) et à l’Abbaye (16 mars). Dans un mail du 3 mars envoyé aux membres du comité d’actions de campagne, il est chaleureusement félicité pour la première Discosoupe par Lucille Lheureux, l’actuelle adjointe aux espaces publics. On le voit aussi lors de ces événements sur des photos sur Twitter, pas très loin d’Éric Piolle à Saint-Bruno ou être le serveur de soupe à la Villeneuve, toujours à quelques mètres du futur maire. Le 25 mars, il adressait un mail à partir de son compte personnel à tous les militants de la mailing list de campagne à venir nombreux « déambuler avec Éric [Piolle] dans les rues du centre-ville » après avoir pris un « Café des Beaux Jours » place aux Herbes. Déambulation qui avait pour but de permettre à différents médias nationaux présents (Arrêts sur images et Le Monde) de « faire quelques plans à diffuser » pour « relayer notre campagne audacieuse ». Oui, vous avez bien lu, il parlait de « notre » campagne.
Faut le comprendre aussi, le maire de Grenoble. Avec tous les gens qu’il voit, il ne peut pas se souvenir de tout le monde, même de ceux qui l’ont aidé. Et c’est quand même sacrément pas de chance s’il a refilé quelques mois plus tard à l’association du même Auclair une prestation à 128 000 euros, sans mise en concurrence. Une sacrée tuile (1).
(1) Nous profitons de cette occasion pour affirmer que Le Postillon n’est pas contre la Fête des tuiles. Depuis qu’on a un peu écrit dessus en 2015 (voir Le Postillon n°30), plein de gens nous prennent pour de fervents opposants à cet événement. Si on se moquait de la prétention de la mairie à vouloir « célébrer l’esprit révolutionnaire » à travers cette gentille kermesse, on a pas grand chose de plus à dire dessus, si ce n’est justement que c’est une gentille kermesse - dans laquelle, il est vrai, la mairie dépense pas mal d’argent alors qu’elle dit être à sec par ailleurs. Nous, en tout cas, on aime bien les kermesses, on s’y est même bourré la gueule amusé lors des éditions 2016, 2017 et 2018, et il y a tellement de choses plus importantes auxquelles s’opposer.
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