Accueil > Février 2014 / N°24

Le blog augmenté sur papier de Geneviève F.

4 décembre : C’est la gloire ! Aujourd’hui j’ai eu une médaille ! Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale et membre du même parti « socialiste » que moi, vient de me remettre en toute objectivité le « prix de la Performance publique de l’année ». Bon, c’est vrai que ce prix est en fait décerné par un petit magazine austère, Acteurs publics, et que ma performance est simplement d’avoir créé un site internet. J’ai en effet été honorée pour le lancement d’une « plateforme nationale de cours en ligne », qui va à terme nous permettre de réduire drastiquement le nombre de professeurs payés à rien foutre. Une telle « performance publique » se devait d’être récompensée.

8 décembre : Pourquoi faire semblant d’être en désaccord avec les patrons ? Moi j’assume notre convergence et le montre dans une « interview croisée avec Pierre Gattaz », le patron du Medef, parue dans Les échos. J’y déclare notamment, qu’avec le PDG de Radiall « on a le même intérêt ». Pierrot me renvoie bien la balle et n’arrête pas de me flatter à coups de « l’initiative me paraît tout à fait intéressante », « je salue cette initiative », ou de « ce que vous dites va dans le bon sens ». Quand j’étais à Grenoble, je n’ai jamais caché ma proximité avec les chefs d’entreprise. J’ai d’ailleurs toujours été agréablement surprise par le peu de réactions que mes déclarations d’amour au patronat ont suscitées. Si quelques gauchistes excités ont évidemment beuglé, les communistes, par exemple, n’ont jamais rien dit et ont toujours été très dociles. Dernier exemple en date : alors que je préside le comité de soutien à Jérôme Safar, le candidat socialiste à Grenoble, les communistes nous ont rejoints dès le premier tour sans faire de chichi. Tout ça grâce à la lutte des places !

9 décembre : Et un comité Théodule de plus, un ! J’annonce la création du « comité sup’emploi », une « instance de réflexion et de dialogue », présidée par... deux patrons. Ceux-là, je ne les ai pas choisis au hasard : il y a mon ami Henri Lachmann, que j’ai souvent rencontré à Grenoble car il est président du conseil de surveillance de Schneider Electrics, entreprise très implantée dans la cuvette. Ce jeune homme de 75 ans est aussi « docteur honoris causa » de la formidable Grenoble École de Management, c’est vous dire s’il est intelligent. Et puis il y a aussi Françoise Gri, directrice générale du groupe Pierre et Vacances - Center Parcs. Cette dynamique entreprise a pour projet de construire, à quarante kilomètres de Grenoble, un superbe centre de vacances à la place d’une forêt désespérément non rentable. Vivement qu’ils se soient débarrassés des derniers opposants à ce Grand Projet utile pour que je puisse aller m’y ressourcer.

12 décembre : Je me tire au Brésil. Après j’irai faire un petit tour en Guyane et la semaine prochaine en Algérie. C’est vrai que je passe beaucoup de temps en avion depuis que je suis ministre : outre les nombreux déplacements en France et en Europe, cette année je suis allée en Russie, en Inde, au Japon (deux fois), au Maroc (deux fois itou) et en Corée du sud (toujours deux fois). C’est ça la mondialisation que j’adore tant : on fait du commerce avec la planète entière alors il faut se déplacer partout et tout le temps. Certains nous traitent de « gauche caviar », mais franchement, je n’en mange pas souvent. « Gauche kérosène » serait beaucoup plus pertinent.

19 décembre : Vous reprendrez bien un petit comité ? Aujourd’hui, je lance le « conseil stratégique de la recherche », pour « définir les grandes orientations de l’agenda stratégique de la recherche, du transfert et de l’innovation ». Devinez qui c’est qu’il y a dedans ? Eh oui, mon grand ami Jean Therme, le patron du CEA-Grenoble. Après avoir transformé Grenoble en suivant ses idées de génie, je vais maintenant bouleverser la recherche nationale grâce à son cerveau transhumain !

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