L’ultra-libéralisme rentre dans les cordes des Musiciens du Louvre
C’est officiel depuis fin août : Pascal Lamy est le nouveau président des Musiciens du Louvre, l’ensemble grenoblois de musique baroque et classique dirigé par Son Excellence Marc Minkowski.
L’occasion de rappeler le curriculum vitae de ce socialo-ultra-libéraliste, très symbolique de l’évolution d’une certaine gauche. L’ami Lamy, formé dans le sérail technocrate (Sciences-Po Paris, HEC Paris, ENA ), membre du Parti Socialiste depuis 1969, commença à faire parler de lui en tant que directeur-adjoint du cabinet de Pierre Mauroy, premier ministre en 1983. C’est lui qui négocia le fameux « tournant de la rigueur », veillant à la bonne tenue du ralliement des socialistes aux thèses libérales. Après avoir traîné son réalisme à la Commission Européenne, il devient en 1994 directeur général du Crédit Lyonnais pour préparer sa privatisation et les licenciements massifs l’accompagnant. Il gardera de ces quelques années les doux surnoms, donnés par les syndicalistes, de « para », « brute » ou « excocet ». Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, ce « moine-soldat » (autre surnom donné par son mentor Jacques Delors) sévit également en tant que président de la commission « prospective » du CNPF, l’ancêtre du MEDEF, conseiller de la branche européenne de la Rand Corporation, (le principal think tank du complexe militaro-industriel américain), et VRP des OGM au sein de la Commission Européenne. Couronnement de cette carrière 100% socialiste !, il est élu, avec l’appui de Jean-Pierre Raffarin et Jacques Chirac, directeur de l’Organisation Mondiale du Commerce en 2005. Saupoudrant le tout d’un brin de cynisme, Lamy se permet de conseiller à la gauche mondiale de « critiquer plus le capitalisme » (Le Monde, 26-08-09). Il faut dire que le garçon en connaît un rayon en la matière, lui qui au même moment, en pleine « crise mondiale », bataillait pour se faire augmenter de 32% son salaire, s’élevant à 316 000 euros par ans, l’équivalent de 25 SMIC.
Pourquoi a-t-il atterri à la présidence des Musiciens du Louvre ? « C’est Michel Destot, un vieil ami, qui me l’a proposé ! » (Le Daubé, 29/08/09) Après Strauss-Kahn, Pascal Lamy : où l’on voit que le député-maire de Grenoble fricote avec les grands de ce monde, artisans de l’enterrement des politiques de « gauche » sous les dogmes du « réalisme économique ». De quoi éclairer la politique menée dans l’agglomération...
Pascal Lamy était d’ailleurs, le 19 septembre, l’invité d’une des tables rondes des « rencontres d’Inventer à Gauche », (le think thank de Destot pour rénover le PS) afin de répondre à la question « quel nouveau modèle de croissance au XXIe siècle ? » En invitant des personnalités comme celle-ci, la gauche n’a pas fini de s’autodétruire.