Au soir du deuxième tour des municipales, des centaines de supporters de Piolle se sont retrouvés pour suivre les résultats sur écran géant. Le maire de Grenoble a fait un long discours, que du très classique, nous sommes des pionniers depuis toujours dans tous les domaines, blablabla, amplifier les transitions, blablabla, un temps d’avance, blablabla, ici c’est Grenoble, blablabla, Grenoble est une promesse, blabla, notre victoire à tous, qui s’est faite contre personne, blablabla, front anti-climat, blablabla maire de toutes les Grenobloises et tous les Grenoblois blablabla c’est un jour extraordinaire aujourd’hui.
Pas une seule fois, pendant les 24 minutes de son discours, le maire de Grenoble n’a parlé de l’abstention, pourtant grande gagnante de ces élections. Si Piolle a récolté 53,14 % des voix exprimées, contre 40 % en 2014, moins d’électeurs ont en fait voté pour lui, 16 169 contre 19 677 en 2014, la faute aux 65 % d’abstention. C’est à dire que Piolle n’a recueilli que 19 % des suffrages grenoblois, et encore sans compter les non-inscrits très nombreux à Grenoble, vu que la ville compte 158 000 habitants, au moins 120 000 personnes en âge de voter et seulement 85 000 inscrits sur les listes électorales.
Piolle a trouvé le moyen de ne pas dire un mot sur les 70 % des Grenoblois en âge de voter qui ne sont pas allés aux urnes, préférant s’extasier sur ce « jour extraordinaire ».
Bien entendu, l’abstention n’est pas née avec Piolle, mais quand même quand on est élu dans ces conditions, et quand on représente avant tout une classe sociale favorisée, le minimum c’est de faire profil bas, de ne pas trop la ramener à grand coup de « pionniers » et de « on est les champions ».
La vague verte est une vaguelette, surnageant seulement dans l’océan des magouilles politiciennes.
La vague de fond, c’est la fin du mythe démocratique, et le fait que les élus ne représentent plus qu’une minorité d’électeurs, souvent plus ou moins de la même caste, surdiplomée et sans problème de fin de mois.