Jetons les puces et les antennes à la poubelle (grise)
L’écologie technicienne continue à faire des ravages. Comme on l’avait raconté dans le numéro 43, la Métropole grenobloise va pucer toutes les poubelles afin de mettre en place la « redevance incitative » : moins on jette dans les poubelles grises, moins on est censé payer. Le site « quotidien de l’écologie » Reporterre (05/09/2019) consacre un article élogieux à cette « innovation » présentée comme « plus juste socialement et plus efficace écologiquement ». Pour l’écologie, on repassera : la Métropole est en train d’équiper « 150 à 180 000 bacs » de puces RFID et « 80 camions poubelles » de lecteurs et d’antennes. Pour la justice sociale aussi : si ce dispositif flatte le portefeuille et l’égo des « bons » écocitoyens (1), aux revenus souvent élevés, il ouvre la porte aux situations kafkaïennes, notamment pour les pauvres. Quid des gens qui font de la récup’ de nourriture et en rejettent une bonne partie ? De l’ambiance entre voisins qui doivent partager un même bac et donc une même facture ? Des soupçons sur les poubelles pas assez remplies ? Des contrôles de la future « police de l’environnement » ? Que les élus grenoblois, biberonnés aux fausses solutions high-tech, tombent dans le panneau, cela ne nous étonne guère. Mais que Reporterre se fasse aussi berner, ça nous attriste quand même un peu. Un autre média écolo, Positivr, spécialisé depuis 2014 dans l’investigation de bonnes nouvelles inspirantes qui font du bien, a également réalisé un copier-coller enthousiaste du communiqué de presse de la Métropole. Pendant ce temps-là, les industriels continuent à pondre des produits jetables, puis à s’enrichir de la « valorisation » des déchets. Mais au lieu de s’attaquer à ce business des déchets, des élus « écolos » préfèrent faire culpabiliser et raquer les pauvres en mettant des puces partout.
(1) Un gain pour le portefeuille à relativiser car selon Georges Oudjaoudi, vice-président de la Métropole aux pouvelles : « en 2015, les habitants de la Métropole payaient 103 euros par an et par habitant en moyenne. En 2030, ils paieront entre 95 et 135 euros par an et par habitant, selon la quantité de déchets jetés. » Ce n’est donc pas tant les « bons » écocitoyens qui économiseront, que les « mauvais » qui paieront plus.