Accueil > Été 2013 / N°21

Fermeture d’Arthaud : Destot pompier pyromane

La fermeture brutale de l’ « historique » librairie Arthaud en plein centre-ville de Grenoble par le groupe Chapitre-Actissia a provoqué l’indignation générale et une énorme vague de soutiens. Parmi eux, Michel Destot, le maire de Grenoble, n’a pas manqué de ramener ses implants capillaires à chaque action de soutien médiatique et est même allé jusqu’à se trémousser maladroitement lors d’un « Harlem Shake » devant le magasin. On ne peut que s’étonner du soutien du dépité-maire à un des ces lieux passéistes que sont les librairies. Lui qui soutient toutes les innovations technologiques sortant des labos grenoblois, qui milite à longueur de communiqués pour la « ville numérique » et pour les « bibliothèques numériques », devrait logiquement souhaiter la disparition des livres papiers et des lieux qui les vendent.
Apparemment il y a de multiples raisons à la fermeture du magasin grenoblois et de onze autres librairies sur les cinquante-sept que possède le groupe en France. Certains salariés rencontrés évoquent les calculs stratégiques obscurs de la part d’un groupe côté en Bourse ou la présence de nombreux syndicalistes dans cette antenne grenobloise. Mais il est certain également que la vente sur Internet et la dématérialisation des livres ne sont pas étrangers à cette décision. « Impossible de rivaliser avec le e-commerce : ‘‘Le projet d’Actissia n’est rien d’autre qu’une coquille vide, leurs objectifs ce sont des bornes de téléchargements, des corners France Loisirs et quelques livres papier, du genre Musso, Levy dans les magasins restants’’ poursuit la déléguée syndicale » (www.actualitté.com, 12/04/2013). Si Destot était réellement sincère dans son soutien, il militerait donc contre le développement de la vie numérique, contre les Ipads, les liseuses et le commerce sur Internet. Mais ce n’est qu’un opportuniste qui se soucie juste de flatter tous ses électeurs potentiels fréquentant Arthaud, et qui ne serait pas prêt à esquisser le moindre pas de danse pour protester contre la fermeture d’une petite librairie de quartier.