Faits divers et différents
Le « lynchage d’un jeune cartographe » début avril a fait l’objet dans le Daubé de 4 unes consécutives, d’une manchette et d’une dizaine d’articles. Total : 20 524 caractères, sans compter l’ample médiatisation nationale. Les médias calquent, sans scrupule, l’agenda des politiques : Brice Hortefeux se déplace à Grenoble pour promouvoir la vidéosurveillance, le préfet donne deux conférences de presse et les élus locaux s’expriment à tue-tête. Le Daubé va même jusqu’à pointer du doigt la « quinzaine de jeunes venue des quartiers sud de agglomération » suspectés de ce lynchage (Daubé 12/04/2010), qui s’avèreront en réalité être des habitants du centre ville.
Un mois plus tard, c’est « l’assassinat de la rue Chorier » - où un sexagénaire d’origine maghrébine est tué d’une balle dans la tête. Ce fait divers-là a bénéficié de moins de faveur du Daubé : seulement une Une, deux manchettes, 5 articles pour un total de 9802 caractères. Soit deux fois moins que pour le « lynchage » de Martin.
Il ne s’agit pas ici réclamer un traitement de 20 000 caractères pour tous les faits divers, ni d’accuser Le Daubé de racisme pour avoir consacré deux fois plus de place à l’agression d’un « Martin » qu’au meurtre d’un « Hassen ». Constatons simplement que les fait-divers, selon leur potentiel de récupération par le pouvoir, sont diversement traités.